530 nouveaux orphelins : la douloureuse histoire des enfants de la guerre des ÉpĂ©es de Fer

Un court baiser, un cĂąlin, ou parfois mĂȘme pas d’au revoir. La guerre des ÉpĂ©es de Fer a jusqu’à prĂ©sent laissĂ© 520 enfants orphelins. Un pĂšre qui sortait pour sauver ses enfants et sa famille avec son corps. Un pĂšre qui ne reviendra plus Ă  aucune fĂȘte d’anniversaire ou de remise des diplĂŽmes. Un pĂšre qui ne sera pas lĂ  quand ils tireront leur chapeau Ă  la cĂ©rĂ©monie de remise des diplĂŽmes et qui ne les accompagnera pas Ă  leur cĂ©rĂ©monie de remise des diplĂŽmes. Trois lettres, tant de sens et tant de douleur si difficile Ă  comprendre, difficile Ă  expliquer et difficile Ă  digĂ©rer. 

« Ça me serre le cƓur, je n’aurai plus de pĂšre »

Le regrettĂ© lieutenant-colonel Eli Ginsberg, combattant naval et commandant de l’École de lutte contre le terrorisme, a laissĂ© derriĂšre lui quatre orphelins.

« Ils participaient aux combats Ă  Beri et allaient de maison en maison. Eli est allĂ© aider les blessĂ©s. Il y avait un terroriste dans l’un des buissons et il a tirĂ© sur mon pĂšre. » a dit Oriya (13 ans) et Mika (15 ans), les enfants du dĂ©funt lieutenant-colonel Eli Ginbserg, commandant de l’unitĂ© antiterroriste.

 Malki, la mĂšre, leur dit : « Papa dirigeait la force. Ils en ont attrapĂ© un tas de terroristes dans le buisson, papa a dit Ă  ses soldats derriĂšre lui : ne tirez pas, c’est notre force. Il a levĂ© la main, puis les terroristes l’ont reconnu et lui ont tirĂ© dessus. »

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Le lieutenant-colonel Eli Ginsberg, photo : pas de crédit

Dans la famille Ginsberg du kibboutz Dobra Chaim, le 7 octobre est comme si c’était seulement la semaine derniĂšre. Eli Ă©tait dĂ©jĂ  en congĂ© . Au cours du dernier mois de sa vie, ses enfants ont eu un pĂšre Ă  plein temps, qui restait Ă  la maison toute la journĂ©e avec ses quatre enfants – Mika, Oriya, Razi (9 ans) et Tamri (5 ans). Le 7 octobre Ă  8 heures du matin, Eli n’attend pas qu’on l’appelle, il dit Ă  sa femme : « Une guerre a commencĂ©, je m’en vais ». « Je lui ai dit : Pourquoi ? Attends ? Tu es libre. Il m’a dit : Une guerre a commencĂ©, c’est Ă  cela qu’ils m’ont prĂ©parĂ©. Je ne peux pas rester Ă  la maison. Il n’y avait rien Ă  discuter. Il l’a fait. Je n’ai mĂȘme pas rĂ©veillĂ© les enfants.

Mika se souvient : « La conversation me manque. S’il m’avait rĂ©veillĂ© le matin, je lui aurais dit au revoir et je lui aurais fait un cĂąlin. Au moins, j’aurais aimĂ©. J’y pense tout le temps. Je pensais qu’il Ă©tait Ă  la base de l’entraĂźnement. Nous avons fait des boules de chocolat et il n’a pas rĂ©pondu aux messages. Mais ensuite maman nous a dit qu’il Ă©tait dans le sud et j’étais stressĂ©. »

Dans trois mois, Urie cĂ©lĂ©brera la Bar Mitzvah. Il hĂ©site. « Je vois mes amis avec leur pĂšre et leur grand-pĂšre Ă  la Torah. Cela me serre le cƓur, je ne l’accepterai pas. Mon pĂšre me manque Ă  bien des Ă©gards. Nous jouions au rugby ensemble. Mon pĂšre aidait aux cĂ©rĂ©monies au kibboutz. Il organisait, arrangeait, prĂ©parait les inscriptions en feu. »

