Le Conseil d’État de la Choura du Liban a décidé ce mois-ci d’annuler une ordonnance émise en décembre autorisant les réfugiés palestiniens à travailler dans des professions réglementées par les syndicats, après des plaintes selon lesquelles l’ordonnance empiéterait sur les droits des professionnels libanais et affirme que l’ordonnance tentait d’ouvrir la voie pour la naturalisation des réfugiés palestiniens.

L’annulation a été faite après que le conseil a accepté un appel de la Ligue maronite, a annoncé jeudi le chef de la ligue, Neamatallah Abi Nasr, selon l’Agence nationale de presse libanaise (NNA).

En décembre, des règlements modifiés publiés par le ministère du Travail du pays ont déclaré que les Palestiniens nés au Liban et officiellement enregistrés dans les registres du ministère libanais de l’intérieur seront autorisés à exercer des professions qui sont en général réservées aux seuls citoyens libanais, comme le droit, l’ingénierie et la médecine, entre autres.

L’appel interjeté par la Ligue maronite a affirmé que le ministre du Travail avait outrepassé son autorité lorsqu’il a rendu une décision autorisant les Palestiniens à accéder à des professions auparavant interdites. L’appel avait affirmé que la décision violait la constitution du pays, ajoutant que la ligue bloquait les tentatives de « changer le visage moderne et historique du Liban et tentait d’imposer un nouveau statu quo démographique », selon L’Orient Le Jour.

Le mouvement du Hamas au Liban a condamné samedi la décision d’annuler l’ordre, affirmant qu’elle « soulève des questions fondamentales liées à son contexte et à son calendrier, et nuit aux relations libano-palestiniennes ».

Le mouvement a souligné que l’ordre qui avait permis aux Palestiniens de travailler dans des professions auparavant interdites était « louable » et qu’il ne conduirait pas les Palestiniens à s’installer au Liban.

Les opposants à l’appel de la Ligue maronite ont affirmé que le ministre du Travail n’avait pas modifié une loi en ouvrant des professions auparavant interdites et avait simplement annulé les ordonnances précédentes émises par d’anciens ministres du Travail.

La Fédération nationale des syndicats d’employés et de travailleurs du Liban (FENASOL) a annoncé samedi qu’elle ne se conformerait pas à l’annulation de l’ordonnance et continuerait à autoriser les réfugiés palestiniens à travailler dans les professions concernées, selon l’ANI.

« Comment un ancien président de la Ligue maronite peut-il avoir le droit de faire appel de la décision concernant les moyens de subsistance des assiégés dans les camps et souffrant de la faim, de la paupérisation et du chômage ? » interroge la FENASOL. La fédération a appelé tous les syndicats et organisations de défense des droits de l’homme à rejeter la décision et à faire appel.

Environ 180 000 réfugiés palestiniens vivent au Liban, selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Les réfugiés palestiniens au Liban souffrent d’une pauvreté généralisée et d’un manque extrême de droits. Ils ne peuvent pas obtenir la citoyenneté.

Les réfugiés palestiniens au Liban trouvent extrêmement difficile d’obtenir les permis de travail annuels qu’ils sont tenus d’obtenir et travaillent souvent pour un salaire inférieur à celui de leurs collègues libanais. Alors que la crise économique au Liban continue de s’aggraver, l’UNRWA a enregistré une augmentation significative des licenciements arbitraires et de l’absence d’indemnités de fin de service car de nombreux employeurs ne respectent pas les droits du travail des réfugiés palestiniens, selon une note publiée en septembre 2020.

Alors que les réfugiés palestiniens doivent cotiser au Fonds national de sécurité sociale, ils sont largement incapables d’accéder aux avantages du fonds offert aux citoyens libanais.

Près de la moitié de tous les réfugiés palestiniens au Liban vivent dans des camps de réfugiés surpeuplés et insalubres. Les camps sont également en proie à la criminalité et à la violence, avec une application limitée par les autorités libanaises. Les réfugiés palestiniens sont empêchés d’acquérir légalement des biens immobiliers au Liban.