La petite ville tranquille de Raanana Ă la pĂ©riphĂ©rie de Tel Aviv peut ne pas avoir les paysages spectaculaires et les plages de Rio, ou mĂȘme la vie nocturne et le bourdonnement de la mĂ©galopole de Sao Paulo. Cependant, la ville, qui semble sâĂȘtre presque complĂštement endormie le jour du shabbat, est rapidement devenue la plus grande communautĂ© brĂ©silienne de lâĂtat juif.
Des synagogues aux cours dâĂ©cole, la prĂ©sence des BrĂ©siliens se fait sentir dans tout Raanana. âVous entendez le portugais dans tous les coins iciâ, dit Oshra Sharvit, directeur de lâoulpan de la ville, le cours dâhĂ©breu subventionnĂ© par le gouvernement oĂč les nouveaux immigrants ont la possibilitĂ© dâapprendre lâhĂ©breu gratuitement pendant cinq mois. Lâoulpan de Raanana est considĂ©rĂ© comme lâun des meilleurs du pays. Sharvit estime que 25% des Ă©tudiants sont des brĂ©siliens.
âRaanana a Ă©tĂ© nommĂ©eâ ville choisie âpar les BrĂ©siliensâ, explique Sandro Maghidman, lâun des organisateurs de KehilĂĄ Yalla Chaverim (Comunidade Vamos Amigos). Câest un groupe Facebook de plus de 400 membres, un lieu de rencontre virtuel pour les BrĂ©siliens vivant Ă Raanana et dans les villes voisines. Dans celui-ci, les nouvelles sont diffusĂ©es, les expĂ©riences sont Ă©changĂ©es, les Ă©vĂ©nements sont organisĂ©s.
âLe grand groupe de rĂ©sidents brĂ©siliens, Ă la foisâ vatikim âetâ chadashim â, joue un rĂŽle clĂ© pour faciliter lâintĂ©gration des nouveaux arrivantsâ, a dĂ©clarĂ© M. Maghidman lors dâun pique-nique le 20 octobre Ă Raâanana pour cĂ©lĂ©brer le premier anniversaire du groupe. âVivre Ă Raanana est un privilĂšgeâ, se fĂ©licite-t-il. Ironiquement, Maghidman, arrivĂ© en 2012, vit officiellement Ă Kfar Saba, exactement Ă la frontiĂšre avec Raanana.
En 2016, lâimmigration brĂ©silienne en IsraĂ«l a atteint un record de 700 personnes, 250% au-dessus de la moyenne annuelle dâenviron 200 immigrants depuis la fondation de lâĂtat juif en 1948. En consĂ©quence, le BrĂ©sil est devenu le sixiĂšme pays Ă envoyer des olim juste derriĂšre la Russie, lâUkraine, la France, les Ătats-Unis et le Royaume-Uni. En 2018, 900 immigrants brĂ©siliens sont attendus, selon lâAgence Juive.
La violence urbaine est la raison la plus souvent citĂ©e par les BrĂ©siliens qui font lâAliya. Son pays dâorigine affiche lâun des taux dâhomicides les plus Ă©levĂ©s au monde : plus de 60 000 meurtres par an, soit prĂšs de 30 pour 100 000 habitants, selon lâInstitut IgarapĂ©, qui analyse les taux de violence dans tout le pays. En revanche, Raanana est considĂ©rĂ©e comme lâune des villes les plus sĂ»res dâIsraĂ«l.
«Ici, je marche dans la rue sans regarder en arriĂšre et avec des Ă©couteurs», explique Denise Faldini, qui a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Raanana en 2016 avec son mari et ses enfants de 5 et 9 ans. âMes enfants ont appris ici que, oui, les vitres de la voiture peuvent ĂȘtre ouvertes.â
âRevenir au BrĂ©sil nâest pas une option pour moiâ, a ajoutĂ© Denise, qui a pris des mĂ©dicaments pendant deux ans aprĂšs avoir Ă©tĂ© victime dâun dĂ©tournement fulgurant dans sa voiture blindĂ©e Ă SĂŁo Paulo, et a Ă©tĂ© contrainte de retirer sa propre rançon. âJe ne veux pas mourir Ă cause dâun tĂ©lĂ©phone portable et laisser mes enfants orphelins, ou les enterrer pour la mĂȘme raison. La vie nâest pas possible au BrĂ©sil et nâa aucune valeur. â
Michel Abadi prĂ©side un rĂ©seau de 120 volontaires dispersĂ©s Ă travers IsraĂ«l, qui soutiennent les BrĂ©siliens avant, pendant et aprĂšs leur Ă©migration. Lâhomme dâaffaires est arrivĂ© Ă Raanana avec sa femme et ses trois enfants en 2003. Ses parents et plusieurs cousins ââont suivi le mĂȘme chemin quelques annĂ©es plus tard. Son quatriĂšme fils Ă©tait dĂ©jĂ nĂ© en IsraĂ«l.
âCâest un ensemble de facteurs : situation politique, violence de rue, Ă©co-nomie, qualitĂ© des services publics, plus grande transparence de lâinformation sur la rĂ©alitĂ© israĂ©lienne parmi les Juifs brĂ©siliens, ou mĂȘme un effet boule de neige : plus les BrĂ©siliens viennent, plus les BrĂ©siliens les attirent », explique-t-il.
Les olim chadashim brĂ©siliens ont trouvĂ© des parades dans certaines institutions, telles que lâĂ©cole TALI, dont lâacronyme en hĂ©breu signifie «Advanced Jewish Studies». Contrairement Ă la plupart des Ă©coles israĂ©liennes, TALI met lâaccent sur les valeurs et traditions juives dans un esprit pluraliste, similaire Ă la philosophie de la plupart des Ă©coles juives brĂ©siliennes. Le format nâest pas commun en IsraĂ«l, oĂč les Ă©coles se sĂ©parent en laĂŻques et religieuses, sans «milieu de terrain».
En 2016, il y avait trois enfants brĂ©siliens dans toute lâĂ©cole de prĂšs de 500 Ă©lĂšves. Cette annĂ©e, il y a sept Ă©tudiants brĂ©siliens seulement en premiĂšre annĂ©e dâĂ©cole primaire, en plus de plusieurs autres rĂ©partis dans les autres classes.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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