Elle reconnaĂźt que les gens ont des croyances, des cultures et des opinions politiques diffĂ©rentes. Cela envoie le message que, mĂȘme si nous sommes diffĂ©rents Ă bien des Ă©gards, nous pouvons travailler et vivre ensemble de maniĂšre avantageuse pour nous deux. LâhomogĂ©nĂ©itĂ© authentique est basĂ©e sur les valeurs dĂ©mocratiques, lâouverture dâesprit et le concept de multiculturalisme. La cohĂ©sion est un environnement stimulant oĂč tous cohabitent harmonieusement et reposent sur les principes dâĂ©galitĂ© et de respect mutuel.
Etre totalement dĂ©possĂ©dĂ© du sentiment dâunitĂ© humaine interpelle un sujet essentiel, la lĂ©gitimitĂ© de lâaltĂ©ritĂ© pour lâaltĂ©ritĂ©. Il sâagit dâune rĂ©ponse contre toutes les hĂ©gĂ©monies, la raison actuelle parvient lentement Ă reconnaĂźtre que la conscience dâautrui se fonde sur lâobligation de vivre mon prochain et sa diffĂ©rence.
Mis face à face avec notre ordinaire, avec les maux du racisme, du communautarisme, de la religion et du politique, nous sommes devenus trÚs irascibles quant à la déférence due à cette différence.
Lâautre, sous couvert de couleur, de formes, de croyances, doit pouvoir sâexprimer parmi nous. Refusons dâĂ©mettre toute sorte de sentence vindicative. Sinon les effets seront terribles et la sĂ©cession engendrĂ©e par la couleur de peau, la foi, lâaccent, la culture, les maniĂšres de vivre⊠source de violence. La diversitĂ© doit ĂȘtre accueillie pour ce quâelle est, reçue comme un fait, de la mĂȘme maniĂšre que nous admettons les rĂ©alitĂ©s de notre univers, aussi plurielles soient-elles, au sein de la Nature. Par la seule variĂ©tĂ© des instruments, des sons et des accords, le concert devient lâĆuvre harmonieuse par excellence.
Ce sont les contrastes qui offrent Ă lâimage, au tableau, le reflet dâun ensemble soutenant le beau la richesse, la densitĂ©, la gaietĂ© et la vie.
Or, dans le monde humain, il semble que la diversitĂ© fasse problĂšme, dâemblĂ©e. Il nous est Ă©trangement difficile dâaccepter la diversitĂ© humaine, comme telle.
Il est certes naturel que nous Ă©tablissions, plus facilement, des liens avec des personnes dâhorizons similaires, nous hĂ©sitons souvent Ă frĂ©quenter, ou Ă travailler, avec des communautĂ©s culturelles trĂšs diffĂ©rentes des nĂŽtres. Cela conduit inĂ©vitablement Ă une situation dans laquelle nous sommes ignorants de ce qui se passe au-delĂ de nos propres murs, dans dâautres communautĂ©s, dâautres rĂ©gions de ce pays oĂč nous rĂ©sidons.
En consĂ©quence, et tout naturellement, nous commençons Ă nous mĂ©fier de tout ce qui est diffĂšrent, la crainte par insuffisance, la peur par mĂ©diocritĂ©, servent la bĂȘtise, la malveillance et les rivalitĂ©s.
LâunitĂ© ne peut aboutir sans abandonner nos mauvais penchants, sans cesser de rechercher lâunicitĂ© rassurante et cesser de vouloir imposer lâuniformitĂ©.
Cela concerne tout dâabord la cellule familiale, source premiĂšre de lâĂ©ducation intime, puis la citĂ© ouverte vers lâĂȘtre social et enfin mon pays dans son ensemble. Partager les mĂȘmes valeurs, la mĂȘme culture, la mĂȘme origine, les mĂȘmes us et coutumes, nâa jamais empĂȘchĂ© les conflits et les drames. Toutefois, nous ne pouvons pas ignorer la rĂ©alitĂ© : dans notre pays, nous ne partageons pas tous les mĂȘmes valeurs, nous ne suivons pas une seule et mĂȘme pratique religieuse et nous venons, pour beaucoup, de cultures diffĂ©rentes.
Pour jouir de la paix, de la prospĂ©ritĂ© et de la dĂ©mocratie, nous devons dâabord reconnaĂźtre que nous ne sommes pas tous identiques, mĂȘme si Juifs.
Nous pouvons alors nous efforcer de dĂ©velopper lâunitĂ© par le respect mutuel et la tolĂ©rance pour nos diffĂ©rences. Lâun des moyens de rĂ©aliser lâunitĂ© consiste Ă interagir avec des personnes dâorigines diffĂ©rentes des nĂŽtres. GrĂące Ă cela, nous pouvons comprendre et respecter les cultures de chacun. Progressivement, nous commencerons Ă comprendre les joies, les difficultĂ©s et les griefs des autres.
Pour moi, vivre dans une société uniforme serait plutÎt ennuyeux.
Pour ma part, je choisirai toujours de vivre parmi des personnes appartenant à des systÚmes sociaux différents, aux opinions politiques et aux appartenances religieuses différentes.
Cet environnement est nettement plus passionnant, avantageux et profitable.
Mais changer notre façon de penser, de nous comporter et dâinteragir avec les autres nâest pas une entreprise facile.
Nous devons changer radicalement notre maniĂšre de faire.
Cela nous oblige Ă nous interroger.
Cela nous oblige Ă ĂȘtre plus conscients de notre environnement.