Eli Ginsberg Ă©tait le genre de personne qu’on admirait dans l’armĂ©e. Le mois dernier, alors qu’il Ă©tait sur le point d’ĂȘtre libĂ©rĂ©, il a voulu vivre pleinement avec  les enfants. Mika : « C’était amusant. Vivre avec papa Ă  la maison. Une vie normale sans stress et sans soucis. » Eli avait dĂ©jĂ  prĂ©vu de cultiver le jardin familial, travailler avec le tour Ă  bois qui se trouvait dans l’entrepĂŽt. AprĂšs sa libĂ©ration, il envisageait de crĂ©er une entreprise indĂ©pendante de conseil en sĂ©curitĂ© Ă  l’étranger. « Il voulait surtout commencer Ă  vivre, faire des choses par lui-mĂȘme », dit Malki. « J’ai pleurĂ© lors de son discours de clĂŽture. Je l’ai regardĂ© et j’ai ressenti le soulagement « ça y est, c’est fini ». Combien de temps avons-nous attendu ? Je me sentais heureux et heureux de pouvoir lĂącher mon pied de l’accĂ©lĂ©rateur. »

En ce jour commĂ©moratif, les enfants n’iront pas Ă  l’école. Oriya : « Le jour du Souvenir, nous allions Ă  Erez (Ashkenazi, le partenaire de Malki et l’ami militaire d’Eli, A.A.) pour nous rencontrer . » « Mais c’est la premiĂšre fois qu’il nous rencontrera lui mĂȘme de prĂšs », explique Melki.

« Pleurer et ĂȘtre heureux d’avoir rĂ©ussi Ă  faire beaucoup de choses ensemble »

Capitaine (de rĂ©serve) Avraham Hananal Handi, dĂ©funt, chef d’état-major adjoint Ă  Kfar Gaza. Il a laissĂ© derriĂšre lui trois orphelins

Itamar Hendi (8 ans et demi) a un camp secret au kibboutz Shafiim oĂč il va seul penser Ă  son pere Avi. Une petite colline de sable Ă  proximitĂ© de la maison provisoire oĂč il habite et dont il garde pour lui l’emplacement. « C’est un endroit tellement agrĂ©able, ombragĂ©, et si je me lĂšve, je verrai peut-ĂȘtre la mer de lĂ . Mais j’y vais surtout pour penser Ă  papa. »

C’est un garçon grand et intelligent. Jouant au tĂ©lĂ©phone dans le jeu en rĂ©seau Brawl Stars comme beaucoup de ses pairs, dans le football et le basket. Il est le frĂšre d’Omar (5 ans et demi), un enfant magique pleine de poivre, et de Rotem (un an et dix mois) qui sait dire « Papa est dans le ciel ».

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 Avraham Hananal Handi, photo : pas de crédit

Leur pĂšre Ă©tait de la sĂ©curitĂ© du kibboutz Kfar Gaza. Le 7 octobre, il a quittĂ© la maison pour dĂ©fendre la communautĂ© et a Ă©tĂ© tuĂ© au combat. Il avait 37 ans lorsqu’il est mort.

Les enfants n’aiment pas parler de ce samedi, de la fusillade massive autour de la maison et du fait de savoir que papa se battait dehors. Mais ils savent que leur pĂšre veille sur eux. « Je sais qu’il a aidĂ© beaucoup de gens parce qu’il Ă©tait aux urgences, et c’est important », dit Itamar entre le canapĂ© du salon et la cuisine et vice-versa.

