Rimsha Masih, une chrétienne trisomique menacée de la peine de mort.

La France est « préoccupée » par le sort de la jeune chrétienne pakistanaise, Rimsha Masih.

Rimsha Masih, une jeune chrétienne pakistanaise de 14 ans atteinte du syndrome de Down, risque la peine de mort pour blasphème. Elle a été arrêtée le 16 août à Mehrabad, un quartier pauvre de la capitale pakistanaise, après avoir brûlé une dizaine de pages du Noorani Qaida.

Rimsha (Rifta) Masih, membre de la minorité chrétienne du Pakistan, est accusée d’avoir brûlé une dizaine de pages du Noorani Qaida, un livret couramment utilisé pour apprendre les bases de la langue arabe et le Coran. Elle a été arrêtée par la police dans un quartier pauvre de la capitale pakistanaise et placée en détention provisoire, sur dénonciation d’un groupe de musulmans radicaux en colère exigeant que la jeune femme soit condamnée à mort.

La loi interdisant le blasphème au Pakistan impose que « toute remarque blasphématoire vis-à-vis du Prophète (Mahomet), par l’écrit, oralement ou par représentation d’image, ou toute imputation ou insinuation, directe ou indirecte… sera punie de la mort, ou de l’emprisonnement à vie, et aussi passible d’une amende ». Si personne n’a encore été exécuté au nom de cette loi anti-blasphème, les accusations de blasphème ont déjà conduit à des émeutes et à l’assassinat d’au moins 32 personnes.

Accusations sans fondement

Un rapport médical rédigé par un panel de médecins chargés d’examiner Rimsha Masih indique qu’elle « semble illettrée » et « mentalement en retard ». Les défenseurs des droits de l’homme estiment que cette jeune chrétienne illettrée et atteinte de trisomie ne peut être tenue pour responsable d’un tel acte, si celui-ci est avéré.

Misrek Masih, le père de Rimsha Masih a écrit au président Asif Ali Zardari, qui a pris « sérieusement en considération » l’arrestation de la jeune chrétienne. Il demande au ministre de l’Intérieur de présenter un rapport sur cette affaire.

Demande de remise en liberté

La France et les Etats Unis sont particulièrement préoccupés par le sort de cette adolescente.

Cette « affaire est évidemment très gênante », a qualifié le département d’Etat américain qui « exhorte le gouvernement pakistanais à protéger non seulement ses minorités religieuses, mais aussi les femmes et les filles » du pays.

« L’existence même du délit de blasphème porte atteinte aux libertés fondamentales, que sont la liberté de religion ou de conviction, ainsi que la liberté d’expression », a déclaré Vincent Floréani. Mais le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay « a aussi salué la volonté du Président pakistanais de faire toute la lumière sur cette affaire et appelle les autorités pakistanaises à libérer cette jeune fille qui, selon certaines sources, serait atteinte de trisomie 21 ».

Paul Bhatti, président de l’association « All Pakistan Minorities Alliance » (APMA) vient de déposer une demande de remise en liberté en faveur de Rimsha Masih.