Doha a tremblĂ© ce mardi aprĂšs-midi sous les explosions de lâaviation israĂ©lienne. Pour la premiĂšre fois, Tsahal a frappĂ© en plein cĆur de la capitale qatarie, ciblant la haute direction du Hamas. Selon plusieurs sources arabes et sĂ©curitaires, Khalil al-Hayya, lâun des dirigeants politiques les plus influents du mouvement, a Ă©tĂ© Ă©liminĂ©, aux cĂŽtĂ©s dâautres responsables, dont Zaher Jabarin, chef de lâappareil financier du Hamas.
Les premiĂšres rumeurs ont Ă©tĂ© rapportĂ©es dĂšs 15h54 par le journaliste Amit Segal : « Des explosions Ă Doha, la capitale du Qatar. » Quelques minutes plus tard, Ă 16h00, il rappelait les propos menaçants du chef dâĂ©tat-major la semaine prĂ©cĂ©dente : « La plupart du commandement du Hamas se trouve Ă lâĂ©tranger â nous irons les chercher aussi. »
Ă 16h11, une dĂ©claration conjointe du porte-parole de Tsahal et du Shin Bet confirmait officiellement la frappe : « LâarmĂ©e de lâair, en coordination avec les services de renseignement, a ciblĂ© de maniĂšre prĂ©cise la direction de lâorganisation terroriste Hamas. Les responsables visĂ©s ont conduit pendant des annĂ©es les activitĂ©s de lâorganisation et portent une responsabilitĂ© directe dans le massacre du 7 octobre et dans la guerre menĂ©e contre lâĂtat dâIsraĂ«l. Toutes les prĂ©cautions ont Ă©tĂ© prises pour limiter les dommages aux civils. »
LâopĂ©ration a Ă©tĂ© baptisĂ©e « Sommet de Feu » (Ś€ŚĄŚŚȘ ŚŚŚ©). Selon Segal, IsraĂ«l avait coordonnĂ© au prĂ©alable avec les Ătats-Unis. La prĂ©sence la semaine passĂ©e du commandant du CENTCOM Ă Tel-Aviv, puis le silence initial de Washington, renforcent lâidĂ©e dâun feu vert tacite amĂ©ricain.
Les images diffusées par Reuters et par les médias arabes montrent des panaches de fumée sur le quartier de Katara, les habitants courant dans la panique et les sirÚnes retentissant dans la capitale. Al-Jazeera a rapporté que la frappe a visé la délégation du Hamas en pleine réunion autour de la proposition américaine dite « plan Trump » concernant les otages.
à 16h16, un haut responsable israélien confirmait : « Nous avons frappé la direction du Hamas au Qatar, y compris al-Hayya et Jabarin. Les résultats sont en cours de vérification. » Il soulignait un consensus total de la direction politique et sécuritaire autour de cette opération.
La rĂ©action du Qatar ne sâest pas fait attendre : condamnation officielle, suspension immĂ©diate de son rĂŽle de mĂ©diateur dans les nĂ©gociations dâotages. Ă 17h20, les autoritĂ©s qataries annonçaient « geler jusquâĂ nouvel ordre » leurs efforts diplomatiques.
LâIran a lui aussi dĂ©noncĂ© « une violation de la souverainetĂ© qatarie », non sans amertume, ironisait Segal, « envieux que notre frappe ait rĂ©ussi, contrairement Ă la leur en juin ». Dans les mĂ©dias israĂ©liens, les premiers tĂ©moignages militaires parlent dâun « dĂ©roulement parfait ».
Le bureau du Premier ministre Netanyahou a insistĂ© Ă 17h07 : « LâopĂ©ration Ă Doha est une initiative israĂ©lienne, menĂ©e par IsraĂ«l et assumĂ©e pleinement par IsraĂ«l. » Un message clair destinĂ© Ă Ă©carter toute spĂ©culation sur une responsabilitĂ© amĂ©ricaine.
Au mĂȘme moment, un autre front sâest briĂšvement embrasĂ© : lâarmĂ©e de lâair a interceptĂ© un drone houthiste au-dessus dâEilat, confirmant que la riposte rĂ©gionale nâĂ©tait pas exclue.
La portĂ©e symbolique de lâattaque dĂ©passe la seule Ă©limination de dirigeants terroristes. « Le statut rĂ©gional du Qatar faisait aussi partie de la cible », notait Segal Ă 16h57. En frappant le sanctuaire qatari, IsraĂ«l expose le double jeu dâun Ătat qui abrite les leaders du Hamas tout en prĂ©tendant jouer les mĂ©diateurs.
Cette frappe dĂ©montre quâIsraĂ«l est dĂ©sormais prĂȘt Ă Ă©tendre sa guerre contre le Hamas bien au-delĂ de Gaza et du Liban. Comme lâaffirmait le chef dâĂ©tat-major : « Il nây a pas de refuge pour ceux qui ont commanditĂ© le 7 octobre. » Une stratĂ©gie risquĂ©e, susceptible de tendre les relations avec Washington et les capitales du Golfe, mais qui affirme la dĂ©termination israĂ©lienne Ă traquer la direction islamiste jusque dans ses bastions diplomatiques.
Doha a vu sâĂ©crire ce mardi une page inĂ©dite du conflit : la guerre contre le Hamas ne connaĂźt plus de frontiĂšres gĂ©ographiques. IsraĂ«l a choisi de porter le feu lĂ oĂč ses ennemis pensaient ĂȘtre intouchables.
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