7 octobre : les appels dĂ©chirants aux pompiers israĂ©liens, quand l’enfer a pris le tĂ©lĂ©phone

« Les enfants s’étouffent
 tout le kibboutz brĂ»le
 » — ce ne sont pas des cris de cinĂ©ma, mais les vraies voix d’IsraĂ©liens pris au piĂšge lors du massacre du 7 octobre 2023. Pour la premiĂšre fois, les enregistrements des appels reçus ce matin-lĂ  par les centres d’urgence des pompiers israĂ©liens (ڛڑڐڕŚȘ Ś•Ś”ŚŠŚœŚ”) sont rendus publics. Ils rĂ©vĂšlent une rĂ©alitĂ© insoutenable : des citoyens implorant de l’aide dans leurs derniĂšres secondes de vie, pendant que les opĂ©rateurs, eux-mĂȘmes sidĂ©rĂ©s, restaient en ligne jusqu’au dernier souffle, parfois jusqu’à ce que la conversation se termine
 par une rafale de balles.

L’inimaginable à l’autre bout du fil

« Sderot, prĂšs de la bibliothĂšque
 beaucoup de morts. Le Hamas est ici, il a tirĂ© sur tout le monde
 » — raconte un habitant en panique. Mais ce matin-lĂ , les appels ne concernaient pas des accidents, ni des incendies domestiques. Ils dĂ©crivaient en direct un massacre. Les opĂ©rateurs ont entendu les rafales, les pleurs, puis le silence. « Parfois on reste juste silencieux avec la personne jusqu’au bout, jusqu’à ce que la respiration s’éteigne
 », confie un opĂ©rateur.

Leurs rĂ©cits, dĂ©voilĂ©s prĂšs de deux ans aprĂšs les faits, tĂ©moignent d’un traumatisme invisible. Les pompiers et opĂ©rateurs n’ont pas portĂ© d’armes ce jour-lĂ , mais ils portent depuis les blessures psychologiques d’avoir Ă©tĂ© les tĂ©moins impuissants des derniĂšres secondes de centaines d’IsraĂ©liens.

« À 6h30, le monde s’est effondrĂ© »

Idan Hazan, chef d’équipe dans le district sud, se souvient : « À 6h30, boum, le monde s’est effondrĂ©. Les premiers appels arrivaient sans interruption. Pas des incendies, pas des accidents. Des murmures Ă©touffĂ©s de mes propres pompiers : Idan, ils tirent sur moi ».

Dans ces minutes d’horreur, les standardistes recevaient aussi bien des mĂšres cherchant leurs enfants que des camarades pompiers appelant Ă  l’aide. Certains de ces pompiers ne sont jamais revenus. Hazan raconte avoir appris la mort de ses collĂšgues en direct, alors qu’il leur avait parlĂ© la veille encore. « Comment est-ce possible ? La nuit prĂ©cĂ©dente je lui donnais une mission, et le matin je l’apprends exĂ©cuté  »

Les familles piégées dans les flammes et les balles

Les tĂ©moignages rĂ©vĂšlent aussi la cruautĂ© des scĂšnes : familles brĂ»lĂ©es vives dans leurs maisons incendiĂ©es par les terroristes, civils murĂ©s dans leurs abris alors que les assaillants attendaient Ă  l’extĂ©rieur. « Nous tenions la porte, les terroristes essaient de rentrer. On peut fuir ? » — demandaient certains. Mais que rĂ©pondre quand, dehors, la mort guette Ă  chaque pas ?

À Be’eri, Ă  Kfar Aza, les appels s’interrompaient d’un coup, remplacĂ©s par le silence, ou par les crĂ©pitements du feu.

Des jeunes opĂ©rateurs face Ă  l’impensable

La plupart des opĂ©rateurs avaient 21 Ă  27 ans. Leur mission habituelle ? RĂ©partir les appels vers les Ă©quipes de terrain. Mais ce jour-lĂ , les pompiers ne pouvaient pas arriver : les routes Ă©taient infestĂ©es de terroristes. Alors les conversations duraient
 40 minutes, une heure, parfois plus. Les opĂ©rateurs restaient en ligne, tentant de calmer, ou simplement d’accompagner.

La commandante Keren Hiba Naim, Ă  la tĂȘte du centre national, raconte : « DĂšs la premiĂšre salve de roquettes, nous avons compris que c’était un autre monde. Les lignes explosaient. Mais ce n’étaient pas des appels ordinaires. C’étaient des citoyens piĂ©gĂ©s dans un cauchemar : le feu dedans, les terroristes dehors. Que leur dire, sinon partager leur dernier instant ? »

Le poids de l’impuissance

Deux ans plus tard, les cicatrices demeurent. Ces jeunes hommes et femmes n’ont pas Ă©tĂ© envoyĂ©s au front, mais ils portent les cris de ceux qu’ils n’ont pas pu sauver. Leurs souvenirs sont devenus des blessures invisibles, plus lourdes parfois que les plaies physiques des survivants.

Et pourtant, cette tragĂ©die a aussi forgĂ© une dĂ©termination nouvelle. Comme le dĂ©clare aujourd’hui le commissaire national des pompiers, Eyal Caspi : « Nous sommes mieux prĂ©parĂ©s, plus professionnels, plus rĂ©solus. Nos Ă©quipes sont petites, mais elles ont une Ăąme immense. Leur rĂŽle est essentiel au hosen leumi (la rĂ©silience nationale), afin de permettre Ă  Tsahal et aux forces de sĂ©curitĂ© de gagner sur le terrain et de ramener nos otages. »

Conclusion : les voix qui hantent Israël

Le 7 octobre restera dans l’histoire comme le jour oĂč IsraĂ«l a entendu ses citoyens mourir
 au tĂ©lĂ©phone. Les appels aux pompiers ne sont pas que des enregistrements, ce sont des tombeaux sonores. Chaque silence, chaque tir entendu Ă  travers les lignes raconte une histoire que l’Histoire elle-mĂȘme devra juger.

Comme le rappelle Infos-Israel.News, ce jour noir n’a pas seulement coĂ»tĂ© des vies, il a gravĂ© dans la mĂ©moire collective la certitude que le Hamas a franchi toutes les limites de l’humanitĂ©.

Et si certains, en Europe ou ailleurs, osent encore relativiser, qu’ils Ă©coutent ces bandes sonores. Car elles ne laissent aucune place au doute : ce 7 octobre, le Hamas a fait entrer IsraĂ«l, et le monde entier, dans les tĂ©nĂšbres.

— Infos-Israel.News


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