La confirmation est tombée cette nuit, glaçante et apaisante à la fois : Tsahal et le bureau du Premier ministre ont annoncé que l’otage assassiné Dror Or, enlevé à Be’eri le 7 octobre 2023, a été formellement identifié après le transfert de sa dépouille vers l’Institut médico-légal. C’est la fin d’un cauchemar de plus de deux ans pour une famille brisée : Dror et son épouse Yonat ont été massacrés chez eux, tandis que leurs deux enfants, Alma et Noam, étaient emmenés en captivité à Gaza avant d’être libérés lors de la deuxième vague d’échanges, le 25 novembre 2023.
L’histoire de Dror Or, chef fromager à la laiterie artisanale de Be’eri, incarne l’une des tragédies les plus intolérables du 7 octobre. Pendant que le kibboutz brûlait, la famille s’était réfugiée dans le mamad. Dror et Yonat avaient alors pris une décision héroïque : faire sortir leurs enfants par la fenêtre pour tenter de leur sauver la vie. Ce geste a réussi — mais il a coûté la leur. Selon les conclusions officielles, son corps avait été enlevé par le Jihad islamique et détenu depuis deux ans dans Gaza, dans des conditions que l’État islamiste n’a jamais révélées.
Dans un communiqué, le kibboutz Be’eri a publié une phrase simple mais bouleversante : « Nous vous entourons dans cette fermeture de cercle douloureuse, arrivée après une attente si longue et insupportable. » Ce “cercle” symbolique, c’est celui que des centaines de familles israéliennes attendent encore de pouvoir fermer, alors que deux autres dépouilles — celles de Ran Guali et Suthisak Rintalak — restent retenues dans la bande de Gaza.
Les éléments fournis par Tsahal confirment que Dror Or avait été assassiné le jour même du massacre, avant que son corps ne soit exfiltré à Gaza. L’armée précise : « Selon les renseignements en notre possession, Or a été enlevé mort de son domicile, assassiné par des terroristes du Jihad islamique. Le 2 mai 2024, la mort a été officiellement déclarée. »
Une réalité glaçante, mais qui souligne une fois de plus l’importance stratégique de la récupération des corps : pour rendre justice, rendre dignité, et rendre la paix aux familles.
Sa fille Alma, survivante du rapt, avait bouleversé Israël en témoignant lors d’un rassemblement place des Otages : « Je suis revenue du Hamas pour apprendre que ma mère avait été assassinée et que mon père était porté disparu. J’ai espéré qu’il vivait encore. Le 208ᵉ jour de la guerre, on m’a annoncé qu’il avait été tué. Une enfant ne devrait pas supplier pour qu’on lui rende le corps de son père. »
Dans un contexte sécuritaire où le Hamas et le Jihad islamique continuent d’exhiber les dépouilles israéliennes comme monnaie d’échange macabre, cette restitution souligne encore une fois la nécessité absolue pour Israël de maintenir la pression militaire sur Gaza. Le retour du corps de Dror Or n’est pas seulement une victoire humanitaire : c’est un rappel brutal que la guerre du 7 octobre ne s’est jamais arrêtée, et que l’exigence de ramener tous les otages — vivants ou morts — reste au cœur du consensus national.
La tragédie de Be’eri, largement documentée par N12, Ynet et les rapports du New York Times, demeure un point de fracture dans l’histoire moderne d’Israël : un massacre planifié, exécuté avec barbarie, et dont les survivants portent encore les cicatrices. Le retour du corps de Dror Or permettra enfin de l’inhumer auprès de Yonat, refermant une plaie, mais certainement pas l’histoire.
À l’heure où Israël reconstruit et où la société civile se bat pour survivre à ce choc national, le message d’Alma résonne comme un enseignement : « Pour que je puisse redevenir une enfant, il faut que les morts reviennent, que les vivants reviennent. Maintenant. Pas demain. » C’est peut-être la phrase la plus juste, la plus terrible, et la plus israélienne que l’on puisse écrire aujourd’hui.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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