Pourquoi Shavouoth n’est pas prĂ©sentĂ© dans la Thora comme la cĂ©lĂ©bration du Don de la Thora ?

Chavou’oth

Extrait du ‘Oleloth Efrayim du rav Efrayim de LĂŒnschitz(*).
Traduit par Binyamin Tagger

Pourquoi cette fĂȘte n’est-elle pas prĂ©sentĂ©e dans la Thora comme la cĂ©lĂ©bration du don de la Tora ?

Bien des commentateurs des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes ont montrĂ© de la perplexitĂ© devant la question suivante, et tentĂ© d’y rĂ©pondre chacun Ă  sa maniĂšre : pourquoi la Tora ne parle-t-elle de la fĂȘte de Chavou’oth que comme de la fĂȘte des prĂ©mices (Bikourim), sans jamais rappeler qu’elle marque le jour du don de la Tora ?

La fĂȘte de Pessa’h, fĂȘte de la libĂ©ration physique, est quant Ă  elle spĂ©cifiĂ©e dans tous ses dĂ©tails ; et on attendrait tout naturellement que cette fĂȘte de la libĂ©ration spirituelle ne le soit pas moins. Il est vrai qu’on nous indique qu’elle sera cĂ©lĂ©brĂ©e cinquante jours aprĂšs la fĂȘte de Pessa’h. Mais l’interrogation demeure nĂ©anmoins : pourquoi cette fĂȘte du don de la Tora n’est-elle pas Ă©voquĂ©e explicitement comme telle ?

Il me semble que l’on pourra rĂ©pondre comme suit : ce jour (de Chavou’oth) ressemble trĂšs exactement au jour du jugement des corps, Ă  Roch haChana, comme Ă  celui du jugement des Ăąmes, dans le monde futur. La Tora ne nous parle de Roch haChana que comme d’un « jour du souvenir », sans prĂ©ciser ce qu’il conviendra d’y faire ; et la Sagesse divine dissimule aux yeux de l’homme la connaissance du jour de la mort, oĂč dĂ©bute le jugement des Ăąmes. Cela, afin que l’homme soit chaque jour poussĂ© Ă  la repentance : dans l’ignorance de son sort, voyant en chaque jour l’heure du jugement arrivĂ©e, il ne pourra passer sa vie dans la faute, avec l’intention de s’en repentir avant son terme. De mĂȘme pour le jugement des corps Ă  Roch haChana : si la Tora nous dissimule sa nature de jour de jugement, c’est afin que nous ne passions pas l’annĂ©e dans le rejet de tout joug moral pour, Ă  l’approche du jour redoutable, amender enfin notre conduite.

Et il en va de Roch haChana, jour du jugement, sixiĂšme jour aprĂšs la crĂ©ation d’Adam1, comme il en va de Chavou’oth, jour du jugement pour la crĂ©ation tout entiĂšre, le sixiĂšme jour du mois de Siwan. Car, comme nous l’enseignent nos Sages, toute la crĂ©ation Ă©tait tenue en suspens jusqu’à ce six Siwan oĂč fut donnĂ©e la Tora. C’est en ce jour que le CrĂ©ateur « renversa la montagne du SinaĂŻ comme une marmite » sur les tĂȘtes des HĂ©breux, les menaçant, s’ils rejetaient la Tora, de faire retourner l’univers Ă  son chaos originel. Car un monde sans Tora ne peut ĂȘtre que chaos. Et c’est pourquoi il importait que la fĂȘte de Chavou’oth ne soit pas explicitement dĂ©signĂ©e comme fĂȘte du don de la Tora : ainsi, tout homme douĂ© d’intelligence pourra chaque jour de nouveau se reprĂ©senter que c’est aujourd’hui mĂȘme que la Tora lui a Ă©tĂ© donnĂ©e


Rabbi Efrayim LĂŒnschitz

Rabbi Efrayim LĂŒnschitz, 5305/1545 -5379/1619. Rav Ă  Prague, aprĂšs avoir dirigĂ© une Yechiva Ă  Lvov. Auteur entre autres d’un commentaire cĂ©lĂšbre sur la Tora, le Keli Yaqar et du ‘Oleloth Efrayim, prĂ©cieux recueil de commentaires sur des thĂšmes divers.

Selon le Talmud, Adam fut créé le 25 Elloul, six jours donc avant le 1er Tichri, Roch haChana.
Source : Kountrass Magazine nÂș 16 – Iyar 5749 / Mai 1989


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 – Tous droits rĂ©servĂ©s