Par la rédaction – Juin 2025
Depuis des mois, les sirènes d’alerte résonnent dans les villes d’Israël. Les enfants grandissent avec le bruit des missiles, les descentes aux abris, les questions silencieuses dans leurs regards. Comment leur parler de la guerre sans les briser ? Voici ce que disent les psychologues israéliens spécialisés dans les traumas de guerre.
🎒 1. Ne pas mentir, mais adapter la vérité
« Les enfants sentent tout. Même ce qu’on ne dit pas », explique la psychologue Maya Ben-Ari, du centre de résilience de Sdérot.
La première règle est simple : ne pas cacher l’existence du danger. Mais il faut le formuler avec des mots rassurants :
- « Il y a des gens très méchants qui envoient des choses dangereuses. Mais nous, on a des soldats très courageux et un abri très fort. »
- On évite les mots comme mort, bombe ou tuer pour les plus jeunes.
🧸 2. Laisser l’enfant poser ses questions
Beaucoup d’enfants n’osent pas demander. Ils dessinent, ils jouent, mais ils gardent leurs peurs à l’intérieur.
Les thérapeutes recommandent :
- De lire des livres ensemble sur les émotions ou les guerres passées (adaptés à l’âge)
- De jouer à des jeux de rôle : l’enfant peut devenir le soldat, le sauveteur, le héros
- De demander sans insister : « Est-ce que quelque chose t’a fait peur aujourd’hui ? »
🏠 3. Recréer une bulle de sécurité
L’objectif n’est pas de leur faire croire que tout va bien, mais de leur montrer que même en guerre, il existe un cocon.
- Les rituels doivent être maintenus : histoire du soir, dessins, jeux en famille
- Les adultes doivent faire attention à leurs propres paroles : éviter de parler de morts ou de bombardements devant eux
- Un mot doux, une caresse, un regard calme peuvent faire plus que mille discours
📱 4. Filtrer les images et les écrans
« L’écran est souvent plus traumatique que la réalité », rappelle le Dr Rachel Yehuda.
Il faut éviter les chaînes d’info en continu, les vidéos sur Telegram, les images de victimes.
Si un enfant voit une scène choquante :
- En parler immédiatement avec lui
- Lui expliquer que c’est une image et non un danger qui le concerne
- Réorienter vers une activité sécurisante (dessin, chanson, histoire)
🧠 5. Nommer les émotions sans les dramatiser
Les enfants vivent la colère, la peur, l’injustice, parfois sans les comprendre.
Il est essentiel de leur dire :
- « C’est normal d’avoir peur. Moi aussi parfois, j’ai peur. »
- « On est ensemble, on est protégés. »
- « Tu as le droit de pleurer ou d’être en colère. »
Les émotions doivent être accueillies, pas censurées.
🎨 6. L’art, le dessin et la musique comme exutoires
De nombreuses écoles israéliennes organisent des ateliers de dessin post-trauma, où les enfants expriment leur vécu à travers des couleurs et des formes.
On y voit :
- Des abris peints en rose
- Des soldats géants
- Des missiles transformés en oiseaux
L’enfant transforme la peur en narration, ce qui lui permet de reprendre le contrôle de ce qu’il vit.
📞 7. Quand faut-il consulter un spécialiste ?
Il faut consulter un psychologue quand :
- L’enfant refuse de sortir de l’abri ou de dormir seul
- Il fait des cauchemars à répétition
- Il régresse (pipi au lit, mutisme, agressivité soudaine)
- Il évite tout ce qui rappelle la guerre
Israël met à disposition des familles :
- des centres de résilience municipaux,
- des numéros d’appel 24h/24,
- des groupes de parole parent-enfant.
🟦 Une génération forgée dans le feu… mais pas détruite
Les enfants d’Israël grandissent sous les missiles, oui.
Mais ils grandissent aussi avec une force que peu d’enfants dans le monde développent.
Ils apprennent très jeunes :
- à aimer leur pays,
- à faire confiance à leurs proches,
- à transformer la peur en courage.
Et c’est à nous, adultes, de leur offrir le cadre affectif, stable et vrai qui leur permettra de devenir des adultes debout malgré les sirènes.
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