En lâespace de vingt-quatre heures, la ville de Nice a Ă©tĂ© le théùtre de deux incidents antisĂ©mites inquiĂ©tants. Vendredi 5 septembre, un rabbin a Ă©tĂ© insultĂ© et menacĂ© en pleine rue par un touriste suisse, rapidement interpellĂ© par la police. La veille, trois militants propalestiniens avaient tentĂ© de pĂ©nĂ©trer de force dans une synagogue en plein office, avant dâĂȘtre arrĂȘtĂ©s. Ces Ă©vĂ©nements confirment la montĂ©e en flĂšche de lâantisĂ©mitisme en France, et ravivent les appels Ă une riposte ferme de lâĂtat.
Un rabbin insulté et menacé en pleine rue
Vendredi aprĂšs-midi, rue de France Ă Nice, un rabbin a Ă©tĂ© pris Ă partie par un touriste suisse. Selon les tĂ©moins, lâhomme lâa insultĂ© et menacĂ©, profĂ©rant des propos antisĂ©mites explicites. La rĂ©action des forces de lâordre a Ă©tĂ© rapide : moins dâun quart dâheure plus tard, le suspect Ă©tait interpellĂ© dans le tramway, aprĂšs une brĂšve tentative de fuite.
Le prĂ©fet des Alpes-Maritimes a confirmĂ© lâarrestation dans un communiquĂ© diffusĂ© sur X (ex-Twitter) : « AlertĂ©s, les policiers nationaux sont immĂ©diatement intervenus et ont procĂ©dĂ© Ă son interpellation. Il a Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă vue. Aucune tolĂ©rance ne sera accordĂ©e dans notre dĂ©partement Ă tout auteur dâactes ou de propos, racistes ou antisĂ©mites. »
Lâaffaire prend un relief particulier dans un climat national oĂč les agressions antijuives se multiplient. Elle illustre la vulnĂ©rabilitĂ© persistante des rabbins et des figures communautaires, souvent pris pour cibles parce quâidentifiables dans lâespace public.
La synagogue Beth Hadad ciblée par trois militants propalestiniens
La veille, jeudi soir, un autre Ă©pisode avait dĂ©jĂ secouĂ© la communautĂ© juive de Nice. Trois militants propalestiniens ont tentĂ© de pĂ©nĂ©trer dans la synagogue Beth Hadad, situĂ©e rue Rossini, alors quâune rĂ©union consacrĂ©e Ă lâAlya â lâimmigration en IsraĂ«l â Ă©tait en cours.
Lâintrusion, qui aurait pu tourner au drame, a Ă©tĂ© rapidement maĂźtrisĂ©e par les forces de sĂ©curitĂ©, prĂ©sentes aux abords du bĂątiment. Les trois suspects ont Ă©tĂ© interpellĂ©s et placĂ©s en garde Ă vue. Cet incident a suscitĂ© une profonde inquiĂ©tude parmi les fidĂšles, rappelant que les lieux de culte juifs en France restent des cibles privilĂ©giĂ©es pour les militants extrĂ©mistes.
Christian Estrosi hausse le ton
Face Ă ces deux affaires successives, le maire de Nice, Christian Estrosi, a Ă©levĂ© la voix. « Face Ă lâexplosion des actes et comportements antisĂ©mites, jâexige des mesures immĂ©diates, fermes et exemplaires de la part de lâĂtat. La RĂ©publique doit protĂ©ger nos concitoyens juifs, sans faiblesse », a-t-il dĂ©clarĂ©.
Estrosi a Ă©galement adressĂ© un message personnel au rabbin agressĂ© pour lui exprimer sa solidaritĂ© et « lui dire ma dĂ©termination Ă combattre avec toute mon Ă©nergie, lâantisĂ©mitisme ». Le maire de Nice, habituĂ© Ă se positionner comme un dĂ©fenseur actif de la sĂ©curitĂ©, veut faire de cet Ă©pisode un Ă©lectrochoc national.
Une vague antisémite nationale
Ces incidents ne sont pas isolĂ©s. Depuis le massacre du 7 octobre en IsraĂ«l, lâantisĂ©mitisme a explosĂ© en France. Selon les chiffres du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, plus de 646 actes antisĂ©mites ont Ă©tĂ© recensĂ©s pour le seul premier semestre 2025, un record historiqueăsource : AntisĂ©mitisme â WikipĂ©diaă.
Menaces, insultes, agressions physiques, mais aussi dégradations de synagogues et profanations de cimetiÚres : le spectre de la haine touche toutes les dimensions de la vie juive française. à Paris comme à Lyon, à Marseille comme à Toulouse, la vigilance est maximale autour des écoles et des lieux de culte.
La responsabilité des mouvements propalestiniens radicaux
Les autoritĂ©s dĂ©noncent de plus en plus le rĂŽle de certains collectifs propalestiniens radicaux. DerriĂšre le prĂ©texte de la « solidaritĂ© » avec Gaza, ces groupes diffusent une propagande qui dĂ©rape rĂ©guliĂšrement vers la haine des Juifs. Les slogans entendus lors des manifestations â « IsraĂ«l assassin », « Du fleuve Ă la mer » â alimentent un climat oĂč lâagression dâun rabbin ou la tentative dâintrusion dans une synagogue deviennent des passages Ă lâacte « lĂ©gitimĂ©s » dans lâesprit de certains.
« Câest une importation directe du conflit israĂ©lo-palestinien dans nos rues », analyse un responsable de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure. « Mais il ne faut pas sây tromper : derriĂšre la façade politique, câest bien lâantisĂ©mitisme le moteur. »
La peur au quotidien pour les Juifs de France
Pour la communautĂ© juive de Nice, comme pour lâensemble des Juifs de France, la rĂ©pĂ©tition de ces incidents nourrit un climat dâangoisse. « Nous avons peur pour nos enfants, peur dâaller Ă la synagogue, peur mĂȘme de porter une kippa dans la rue », tĂ©moigne un fidĂšle du centre Beth Hadad.
De nombreux parents hĂ©sitent Ă inscrire leurs enfants dans des Ă©coles juives, jugĂ©es trop exposĂ©es. Dâautres envisagent sĂ©rieusement lâAlya, comme le montrent les chiffres en hausse de lâAgence juive. IsraĂ«l reste perçu comme le seul refuge sĂ»r, mĂȘme au prix dâun exil forcĂ©.
Une question politique et nationale
Lâaffaire de Nice intervient Ă un moment oĂč le gouvernement est pressĂ© de montrer sa fermetĂ©. Emmanuel Macron avait promis en janvier 2025 un plan national de lutte contre lâantisĂ©mitisme. Mais pour beaucoup, ces annonces restent insuffisantes. « Ce ne sont pas des discours quâil faut, ce sont des actes », martĂšle un responsable communautaire.
Dans ce contexte, la pression exercĂ©e par Estrosi pourrait peser sur le gouvernement. LâĂ©lu niçois, connu pour ses positions sĂ©curitaires, pousse Ă une rĂ©ponse exemplaire qui pourrait inclure des peines aggravĂ©es, une surveillance renforcĂ©e des mouvements extrĂ©mistes et un encadrement plus strict des manifestations.
Conclusion : lâantisĂ©mitisme, un dĂ©fi existentiel pour la RĂ©publique
Les deux incidents de Nice ne sont pas seulement des faits divers : ils tĂ©moignent dâune menace structurelle. LâantisĂ©mitisme en France nâest plus marginal, il est devenu un dĂ©fi central pour la RĂ©publique. En agressant un rabbin, en tentant de pĂ©nĂ©trer dans une synagogue, les auteurs de ces actes sâattaquent Ă la libertĂ© de culte, au vivre-ensemble et Ă la sĂ©curitĂ© nationale.
Pour IsraĂ«l, ces Ă©vĂ©nements confirment une rĂ©alitĂ© douloureuse : les Juifs dâEurope restent des cibles vulnĂ©rables. Pour la France, ils posent une question existentielle : sera-t-elle capable de protĂ©ger ses citoyens juifs et dâimposer une ligne rouge face Ă la haine ? Comme le rappelle Christian Estrosi, « la RĂ©publique doit protĂ©ger nos concitoyens juifs, sans faiblesse ». Câest dĂ©sormais une urgence.
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