L’essayiste du futur candidat présidentiel français Eric Zemour a déclaré que la France devrait repenser complètement sa politique au Moyen-Orient, puisque ses principes ont été formulés par le président Charles de Gaulle dans les années 60, et depuis lors, ils sont devenus obsolètes.

Il l’a déclaré dans une longue interview accordée l’autre jour à l’édition française de la chaîne de télévision israélienne i24news.

« La France a été l’alliée d’Israël dans deux guerres – en 1948 et en 1956. On sait que dans l’armée israélienne en 1956, des pilotes français se sont battus sur des avions français sur lesquels ils ont peint les étoiles de David. On sait aussi que les Français ont aidé Israël avec la bombe atomique. Mais ensuite, après 1967, le général De Gaulle a déchiré cette alliance. Mais aujourd’hui, si le général de Gaulle était vivant, il aurait mené une politique différente. Nous dépendons de la vision du monde en 1967. Puis, après la fin de la guerre d’Algérie, il a voulu ramener la France dans le monde arabe, et plus largement, dans les pays « non alignés », c’est-à-dire non associés ni au bloc de l’URSS ni à l’Occident. Mais les deux blocs sont partis, la situation en Israël a changé – elle est reconnue par de nombreux pays musulmans et arabes, et il y a une confrontation entre les mondes chiite et sunnite. Le paysage auquel aurait eu affaire le général de Gaulle.

Interrogé sur les perspectives du conflit israélo-palestinien, Eric Zemmour a répondu que « les Palestiniens ont perdu la bataille » et, selon lui, « il n’y aura pas d’Etat palestinien ». « Vous pouvez vous en réjouir, vous pouvez le regretter. Mais, comme le disait de Gaulle, on ne peut pas faire de politique en dehors de la réalité. Et la réalité est la défaite des Palestiniens. Ce qui renforce encore le nouveau rapport de force dans le monde arabo-musulman. On a vu récemment le rapprochement des pays sunnites avec Israël dans la confrontation avec l’axe chiite. C’est échec et échec contre le mouvement palestinien. »

Parlant de la nécessité de réviser la politique française dépassée envers Israël et toute la région, Zemmour n’a pas donné de réponse claire à la question de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade de France.

Apparemment, Zemmour, le fils d’immigrés juifs d’Algérie, ne veut pas passer pour un partisan d’Israël aux yeux de son électorat nationaliste, soulignant à chaque fois qu’il sera guidé exclusivement par les intérêts de la France.

Lorsqu’on lui a demandé s’il était sioniste, Zemmour a répondu que cela dépend du sens qui y est mis. « Si le sionisme est le désir de tous les Juifs de vivre en Israël et d’y rassembler tout le peuple, alors je ne suis pas sioniste, puisque je fais partie du peuple français. Mais si cela signifie protéger Israël et son droit à exister, alors c’est une autre affaire. Dans ce cas, je suis sioniste. »

Il a également donné une réponse douteuse à la question sur les armes nucléaires iraniennes. D’une part, il a déclaré que la bombe atomique iranienne allait déclencher la propagation de telles armes dans toute la région du Moyen-Orient, et d’autre part, il a déclaré que toutes les grandes civilisations du monde en possèdent, y compris le Pakistan musulman, et en Iran, le mouvement dans cette direction a commencé même pendant le Shah.

Le plus frappant a été sa déclaration selon laquelle l’Etat juif, dans tous les cas, ne devrait pas avoir peur du programme nucléaire iranien, « parce qu’Israël a un tel arsenal nucléaire qui arrêtera tout ennemi ».

Zemmour a répété la thèse principale de sa campagne électorale déjà commencée (bien qu’il n’ait pas encore officiellement annoncé sa candidature) : il veut éviter que la France ne se transforme en Liban, où l’émergence d’une importante population musulmane a provoqué un déséquilibre démographique au détriment de Chrétiens et ont divisé le pays en groupes ethno-confessionnels en guerre et, à la fin, ont conduit à l’effondrement de l’État et à la pauvreté.

Selon les derniers sondages, Eric Zemmour entrera au second tour, devant Marine Le Pen et les leaders des partis traditionnels de droite et de gauche. Depuis quelques semaines, il fait le tour du pays avec la présentation de son livre « La France n’a pas dit le dernier mot », recevant un accueil triomphal dans les villes de la Bretagne à la Provence.