Le 20 janvier 2006, après avoir fêté le Shabbath avec sa mère et sa soeur, Ilan prend son blouson et sort de la maison. Ilan a 24 ans, il n’est plus un enfant et reçoit les derniers baisers de sa mère. A partir de là, son destin est tracé et c’est la mort qui l’attend mais il ne le sait pas encore. Il ne lui faudra que quelques heures pour entrer dans l’enfer de la haine. Il va rejoindre une jeune fille de 17 ans, Yalda, iranienne, qui par un jeu de séduction l’avait attiré quelques jours plutôt, le 17 janvier 2006, en se présentant à son magasin pour l’achat d’un nouveau téléphone. Fofana l’avait déposée en voiture, avec pour seule consigne : « il faut que ce soit un Juif » car selon lui, les Juifs sont solidaires et ils paieront. Ilan ne peut deviner qu’il a rendez vous avec la mort. Il gare sa voiture près du rendez vous fixé par Yalda et là dans ce lieu désert, trois jeunes cagoulés lui tombent dessus après que le signal soit donné par yalda pour l’embuscade.

Transporté dans un coffre d’une voiture, il est séquestré dans un appartement de la cité de la Pierre-Plate à Bagneux, appartement loué au gardien pour 1500 euros par Fofana, chef du gang « brain of babarians » qui a préparé son plan machiavélique. Fofana venu de Côte d’Ivoire dans les années 1990, 26 ans, sans emploi et déjà connu des services de police pour vols à main armée. Fofana, parano et agressif, dirige d’une main de fer son gang composé de 30 personnes entre 17 et 32 ans. Ses sbires, tout aussi désociabilisés que lui même pour la plupart, fréquentant les halls d’immeubles, fumant du cannabis, sont sous l’emprise de ce petit caïd de banlieue qui a tout pouvoir sur eux.

Sans moyen de défense, les yeux bandés avec du scotch et ligoté, Ilan a subit pendant des semaines, des jours, des heures, des minutes, des secondes les pires souffrances, les pires humiliations. La torture est pire que la mort, car le supplicié meurt plus d’une fois devant ses bourreaux, leur donnant un sentiment de toute puissance comme si c’était un acte héroïque d’anéantir une vie humaine. Après une première demande de rançon de 450 000 euros par le biais d’un appel téléphonique à sa petite amie de l’époque, la police se saisit de l’affaire. Ce sera ensuite le tour du père d’Ilan de recevoir un appel de Côte d’Ivoire. Ce qui met la police dans une situation difficile.

Fofana effectuera deux allers-retours entre la France et la Côte d’Ivoire pendant la séquestration d’Ilan, alors que ce même Fofana balade les policiers sur internet. Les appels téléphoniques se font de plus en plus présents. La mère d’Ilan a compris que les ravisseurs ont choisi son fils parce qu’il est Juif. Fofana l’a dit clairement lors d’un appel : » t’as qu’à demander à la communauté juive ». Ainsi on rentre dans les vieux clichés des Juifs et de l’argent. Le rappeur Fifty Cent est leur modèle. Comme quoi, ne pas voir dans certains groupes de rap, les appels à la violence,et aux clichés négationnistes fait preuve d’une malhonnêteté intellectuelle de ceux qui ne voient qu’un chanteur et un style musical.

C’est un club de gens qui n’ont pas la moindre mauvaise conscience, car le terrain est déjà là. Un antisémitisme primaire, un aveuglement volontaire contre la démocratie et le respect de la vie avec une volonté constante de bannir. Un cercle très fermé d’idiots utiles à soutenir des thèses négationnistes mêlées d’indifférence et de sous culture du prêt à penser. La police qui s’est obstinée a fait plusieurs erreurs. D’abord, elle n’a jamais voulu prendre en compte le caractère antisémite de ce rapt. D’autres victimes ont échappé au sort d’Ilan…

Elles étaient toutes juives. Pourtant il y avait tous les ingrédients, le coran, la musique arabe dans les appels téléphoniques et les mails échangés. La psychologue de la police qui conseillait le père d’Ilan afin de ne pas transiger avec les ravisseurs. Enfin une autre erreur de la police fut de ne pas imaginer que ce gang pourrait tuer Ilan. La police a toujours considéré que cette « affaire » était purement crapuleuse alors qu’elle était avant tout antisémite. Pourtant au procès, Fofana dira qu’il n’aime pas les Juifs et qu’Allah est son prophète. La police trouvera chez certains de ces barbares, lors des perquisitions, des tracts salafistes. Le 30 janvier, Ilan quittera cet appartement bâillonné, ligoté, en peignoir sans que personne ne remarque rien parmi les voisins. Encore une erreur de la police. Elle se refuse toujours à diffuser le portrait d’Ilan.

Le premier février, le gang appelle la mère d’Ilan sur son portable en lui disant que si la somme n’est pas versée ils tueront son fils. Ils passent le téléphone à Ilan et il criera d’une voix sanglotante à sa mère : « Allo, maman… » Les derniers mots que son fils a prononcés et qui résonneront toujours comme un appel au secours dans la tête de cette mère et avec lesquels elle devra vivre. S’en est suivi des jours interminables, des nuits à ne pas dormir, à ne pas manger pour la famille d’Ilan dans l’attente d’un dénouement heureux. Quant à Ilan, de plus en plus faible, vivant dans des conditions de plus en plus sordides, laissé sans rien manger, sans rien boire, humilié, frappé, brulé, insulté par ses bourreaux pendant 24 jours son calvaire ne s’est jamais arrêté. L’épilogue de ce machiavélique itinéraire se termine le lundi 13 février.

Sa mère se réveille à 5h du matin. Elle a fait un cauchemar. On dit que les mères pressentent tout! C’est ce qui est arrivé à cette mère, car c’est exactement à cette heure là que son fils Ilan est jeté le long de la voix ferrée à Sainte Geneviève des Bois et est aspergé d’un produit inflammable par Fofana avant de l’abandonner. A 8h55, une jeune femme qui se rend à son bureau, découvre le corps agonisant d’Ilan et appelle la police. Une autopsie révèlera de nombreux hématomes et contusions, une incision à la joue de plusieurs centimètres faite par un cutter, des plaies à l’arme blanche sous la gorge, le corps brûlé à 80%. L’épuisement, le froid, les tortures infligées, les conditions de détentions ont entraîné la mort d’Ilan pendant son trajet à l’hôpital.

Alors oui, la police a eu tout faux. Des centaines d’appels ont eu lieu pendant toute la durée de ce cauchemar sans que personne ne puisse mettre la main sur ce gang. Après leur arrestation, les 30 suspects n’ont exprimé aucun remords, ils se sont tus. Au total 40 personnes étaient au courant de l’enlèvement. Personne n’a bougé son petit doigt. Le gang a joué avec la police dans tous les cybercafés du sud de Paris, a passé 700 coups de fil. Des voyages ont eu lieu à l’étranger. Dans ce gang de minables petites frappes, il y avait un informaticien martiniquais et d’autres sans casier judiciaire. Des gens lambda, avec des petits voyous sans honneur, qui avaient un lourd passé judiciaire. Un florilège de ce que l’argent peut engendrer de plus sale et de plus vil. La métamorphose de gens en tortionnaires pour une poignée de billets.

Une surprenante alliance entre des antisémites et des lâches avec une méconnaissance de l’histoire sur les Juifs, des gens qui n’ont pas la moindre réflexion, ni l’intelligence, ni même la moindre considération sur la sacralité d’un vie. Une auto-suffisance alimentée par la haine, la jalousie, la bêtise et dans laquelle ils se complaisent en se faisant passer pour des victimes d’une société qu’il rejette et qu’il haïsse. Ilan a payé le prix le plus cher, victime innocente et réduite à l’impuissance face à des êtres abjects et lâches. Ilan aura été la victime les trois dernières semaines de sa courte vie de ce que l’humanité a pu enfanter de pire. A travers Ilan, ils ont aussi infligé à sa famille la pire des tortures qui continue de les habiter, de les hanter.

Ilan repose en paix aujourd’hui en Israël parce que Juif. Seul endroit qui permet le repos des âmes juives, car même leur repos est parfois menacé ici en France avec des profanations perpétrées par les mêmes profils que ce gang. Aussi, le 13 février 2013, à 19: 00 à Paris au métro « rue des boulets », il est important d’aller soutenir sa famille et de rappeler que nous sommes auprès d’elle. Il est important de montrer à ces bourreaux que nous nous élevons contre la barbarie. Il faut que ces ignobles raclures et déchets sachent qu’ils ont devant eux, l’humanité qui les condamne. Nul pardon, nulle circonstance atténuante ne peut leur être accordée. Il faut les laisser à leur place, c’est à dire dans la poubelle de l’histoire.

N’oubliez pas ce soir MERCREDI 13 FÉVRIER : HOMMAGE A ILAN HALIMI

Rassemblement en commémoration du septième anniversaire de l’assassinat d’ Ilan Halimi le mercredi 13 Fevrier à 19h au 229, bd Voltaire 75011 Paris

Des rassemblements identiques à celui-ci auront Lieu à Jérusalem ,Marseille, Lyon, Nice et Toulouse

Par Angy Dahan pour Alyaexpress-News