« J’aime penser Ă  lui. Il y a aussi de nombreux moments oĂč je m’autorise Ă  pleurer, parce que parfois cela me fait du bien. Mais je suis heureux que nous ayons pu faire beaucoup de choses ensemble. Nous avons pris l’avion Ă  l’étranger, jouĂ© au football, au tennis et aussi Monopoly. Je ne les laisserai jamais gagner. »

Samedi soir, ils ont été évacués de la maison et vivent désormais à Karvila, dans le kibboutz Shafiim, qui accueille les habitants de Kfar Gaza. Un appartement temporaire que la mÚre Shahar (33 ans) a transformé avec sensibilité en un foyer chaleureux. Aux murs sont accrochées des photos encadrées de la famille souriante au quotidien.

Elle veillait à ce que chacun des enfants rapporte quelque chose de la maison. Itamar, par exemple, a demandé les marionnettes .

Ils ouvrent le tĂ©lĂ©phone portable et me montrent des photos d’une maison en bois colorĂ©e entourĂ©e d’une petite piste de voiture creusĂ©e. « Mon pĂšre l’a construit avec Tal Ilon, qui Ă©tait Ă©galement dans l’équipe de sĂ©curitĂ© (et a Ă©tĂ© tuĂ© au combat ; B.A). Tout ce que mon pĂšre a fait, il a fait de son mieux. C’est aussi lui qui connaissait le mieux les choses. Lui, ma mĂšre et moi », sourit Itamar.

« Il y a deux ans, j’ai commencĂ© Ă  organiser des voyages communs avec lui pour les pĂšres et les fils de ma classe. Nous faisions beaucoup de choses amusantes ensemble. Parfois, le vendredi, nous avions un vendredi en famille, apportions le matelas de papa et maman de la chambre vers le salon et sautons dessus depuis le canapĂ©. Ensuite, nous mangeons de dĂ©licieux poissons et poulets que notre pĂšre prĂ©parait et regardons un film avec des pop-corn.

Mon pĂšre est enterrĂ© au cimetiĂšre militaire de Serigim. « S’il y a des embouteillages, le trajet dure une heure et 26 minutes », explique Itamar. « J’aime y aller, mais ce n’est pas parce que je me sens proche de mon pĂšre. Mon pĂšre se sent toujours proche de moi. Ma mĂšre sait expliquer pourquoi », dit-il, et Shahar ajoute avec son sourire agrĂ©able que « mon pĂšre est dans le cƓur de chacun. »

« PĂšre a empĂȘchĂ© les enlĂšvements et les meurtres de masse »

Le regretté lieutenant-colonel Alim Abdullah, un commandant, a laissé derriÚre lui trois orphelins.

Adam est un garçon beau et introverti, il a toujours vu son pĂšre en uniforme de Tsahal, un pĂšre qui Ă©tait pour lui un modĂšle : « Un pĂšre extraordinaire avec qui j’ai voyagĂ© partout dans le monde, mĂȘme deux fois Ă  Madrid en Espagne pour regarder les matchs de football. Je ne sais pas grand-chose de sa rencontre avec les terroristes, seulement d’aprĂšs ce qu’on m’a dit : qu’il Ă©tait un hĂ©ros et qu’il a empĂȘchĂ© l’enlĂšvement et le meurtre de nombreux civils dans le nord. »

Adam est le fils du regrettĂ© lieutenant-colonel Alim Abdullah, qui a servi dans la 300e brigade. Le 9 octobre, deux jours avant le dĂ©clenchement de la guerre des ÉpĂ©es de fer, il a Ă©tĂ© tuĂ© dans les combats contre les terroristes du Hezbollah qui tentaient de s’en prendre aux kiboutzim situĂ©es sur la ligne de conflit.

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Alim Abdullah, photo : pas de crédit

Alim a laissĂ© trois orphelins – Adam (9 ans), Hala (15 ans) et Maya (18 ans) ont reçu la nouvelle la plus amĂšre de toutes : leur pĂšre ne retournerait plus chez lui Ă  Yanoch-Gath.

