Selon la Russie, les pourparlers avec l’Ukraine ont échoué, et la guerre semble inévitable. Entre temps, l’OTAN a commencé à transférer d’énormes forces en Ukraine et se prépare à la guerre. Les États-Unis ont commencé les préparatifs pour transporter du gaz et des armes vers l’Europe. Et Israël se prépare à rapatrier 75 000 juifs ukrainiens en danger.

Moscou peut compter sur la mobilisation de capacités militaires conséquentes afin de pénétrer en profondeur le territoire ukrainien. Cependant, il est peu probable que la Russie puisse envahir l’ensemble de l’Ukraine et, a fortiori, qu’elle puisse le tenir, car elle ferait face à une farouche résistance armée. Une offensive militaire limitée pourrait cependant venir de plusieurs directions.

Depuis huit ans, Kiev a renforcé ses capacités. Si l’Ukraine est toujours clairement dans un rapport asymétrique avec la Russie, les efforts du gouvernement ont accru sa capacité à combattre. Des sources militaires estiment néanmoins à une semaine la possibilité pour l’armée régulière de défendre le territoire, qui serait incapable de tenir plus longtemps sans l’aide des Occidentaux. Ceux-ci se sont engagés à soutenir l’Ukraine en cas d’attaque, mais cela se traduirait très probablement par un soutien matériel et non par une intervention militaire directe.

La population ukrainienne elle-même, profondément mobilisée en défense de la nation depuis la prise de la Crimée et la guerre dans le Donbass, a démontré une grande résilience. Un expert militaire à Kiev définit ce concept non comme de la passivité mais, au contraire, comme un comportement proactif. D’après un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev publié en décembre, 58 % des Ukrainiens et presque 13 % des Ukrainiennes se disent prêts à prendre les armes pour défendre le pays contre une invasion russe, et respectivement 17 % et 25 % de plus se déclarent prêts à résister d’autres manières. Du soutien matériel aux troupes à l’action directe, la société ukrainienne, traditionnellement autonome vis-à-vis de son propre gouvernement, est un sérieux atout pour mener une guerre de résistance.

Joe Biden a reconnu que la réaction et l’unité des Occidentaux dépendraient de ce que fera Moscou.
« Si c’est une incursion mineure », les membres de l’OTAN risquent de se diviser sur l’ampleur de la riposte, mais si les Russes « font ce dont ils sont capables avec les forces qu’ils ont massées à la frontière, ce sera un désastre pour la Russie », a-t-il affirmé. La situation pourrait « échapper à tout contrôle », a-t-il dit.

« S’ils envahissent [l’Ukraine], ils vont le payer. Ils ne pourront plus passer par les banques, ils ne pourront plus faire de transactions en dollars », a-t-il averti, évoquant, outre ces sanctions sans précédent contre l’économie russe, le risque de « lourdes » pertes humaines sur le champ de bataille.

Le 46e président des États-Unis, dont le premier anniversaire à la Maison-Blanche est terni, sur la scène internationale, par cette crise au parfum de guerre froide, a toutefois tendu la main à la Russie en ce qui a trait aux exigences et s’est même dit prêt à un nouveau sommet avec Vladimir Poutine.