L’amour de soi et la confiance en soi sont les deux colonnes qui permettent à l’estime de soi d’exister. L’amour de soi nous permet d’accepter nos fissures et nos tares avec bienveillance, quoique sans indulgence, nous autorisant ainsi à nous octroyer une importance alors même que nous avons conscience de nos défauts.

« Aimer son prochain comme soi-même» est tiré d’un verset biblique, tout le monde le connaît mais tout le monde le vit-il dans le bon sens? Souvent nous n’en retenons qu’une partie: aime ton prochain. C’est oublier que tout amour vrai du prochain s’ancre d’abord dans un amour vrai de soi. On ne peut laisser l’amour déborder vers les autres s’il n’est pas réellement présent pour soi-même d’abord. Nombreux sont ceux qui croient qu’autant il est vertueux d’aimer autrui, autant il est coupable de s’aimer soi-même. C’est une erreur de logique qui sous-tend la notion d’incompatibilité entre l’amour des autres et l’amour de soi. Si c’est une vertu d’aimer mon prochain en tant qu’être humain, ce doit en être une de m’aimer moi-même, étant donné que je suis aussi un être humain.

Le précepte biblique signifie précisément que le respect de sa propre intégrité et singularité, l’amour et la compréhension de son propre soi, sont inséparables du respect, de l’amour et de la compréhension d’autrui. L’amour des autres et l’amour de nous-mêmes ne constituent pas une alternative. Au contraire, l’amour de soi se rencontre chez tous ceux qui sont capables d’aimer les autres.  » Il est donc légitime de prétendre que le moi propre doit être objet de notre amour au même titre que toute autre personne. L’affirmation de notre vie, de notre bonheur, de notre croissance et de notre liberté, s’enracine dans notre capacité d’aimer, c’est-à-dire dans la sollicitude, le respect, la responsabilité et la connaissance.  

Si vous vous aimez vous-même, vous aimez chacun comme vous-même. Aussi longtemps que vous aimerez quelqu’un moins que vous-même, vous ne réussirez pas vraiment à vous aimer, mais si votre amour s’étend à tous également, vous-même y compris, vous aimerez l’ensemble des êtres comme ne faisant qu’une seule personne, et cette personne est à la fois Dieu et l’homme. Aussi est-il grand et juste celui qui, s’aimant lui-même, aime tous les êtres d’une égale façon.

L’amour de soi renvoie à la spontanéité dans ce qu’elle a de vital. Tout être vivant tend à persister dans son être c’est-à-dire à poursuivre ce qui contente ses besoins et ses désirs et à fuir ce qui menace sa croissance. C’est là sa propension spontanée et son inquiétude majeure. C’est dire qu’il ne se contente pas d’éprouver l’ambition de s’entretenir mais il y prend intérêt. Chaque personne étant chargé particulièrement de sa propre conservation, la première et la plus importante de ses attentions est et doit être de se protéger sans cesse, et comment y veillerait-il ainsi s’il n’y prenait le plus grand intérêt? L’amour de soi est donc une diligence à l’endroit de son être. La vie étant le bien propre de chacun, rien n’est plus naturel et légitime que de veiller à la sauvegarder et à la déployer sous forme heureuse. S’aimer soi-même souffre d’avoir le souci de soi, d’aspirer à son propre bonheur, de poursuivre toutes choses en vue de son accomplissement.