Une réunion sans précédent se tiendra la semaine prochaine à Charm el-Cheikh, en Égypte : le président américain Donald Trump, son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, et Emmanuel Macron seront rejoints par douze autres dirigeants arabes, asiatiques et européens pour une conférence dite “historique” consacrée à la reconstruction de Gaza et à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan Trump pour la paix au Moyen-Orient.
Selon N12 et les agences AFP et Al-Arabiya, cette “surprise diplomatique” a été annoncée vendredi soir sans préparation officielle préalable — un sommet d’urgence convoqué pour consolider la trêve, obtenir des engagements financiers pour la reconstruction et définir le rôle futur du Hamas dans un Gaza post-conflit.
Une coalition inédite autour de Trump et Sissi
Aux côtés des États-Unis et de l’Égypte, participeront notamment les représentants du Qatar, de la Jordanie, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Indonésie, du Pakistan, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie et de la France.
Une composition inhabituelle mêlant puissances arabes, acteurs européens et pays musulmans asiatiques — signe que Washington veut donner à cette rencontre une portée mondiale.
L’objectif principal : officialiser la légitimité internationale du nouvel accord de cessez-le-feu à Gaza via le Conseil de sécurité de l’ONU, tout en lançant un plan de reconstruction accélérée sous supervision internationale.
Le président égyptien al-Sissi a d’ailleurs déclaré : « Nous comptons organiser une conférence mondiale pour la reconstruction rapide de Gaza, afin de restaurer la vie dans la bande et d’empêcher tout vide de pouvoir. »
La présence de Macron : un signal européen
La participation d’Emmanuel Macron n’est pas anodine. Après plusieurs mois de tension entre Paris et Washington sur la question israélo-palestinienne, la France entend se repositionner comme partenaire de stabilité.
L’Élysée a confirmé que le président français défendra “le principe de deux États”, tout en soutenant “le droit légitime d’Israël à garantir sa sécurité face au terrorisme”.
Selon Le Monde, la diplomatie française cherche désormais à “participer à la reconstruction de Gaza sans cautionner le Hamas”. Une équation délicate, alors que la question du désarmement de l’organisation terroriste reste le point le plus explosif de la phase 2 du plan Trump.
Le plan Trump entre diplomatie et pression
Le président américain, qui s’est récemment félicité de la libération prochaine de tous les otages israéliens, veut maintenant transformer ce succès en victoire diplomatique globale.
La deuxième phase de sa feuille de route prévoit une démilitarisation totale de Gaza, un déploiement d’une force multinationale et une administration civile transitoire, probablement sous l’égide de l’Égypte et des Émirats.
Mais cette vision se heurte à un mur : le Hamas a déjà rejeté toute idée de désarmement, qualifiant cette clause d’“inacceptable et non négociable”, selon l’AFP.
Le mouvement exige aussi la libération de prisonniers emblématiques comme Marwan Barghouti et Ahmad Saadat, détenus pour terrorisme.
L’Égypte, pilier et arbitre
Pour Le Caire, ce sommet représente une consécration diplomatique. Après avoir joué un rôle clé dans la trêve et les échanges d’otages, l’Égypte entend devenir la plaque tournante du “nouvel ordre régional”.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Ati, a insisté lors d’un entretien téléphonique avec son homologue américain Marco Rubio sur la nécessité de “suivre et appliquer sur le terrain les deux phases de l’accord”.
Il a ajouté que “seule une solution politique durable, fondée sur la coexistence de deux États, apportera la sécurité et la stabilité que mérite le Moyen-Orient”.
Le Caire souhaite également la réouverture du passage de Rafah, fermé depuis les derniers affrontements, d’abord pour l’évacuation des blessés puis pour le retour progressif des civils à Gaza.
Une paix fragile sur fond de rivalités
Les coulisses de cette conférence s’annoncent tendues.
La Turquie et le Qatar — soutiens traditionnels du Hamas — participeront à la même table que l’Arabie saoudite et les Émirats, favorables à une normalisation totale avec Israël.
Ce rapprochement improbable souligne l’ambition américaine : créer un axe pragmatique réunissant ennemis d’hier autour d’un objectif commun — la stabilisation de Gaza et la marginalisation du Hamas.
Mais les analystes israéliens restent prudents.
Le journaliste Ehud Yaari, sur Channel 12, avertit : « Sans garantie de désarmement complet et sans mécanisme de sécurité sous contrôle israélien, la reconstruction ne fera que préparer la prochaine guerre. »
Une scène mondiale, un test pour Israël
Pour Jérusalem, la présence de Trump, de Macron et de Sissi à Charm el-Cheikh confirme que la question de Gaza est désormais mondiale.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a salué l’initiative, tout en rappelant que « toute reconstruction devra être conditionnée à la fin totale de la menace terroriste depuis Gaza ».
Derrière les sourires diplomatiques, le sommet égyptien pourrait donc devenir le moment de vérité : la fin d’un cycle de guerre, ou le prélude à une paix sous condition.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés