Tou Bishvat est l’occasion d’activités en pleine nature puisque c’est par excellence une fête écologique. Les jeunes enfants sont sensibilisés à la beauté de la nature par des promenades dans des sites naturels.
Ce n’est cependant pas la seule occasion symbolique de planter des arbres.
En effet les Juifs ont coutume de planter un cèdre à la naissance d’un garçon et un cyprès à la naissance d’une fille.
D’ailleurs l’arbre est dans la tradition des Hébreux la métaphore de l’être humain, ce qui explique pourquoi il ne doit pas être utilisé en période de guerre pour fabriquer des armes.
L’Arbre ne déroge pas aux normes de la sagesse et de la raison car il recèle à lui seul des sujets métaphoriques parmi les plus abondants et les plus usuels. Il existe particulièrement chez lui diverses explications allégoriques qui tournent à peu près toutes autour de la notion d’un univers vivant et d’une terre se réformant en continue.
En conséquence, sa nature périodique fait de lui un véritable portrait de la vie en pleine évolution, qui plus est, le voilà dressé bras étendus vers les cieux alors que ses racines s’implantent aux sources de la terre.
Notre conception sensible ou fictive de l’Arbre cautionne peut être celle de son mystère en nous, étant donné qu’il concourt entre le perceptible et l’imperceptible, que ce soit matériellement ou par entité, l’Arbre obéit à une problématique constante. Sa robustesse ou sa tendreté est la nôtre, subsisté comme un arbre, n’est-ce pas être puissant et résistant comme lui. Concevoir simplement la possibilité d’embrasser son bois et son feuillage, sont autant d’appels à marier notre corps, notre énergie intérieure et nos pensées.
L’Arbre évoque notre aventure humaine liée à une seule existence, et cependant s’exprimant en mille et une branches différentes, impossible de fuir l’Arbre pas plus que s’enfuir de soi-même. Si l’Arbre est à notre image, c’est qu’il ne diffère guère de l’homme dans sa pluralité la plus ultime.
À propos, la manière dont nous protégeons les arbres et les forêts ne coïncide-t-elle pas avec le portrait que nous tirons de nous-mêmes comme société?
Notre affection pour l’Arbre, c’est l’affection et l’envie qui nous attachent précisément à cette Terre: comme si notre fortune ou notre vécu ici servait à comprendre parfaitement l’insolite et l’indicible dans nos ancrages. Cela veut dire pouvoir frémir sous le vent, nous plier dans la bourrasque et souffrir sans casser, d’ouïr ou d’éprouver les mouvances entre le Ciel et la Terre et de sentir la vitalité formidable qui s’élève et dévale entre les racines et la cime de l’Arbre.
Pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité, l’homme peut prendre conscience de l’unité de la Vie, de l’unité du genre humain, du lien qui unit l’Homme avec la Terre, dans une perspective qui est une véritable préoccupation, ce qui n’a pas toujours été le cas dans les siècles précédents.
La modernité a su travailler à couper l’homme de la nature, à couper l’homme du contact avec la terre. Elle a mis en place une forme de savoir qui demeure une représentation abstraite coupée de la vie. Sitôt que la vie s’éprouve et se reconnaît en moi, elle s’éprouve aussi et se reconnaît en dehors de moi. Le lien entre l’homme et la création ne peut pas être rompu, pas plus qu’il n’a besoin d’être restauré, parce qu’il n’a pas été instauré par une initiative humaine mais par le D.ieu Créateur.
Par contre, ce qui est advenu avec la modernité c’est qu’il a été occulté. Il a fallu des écrivains, des poètes, mais aussi et surtout, un retour aux sources bibliques pour nous ramener au sens de la Terre, dans ce que certains appellent « écologie ».
Plus on vit près de la Terre, plus on vit dans le sentiment sacré de l’amour de la Terre et plus il est évident que l’épopée du progrès technique s’est accompagnée d’une tragédie humaine sans précédent.
Seuls les optimistes naïfs, et les néopositivistes fanatiques peuvent encore croire que l’on peut s’en tenir aux « bienfaits de la technique » et rester indifférent au destin de la Terre; là aussi la rédemption d’Israël devra s’impliquer.