Nous devons ĂȘtre assez courageux pour nous mĂȘler Ă des groupes inconnus et explorer de nouveaux domaines. Ainsi, la prochaine fois que nous prononcerons le mot « unité », rĂ©flĂ©chissons dâabord si nous le pensons vraiment ou non.
Si le problĂšme nâest pas un manque de terrain dâentente, si nous sommes toujours unis par notre hĂ©ritage, par notre destin, alors peut-ĂȘtre que le problĂšme se trouve ailleurs ?
Peut-ĂȘtre est-ce un problĂšme dâidĂ©ologie ?
Cela conduit Ă une seconde objection :
Les Juifs orthodoxes ne pensent pas que les autres Juifs sont authentiquement Juifs.
Les Juifs conservateurs, réformistes, reconstructeurs et postmodernes ne pensent pas que les orthodoxes soient éthiques ou ouverts.
Il est vrai que nous, Juifs, nous empressons de nous stéréotyper.
Des porte-paroles orthodoxes accusent des rabbins non orthodoxes dâĂȘtre des « clowns » et affirment que les autres mouvements ont abandonnĂ© la Torah ou lâont ajustĂ©e pour lâadapter Ă leurs fantaisies prĂ©fĂ©rĂ©es.
Les leaders des mouvements sĂ©culiers, eux, affirment que ces derniers sont des superstitieux mĂ©diĂ©vaux (est-ce vraiment une si mauvaise chose ?) Et quâils ne se prĂ©occupent que de la minutie rituelle plutĂŽt que des glorieux mandats Ă©thiques qui animent la tradition juive.
Dans ces accusations, nous jetons lâun sur lâautre lâopprobre, il y a juste assez de vĂ©ritĂ© des deux cĂŽtĂ©s pour nous mettre tous mal Ă lâaise. Mais il nâest pas difficile de percevoir la voix lĂ©sĂ©e de la victime, qui cherche Ă panser ses propres blessures en faisant du mal Ă dâautres. Le âclichĂ©â nâest finalement pas utile : cela ne renforce pas notre JudaĂŻsme et nâaide pas les autres Juifs Ă mieux nous comprendre.
Soyons clairs sur un point. Les Juifs ont toujours argumentĂ© : nâest-il pas vrai que, tout au long des millĂ©naires, diffĂ©rents Juifs se sont accusĂ©s de dĂ©naturer la vĂ©ritable essence de la Foi ? Durant la pĂ©riode du Premier Temple, les rois, les prĂȘtres, les prophĂštes et le peuple sâĂ©loignĂšrent les uns des autres, dĂ©finir qui Ă©tait un « mĂ©crĂ©ant dâIsraĂ«l » dĂ©pendait beaucoup de la position sociale ou religieuse, avantageuse ou non, occupĂ©e. Les HĂ©breux de cette Ă©poque fondatrice nâĂ©taient guĂšre de fervents combattants pour lâunitĂ© et la paix nationale. Ă lâĂ©poque du Second Temple, les choses nâavaient guĂšre changĂ© : les Pharisiens, les SadducĂ©ens, les ZĂ©lotes, les EssĂ©niens et la plĂšbe dĂ©fendaient, chacun, des conceptions trĂšs diffĂ©rentes de la maniĂšre dont lâHĂ©braĂŻsme se concevait.
Observer la Loi, suivre les Commandements, rendre Justice et faire le Bien Ă©taient source de commentaires et dâapprĂ©ciations diffĂ©rentes. Lâintransigeance et la raideur furent Ă lâorigine dâun niveau dâanimositĂ© et de violence inimaginable.
Ă lâĂ©poque talmudique et gaonique, les Juifs de Babylone et dâEretz Yisrael se disputaient avec force, de mĂȘme les rabbins et les karaĂŻtes. Ces fractures se poursuivirent Ă lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale. De nombreuses communautĂ©s, entre autres celles de Provence et du Languedoc, prononcĂšrent, contre les Ă©crits philosophiques de MaĂŻmonide, lâanathĂšme et la peine du feu. On sâexcommunia rĂ©ciproquement, sans misĂ©ricorde ni sans mansuĂ©tude, allant mĂȘme Ă en appeler Ă la justice des âgentilsâ! Ce fut un vĂ©ritable schisme qui sâĂ©tendit, peu Ă peu, Ă toutes les synagogues pendant un siĂšcle entier.
LâĂ©poque moderne nâest pas en reste. Elle a, Ă©galement, rĂ©vĂ©lĂ© de profondes divisions, dont beaucoup nâavaient rien Ă voir avec nos substantifs actuels : le Gaon de Vilna excommuniait les Hassidim qui Ă©taient en guerre contre les Mitnagdim (refus du hassidisme). Sionistes et Bundistes, libĂ©raux et nĂ©o-conservateurs, tous se dĂ©chirent !
Notre peuple, fidĂšle Ă lui-mĂȘme, demeure capable du meilleur et du pire, un peuple contentieux.
La controverse fait partie intégrante de la prise au sérieux des idées.
Malheur Ă nous si jamais nous considĂ©rons nos idĂ©es et nos opinions comme caduques et ne valant plus la peine dâĂȘtre argumentĂ©es. La vĂ©ritĂ© est que nous avons de profonds et sĂ©rieux points de dĂ©saccord dans le domaine de la thĂ©ologie et de la pratique.
Quel état voulons-nous ?
A quelle société aspirons-nous ? (A SUIVRE)
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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