🔴Front Sud : Israël déclare la frontière égyptienne “zone militaire fermée” pour contrer les trafics d’armes

Dans un contexte de tension sécuritaire croissante, le gouvernement israélien a franchi une étape décisive. Sur recommandation du ministre de la Défense Israel Katz et du chef d’état-major Eyal Zamir, la frontière israélo-égyptienne vient d’être officiellement classée “zone militaire fermée”. L’objectif : reprendre le contrôle d’un secteur devenu un couloir d’infiltration et de contrebande, où circulent armes, drogues et drones en provenance du Sinaï.

Cette décision, annoncée ce jeudi matin, confère aux forces de sécurité de nouveaux pouvoirs d’intervention sur le terrain. Elle leur permettra désormais d’agir de manière préventive, de fouiller tout véhicule suspect et d’interpeller sans autorisation judiciaire préalable dans un rayon de plusieurs kilomètres le long de la barrière frontalière. Les commandements régionaux de Tsahal et du Shin Bet considèrent cette mesure comme une “étape nécessaire pour protéger les localités du Sud et endiguer les menaces émergentes”.

Pour comprendre cette décision, il faut revenir sur des mois de dégradation progressive de la situation dans le Néguev occidental. Les trafics d’armes, autrefois limités à quelques réseaux bédouins, se sont industrialisés. Des armes légères, des munitions, mais aussi des explosifs et des pièces de drones militaires ont été introduits en Israël à travers des tunnels ou par voie aérienne, à l’aide de petits engins télécommandés. Ces filières ont été exploitées par des organisations criminelles et, selon les services israéliens, par des cellules liées au Hamas et au Jihad islamique.

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“Nous avons atteint un point où les trafics transfrontaliers ne sont plus une question de police, mais une question de sécurité nationale”, a déclaré le vice-ministre de la Sécurité nationale, Almog Cohen, l’un des promoteurs du projet. “Je remercie le Premier ministre et le ministre de la Défense d’avoir entendu nos appels : il fallait agir avant qu’une véritable armée de contrebandiers ne se dresse face à nos villes et nos enfants.”

Le ton est grave, mais le constat lucide. Depuis le 7 octobre, la doctrine sécuritaire israélienne a profondément changé. La guerre contre le Hamas a montré que les menaces pouvaient surgir non seulement de Gaza, mais aussi du Sinaï et du territoire jordanien. D’où la décision de transformer la zone frontalière avec l’Égypte en ceinturon défensif. Cette mesure permettra également à Tsahal de tester en conditions réelles ses nouveaux dispositifs de détection radar et ses drones de patrouille autonomes, installés récemment le long de la barrière métallique haute de six mètres érigée sous Netanyahou il y a dix ans.

Pour les habitants du Néguev, le soulagement est mitigé. Certains saluent un “sursaut tardif mais indispensable”, d’autres dénoncent un geste purement symbolique. “Ce n’est pas le statut du terrain qui arrêtera les trafiquants”, déplore A., un résident de Pithat Nitzana interrogé par Israël Hayom. “Le véritable problème, c’est l’absence de loi et d’État dans certaines zones. Tant que le gouvernement n’adoptera pas la loi Rifman, qui propose un plan global de sécurité et de développement pour le Néguev, rien ne changera.”

Du côté de la municipalité de Ramat HaNegev, le ton est plus diplomatique : “Nous saluons la reconnaissance par le ministère de la Défense que les trafics ne sont pas un simple délit, mais une menace stratégique. Toutefois, il faut agir à la source : saisir les armes déjà introduites, couper les réseaux économiques qui alimentent la contrebande, et surtout renforcer la présence juive dans le Sud.”

Le message est clair : la sécurité passe aussi par la colonisation et l’ancrage territorial. Le président du conseil régional, Eran Doron, a d’ailleurs profité de l’annonce pour relancer un appel à l’installation de nouvelles familles et à la réouverture des bases militaires désaffectées du Néguev : “La seule vraie protection d’Israël, c’est la vie. L’habitat, l’agriculture et la jeunesse qui s’implantent jusqu’à la dernière ligne de la carte.”

Cette décision gouvernementale s’inscrit dans une stratégie plus large visant à verrouiller toutes les marges du territoire israélien. Après avoir renforcé le dispositif autour de Rafah, le ministère de la Défense veut désormais sécuriser la frontière méridionale, longue de 240 kilomètres, qui constitue l’un des axes les plus vulnérables du pays. Israël craint aussi les infiltrations venues du Sinaï, où des groupes djihadistes affiliés à Daech ou à Al-Qaïda demeurent actifs.

Si certains observateurs estiment que cette mesure pourrait irriter Le Caire, les responsables israéliens rappellent que la coopération sécuritaire avec l’Égypte reste solide. “Nos voisins comprennent que nous défendons nos frontières, pas que nous remettons en cause la paix”, a assuré un haut gradé du commandement Sud. “L’Égypte souffre elle aussi des trafics qui déstabilisent la péninsule du Sinaï. Nos intérêts convergent.”

Sur le terrain, les habitants du Néguev espèrent que ce tournant marquera la fin d’une époque : celle où les drones de contrebande survolaient leurs villages et où les coups de feu des trafiquants résonnaient la nuit. Mais tous savent que sans un engagement politique durable et un plan d’investissement massif dans le Sud, la déclaration de “zone militaire fermée” risque de n’être qu’un sparadrap sur une plaie ouverte.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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