Une quantité « impressionnante » d’armes, dont certaines de guerre, une tonne de munitions… Un véritable arsenal a été découvert chez quatre membres de la mouvance d’ultradroite lors d’un coup de filet en Alsace, même si aucun projet terroriste n’a pour l’heure été décelé.

La police française a révélé aujourd’hui (samedi) qu’Arsenal avait découvert des armes, dont des mitrailleuses, après avoir arrêté quatre hommes soupçonnés d’appartenir à un groupe néonazi dans l’est de l’Alsace, ont annoncé vendredi des responsables.

Environ 200 policiers ont arrêté les hommes, âgés de 45 à 53 ans, à leur domicile mardi après que les services de renseignement ont déterminé que les membres de l’équipe prévoyaient une « chasse aux juifs » lors d’un match de football à Strasbourg, a déclaré le procureur Edwig Ro-Morizot lors d’une conférence de presse. « Au moins 120 000 balles ont également été trouvées », a déclaré le lieutenant-colonel Jan Wanson de l’unité de police.

Les quatre suspects, placés en garde à vue à l’issue de l’opération mardi, ont été mis en examen pour trafic d’armes, a indiqué vendredi lors d’une conférence de presse la procureure de la République de Mulhouse (Haut-Rhin), Edwige Roux-Morizot. Ils encourent 10 ans de prison.

Deux d’entre eux ont été incarcérés, les deux autres laissés libres sous contrôle judiciaire, a-t-elle ajouté. La magistrate, qui avait demandé l’incarcération des quatre hommes, a indiqué qu’elle allait faire appel des deux placements sous contrôle judiciaire.

Une cinquième personne, initialement visée par ce coup de filet, a finalement été laissée libre.

Les quatre hommes avaient été interpellés à leurs domiciles de Sierentz, Brinckheim, Richwiller et Mooslargue, des communes haut-rhinoises, lors de l’opération qui a mobilisé quelque 200 gendarmes.

Il fallait « sécuriser les lieux » car les suspects étaient présumés « lourdement armés » et « entraînés au tir », a indiqué le colonel Alexandre Jeaunaux, commandant du groupement de gendarmerie du Haut-Rhin.

« Toutes les précautions nécessaires ont été prises » pour que l’opération soit menée « en toute sécurité », ce qui a justifié la mobilisation du GIGN, a-t-il ajouté.

L’opération a été déclenchée sur la base d’éléments des services de renseignement « très inquiétants » concernant « un groupuscule de l’ultradroite dite violente », dont certains membres auraient fait partie « d’une « chasse aux Juifs » lors d’un match de football organisé à Strasbourg », a expliqué Mme Roux-Morizot, sans vouloir donner plus de précisions.

Les renseignements évoquaient également la possibilité qu’ils détiennent des armes, « dont certaines particulièrement dangereuses », a poursuivi la magistrate. Celle-ci a insisté sur « l’inquiétude » relative au « terrorisme d’ultradroite », désormais « assez prégnante ».

Ils appartiennent pourtant à un groupuscule néonazi, « ce qui a été totalement conforté par la littérature importante », négationniste et antisémite, retrouvée chez les suspects, qui affichent également dans leur intérieur plusieurs objets nazis, selon Mme Roux-Morizot et le lieutenant-colonel Wanson.

L’un des suspects « pratiquait le tir à longue distance » en club « avec des stages de formation » de tireur d’élite, a encore noté l’officier supérieur.

« C’est le risque de les voir basculer vers le passage à l’acte qui a nécessité » l’intervention des autorités, a ajouté la procureure, même si aucun élément n’a pu pour l’instant étayer un quelconque projet concret.

Des supports informatiques ont également été saisis, qui vont être analysés afin de déterminer si un projet d’attentat était fomenté.

« Quand on a des fusils d’assaut, une mitrailleuse, 30 kilos de poudre, de quoi fabriquer éventuellement des explosifs, (…) on se dit qu’on est peut-être arrivé tous à temps », a encore estimé Edwige Roux-Morizot

La France a intensifié la surveillance des personnes d’extrême droite en réponse à la montée des incidents antisémites ces dernières années Jusqu’à présent, les enquêteurs n’ont pas déterminé si les hommes avaient planifié une attaque, mais ont trouvé des signes d’antisémitisme et de négation de l’Holocauste chez eux. Selon les médias locaux, les suspects ont été inculpés de trafic d’armes et risquent jusqu’à 10 ans de prison.