Sur le site « La Provence », Bruno Benjamin, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à Marseille a tenu à dénoncer un silence concernant l’antisémitisme dans sa ville côtière.

« Nous sommes passés de 11 actes antisémites en 2017 à 17 cette année dans les Bouches-du-Rhône, indique Bruno Benjamin. C’est une augmentation et nous sommes très vigilants avec le préfet de police. Il y a eu deux agressions violentes, pour le reste ce sont des tags, des croix gammées et une mezouza arrachée. Mais on ne dit pas le quart de ce qui se passe car beaucoup d’insultes ou d’inscriptions ne sont pas signalées, et c’est encore pire sur les réseaux sociaux où la violence contre les juifs se déchaîne.
L’avènement des réseaux sociaux a démultiplié la caisse de résonance de l’antisémitisme. On le signale aux autorités mais il leur faut des mois pour fermer des comptes antisémites ! Chaque dérapage doit faire l’objet d’un dépôt de plainte et être sanctionné lourdement. Le gouvernement mène ce combat à nos côtés, mais il doit donner d’autres moyens contre cette libération de la parole antisémite.
Comment peut-on accepter en France en 2018 de voir ainsi traiter des gens de « sales juifs » ? On peut, dans notre pays, vilipender des juifs sans être inquiété.« 

Ce cri de colère a été fait en même temps que le 80e anniversaire de la Nuit de Cristal qui n’est autre que la déportation de milliers de Juifs de France et la destruction de tout ce qu’ils possédaient.

« Je ne dis pas qu’on vit aujourd’hui des nuits de Cristal, mais je crains que l’on revienne à des actes de ce type si l’on n’y prend garde, prévient Bruno Benjamin. C’est pourquoi il ne faut rien laisser passer. Sinon, c’est un signe de faiblesse pour ceux qui sont en face… Marseille est une ville encore préservée. Il existe ici un respect dans la diversité des communautés. Je ne sais pas très bien pourquoi et, malheureusement, nous ne sommes pas à l’abri d’un dérapage. Mais pour l’instant, ici, les communautés se connaissent, se rencontrent et se respectent. Je suis cependant inquiet de la résurgence des mouvements identitaires… il convient d’être « prudent dans certains quartiers et peut-être éviter de porter la kippa ou se balader la nuit sans être accompagné. On ne met pas la kippa sereinement à Marseille, car on est identifié comme juifs et certains pensent qu’un juif, on peut le molester et l’insulter.
Mais ne pas porter la kippa, si on souhaite la porter, c’est se résigner et accepter le mauvais regard de l’autre. »