Et c’est tant mieux. Il semble que le monde, pourtant si malade aujourd’hui, si troublé, si désespéré même… ait positivement évolué. Et l’on peut se réjouir qu’il n’y ait pas eu jusque là un imbécile mauvais esprit à lancer la rumeur, accusant, le sourire aux lèvres, que tout cela est encore un coup des Juifs, ces Juifs qui seraient à l’origine d’un complot international conformément à ce qui avait été écrit dans les Protocoles des sages de Sion.

J’ose espérer que le coronavirus ne va pas prendre l’ampleur de la Peste noire qui, dans les années 1348 et suivantes anéantit le tiers de la population de l’Europe. Des milliers de juifs avaient été massacrés, brûlés vifs, précipités parfois dans des puits et leurs maisons pillées bien sûr… et leurs débiteurs en avaient profité pour se libérer de leurs dettes ! Comme par un effet du hasard surprenant, la maladie avait eu pour origine la Chine. Etrange, diront certains, cherchant à retenir en eux, à maîtriser même, cette pulsion satanique qui de tous temps, a toujours caractérisé les populations fragilisées par les tremblements de terres, les tempêtes, les famines et les épidémies donc. Il faut bien une cause aux malheurs pardi, Satan lui-même ne suffisant pas ! C’est bien connu, il y a toujours eu des traîtres, des traîtres aux nations et des traîtres à l’humanité. Des milliers de femmes qu’on a appelées sorcières, envoûtées par le Malin, en ont fait les frais… et les Juifs aussi. D’ailleurs, les Juifs, par leur nature même, sont des traîtres : ce sont eux qui ont accusé le Christ et puis, ils n’ont pas de patrie eux, n’est-ce pas ? Et dans la traîtrise, se cache toujours la notion de marginalité, de répugnance également et tout cela réuni forme une énorme cause, celle du malheur qui tombe dessus tous les autres.

Pourquoi ? Parce que les Juifs, dans la grande toile de l’humanité, ont toujours été l’insecte affreux dont cette araignée infecte, c’est à dire tous les hommes, se sont nourris. Une minorité, surtout lorsqu’elle a la volonté de vivre à part, avec sa religion, ses moeurs, ses vêtements, les bruits qu’elle produit parfois, dans son coin, son shtelt, au sein d’une terre qui lui est étrangère, c’est pain béni pour les esprits simples qui forment la foule. On appelle cela le phénomène du bouc-émissaire qui concentre sur son corps par les coups qu’il prend, toute la haine, cette haine provoquée par le malheur logique et inévitable du monde. Sartre dans sa Réflexion sur la question juive a dit que le juif était un être doux ce qui sous-entend qu’en se défoulant sur lui, on ne risque aucune réplique violente. Alors, on peut s’en donner à cœur joie, on aura pour un temps oublié le malheur qui accable. Après la Shoah, des auteurs israéliens ont d’ailleurs été étonnés du manque de volonté manifeste des Juifs à se révolter ou du moins à résister aux nazis (ce qui n’est pas totalement vrai). Lors des pogroms dans la Russie tsariste, les Juifs ont parfois organisé des milices d’auto-défense qui ont sauvé beaucoup de vies.

Et c’est là où Israël prend toute son importance. Avant lui, et du fait de la diaspora, et malgré la richesse dont pouvaient disposer certains d’entre les Juifs et même au bénéfice du peuple hébreu, les Juifs d’une manière générale, ne pouvaient être qu’exposés régulièrement, à la vindicte des Gentils c’est à dire des autres hommes conformément à ce que j’ai appelé dans mon livre « L’urgence démocratique », la bestialocratie. Or aujourd’hui, Israël par sa puissance militaire, par son génie, par sa volonté de vivre, est la grande main protectrice des Juifs. Et si des Juifs, ici ou là, sont menacés, il y a l’aliyah. Et cette fois donc, grâce à cette réalité inébranlable qu’est Israël, les Juifs ne sont plus accusés de crimes rituels, de profanation d’hostie ou de propagateurs d’épidémies. Israël est la nation des Juifs.Théodore Herzl… aura donc été un vrai messie pour les Juifs !