Le fossé très profond qui existe en terre d’islam entre sunnites et chiites, est bien sûr une aubaine pour Israël. L’Iran, par sa politique expansionniste en Irak, en Syrie où elle soutient Bachar al-Assad, au Liban où elle soutient le Hezbollah et au Yémen où elle soutient les Houtis ; puis, sa volonté affirmée d’entrer dans le club des détenteurs de la bombe atomique, inquiète à la fois Israël et l’Arabie saoudite et suscite ainsi un rapprochement naturel entre ces deux pays selon l’adage bien connu « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».
Naturellement, et face à ses faucons intérieurs c’est à dire ses musulmans traditionalistes, l’Arabie saoudite ne peut pas afficher au grand jour, ses points communs avec Israël. Cependant, le nouvel homme fort du pays Mohamed bin Salman dit MBS, est un pur élève de Machiavel. Il a la « virtu ». En un mot, il est à la fois Renard « pour découvrir les pièges » et Lion « pour se défaire des coups ». Or, cet homme peut être une sorte de salut pour Israël. En avril 2018, lors d’une visite à Washington, il affirme qu’ « Israel a le droit d’exister ». Et plus tard, il dira encore : « S’il y a la paix (entre Israël et les Palestiniens) il y aura beaucoup d’intérêts entre Israël et les pays du Conseil de coopération du Golfe ». En fait, et désormais comme beaucoup de dirigeants arabes, il n’a que faire des Palestiniens qui finissent par tous les lasser. Ils font tous semblant de … Face à cette réalité, Israël a une carte à jouer pour peut-être en finir avec le problème palestinien.
MBS en effet a de l’argent, énormément d’argent. Aussi -c’est peut-être naïf de ma part, je le reconnais volontiers- toute la stratégie d’Israël devrait consister à obtenir, progressivement, de MBS, qu’il lâche les Palestiniens ou plutôt, qu’il lâche aussi bien le Fatah que le Hamas en leur enlevant toute légitimité politique, la légitimité politique étant d’ailleurs un bien grand mot puisque la démocratie, contrairement à Israël, est bien sûr absente parmi les Palestiniens. Les arabes qui vivent en Israël et qui ont des représentants à la Knesset, en sont parfaitement conscients. Cela lui permettrait de proposer au peuple palestinien, c’est à dire, aux citoyens palestiniens, un appui financier phénoménal lui permettant, en Arabie saoudite même, de se fondre harmonieusement dans la population saoudienne qui elle, ne manque de rien ; en d’autres termes, cela lui permettrait de proposer aux Palestiniens une vie concrète bien meilleure que celle qu’ils vivent actuellement !
Alors, allez-vous me dire : « mais qu’est-ce que tout cela a à voir avec l’effondrement du régime des mollahs ? ». Même si cette stratégie qui, bien évidemment prendra beaucoup de temps à porter ses effets et même si elle est liée entre autres, à la réélection de Donal Trump puisque Trump et MBS sont de grands amis, elle ne réussira que si les mollahs restent au pouvoir en Iran. Pourquoi ? Parce que si Trump réussissait, notamment par ses sanctions économiques toujours plus fortes à ce que se produise en Iran une révolution conduisant au renversement du régime des mollahs, on pourrait craindre, non pas bien sûr, une convergence, même diplomatique, entre sunnites et chiites mais à tout le moins, une déligitimation dans l’esprit de MBS du rapprochement entre son pays et Israël. L’Iran en effet ne serait plus l’ennemi de l’Arabie saoudite et le jeune dirigeant saoudien verrait peu d’intérêt à la poursuite de sa « cordiale entente » avec Israël. MBS est un homme particulièrement pragmatique. Et cela, Israël doit en être convaincu. Donc à mon avis, il est temps pour Israël (si toutefois ce n’est pas déjà fait) de se mettre à la tâche. Tout cela est de la « real politic ». Ce n’est peut-être pas très élégant mais il en va de la vie paisible (enfin !!!) des Israéliens.