Maya, l’aĂźnĂ©e, a soif d’informations sur les derniers instants de son pĂšre. Elle se souvient de la derniĂšre conversation entre eux : « Je n’ai toujours pas digĂ©rĂ© la nouvelle du dĂ©part de papa. Une demi-heure avant sa mort, alors qu’il se rendait Ă  l’incident d’intrusion qui a mis fin Ă  sa vie, nous lui avons parlĂ©. Tout au long de la conversation, il ne nous a pas laissĂ© sentir qu’il se dirigeait vers un Ă©vĂ©nement grave et inhabituel. Il a probablement senti qu’il y avait quelque chose et a voulu nous parler avant de tomber.

Plus de six mois aprĂšs sa chute, tout ce que papa a Ă©tĂ© pour elle dans la vie lui manque, mĂȘme les combats les plus petits et les plus stupides. « Mon pĂšre est avec nous partout. MĂȘme lorsqu’une vidĂ©o a Ă©tĂ© publiĂ©e de lui disant, la phrase qui me rĂ©sonne encore aujourd’hui : ‘Quiconque tombe, un autre naĂźt Ă  sa place’. C’est ce que nous croyons, et c’est ce qui renforce. Il m’a toujours donnĂ© et m’a tout donnĂ©, tout ce dont un enfant a besoin. Il nous a donnĂ© une Ă©ducation exemplaire, pour ĂȘtre une personne humaine, pour aider les autres et aider ceux qui ont besoin d’aide.

Sa fille Hala : « Quand mon pĂšre nous a appelĂ© une demi-heure avant sa chute, j’ai ressenti une sorte de terrible mauvais pressentiment, mĂȘme s’il disait que tout allait bien, il nous a rassurĂ©s et a pris la peine de dire qu’il veillait sur nous et nous a demandĂ© de ne pas s’inquiĂ©ter trop. La perte est difficile mais nous devons y faire face. Mon pĂšre n’était pas un pĂšre normal, j’ai obtenu de lui tout ce que je voulais. Mon pĂšre n’était pas seulement mon soutien de famille, il Ă©tait mon Ăąme sƓur. J’aimerais que beaucoup de familles aient un pĂšre comme le mien ».

Mona, la veuve, raconte les moments dramatiques survenus Ă  la famille le jour de l’évĂ©nement. « AprĂšs avoir entendu parler de la rencontre dans le nord, j’ai senti qu’Alim Ă©tait impliquĂ© dans l’incident. Je me suis senti mal et je suis rentrĂ© chez moi. J’ai Ă©tĂ© informĂ© qu’Alim Ă©tait blessĂ© et qu’il Ă©tait hospitalisĂ© Ă  l’hĂŽpital de Nahariya. J’ai emmenĂ© les enfants et je suis allĂ© lĂ -bas. Tout le monde le savait dĂ©jĂ . Au bout de quatre heures, le mĂ©decin est sorti et a annoncĂ© qu’Alim n’était pas censĂ© arriver. Lors de la rencontre, Abel a entendu parler de l’infiltration des terroristes et est immĂ©diatement allĂ© participer aux combats contre les terroristes du Hezbollah, il a rĂ©ussi Ă  en Ă©liminer certains, mais une balle tirĂ©e par un terroriste l’a atteint.

« Lors des funĂ©railles d’Alim, un homme que nous ne connaissions pas est venu nous voir et nous a dit : ‘Alim m’a sauvĂ© la vie et celle de tout le village d’Aramsha. Il a sacrifiĂ© sa vie pour nous.’

« Je me demande encore pourquoi moi ? Pourquoi est-ce que je mĂ©rite cela ? Mais j’ai appris du Seigneur que nous devons aller de l’avant. Il a laissĂ© une marque trĂšs forte sur moi et sur notre fils en tant que famille : son hĂ©ritage continuera Ă  guider les enfants et la famille. »


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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