Un document interne, rédigé peu après le massacre du 7 octobre et longtemps resté secret, dévoile une série d’erreurs et d’omissions graves au sein de l’armée de l’air israélienne. Selon les informations révélées ce matin par Channel 14, plusieurs officiers supérieurs avaient été informés, dès les premières heures de la nuit, de mouvements inhabituels à la frontière de Gaza, sans que le commandant de l’armée de l’air, le général Tomer Bar, n’en soit alerté avant le matin.
Le rapport, aujourd’hui classé, montre qu’une chaîne de commandement défaillante a retardé la réaction du commandement aérien au moment le plus critique. Alors que les services de renseignement signalaient des transmissions suspectes et des déplacements de combattants du Hamas, aucune mesure d’alerte n’a été mise en œuvre avant l’aube. À 6 h 30, quand les milliers de terroristes ont franchi la barrière, le pays a été pris au dépourvu, et l’armée de l’air, censée être le bouclier du territoire, était encore en « état d’alerte minimale ».
Les premières alertes datent de 2 h 50 cette nuit-là : un rapport du département des opérations de Tsahal évoquait déjà « des mouvements inhabituels dans le sud ». À 3 h 20, le général Shlomi Binder, chef de la division des opérations, réunissait les officiers de permanence et les exhortait à « se préparer au pire ». Mais sur le terrain, rien n’a bougé.
Entre 3 h 30 et 4 h, l’adjoint du commandant de l’armée de l’air a envoyé plusieurs messages d’alerte à son supérieur. Les notifications sont restées non lues. À 4 h, un officier de liaison affirme que « le commandant est au courant » — alors qu’en réalité, le général Bar dormait encore et ne répondait à aucun appel.
Pendant ce temps, les officiers du renseignement aérien repéraient la mise en marche de drones offensifs du Hamas et des concentrations anormales d’hommes armés près de la clôture. Les signaux s’accumulaient, mais l’information ne remontait pas. À 5 h, le responsable de la base de Palmachim alertait deux commandants d’escadrille : « Quelque chose d’anormal se passe, préparez vos appareils. » Aucun décollage ne suivra.
À 8 h 30, le général Tomer Bar participait à une réunion d’état-major… par procuration. Il avait délégué sa présence à un officier du renseignement pour pouvoir partir courir. Moins d’une heure plus tard, l’attaque commençait. L’armée de l’air, prise au dépourvu, dut réagir à la plus grande attaque surprise de l’histoire d’Israël sans aucune préparation opérationnelle.
Un mois plus tard, en février 2024, une réunion confidentielle s’est tenue à Palmachim pour examiner le rapport initial. Selon plusieurs participants, « la salle est restée muette » à la lecture des conclusions. Le document, jugé explosif, a été enterré peu après. Une nouvelle commission d’enquête a été mise sur pied, cette fois pour produire des conclusions « plus neutres ».
À l’approche de la publication du rapport Turgeman, chargé d’évaluer les défaillances globales du 7 octobre, le contenu de cette enquête interne relancée pose des questions lourdes de conséquences :
- Pourquoi le rapport initial a-t-il été censuré ?
- Qui a pris la décision de ne pas prévenir le commandement aérien ?
- Et surtout, l’armée de l’air aurait-elle pu limiter le massacre si elle avait réagi à temps ?
Pour de nombreux observateurs militaires, cette affaire illustre une culture de l’autosatisfaction et du cloisonnement au sein de la hiérarchie. L’un d’eux résume avec amertume :
« Ce n’est pas un manque d’information, mais un manque d’écoute. »
Le général Tomer Bar, toujours à la tête du corps aérien, n’a pas encore réagi officiellement. Selon une source proche de l’état-major, il aurait lui-même demandé la reprise d’un « débriefing complet, sans censure », conscient que la confiance du public et des familles des victimes ne pourra être restaurée qu’à travers la transparence totale.
Alors que les Israéliens s’apprêtent à découvrir le rapport Turgeman, la révélation de cette enquête enterrée rouvre une blessure nationale : celle d’un système militaire qui, la nuit du 7 octobre, a vu les signes avant-coureurs… sans les comprendre.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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