Jusqu’Ă il y a 30 ans, des Ă©missaires de l’Agence juive pour IsraĂ«l (JAFI) travaillaient clandestinement dans l’ex-URSS, comme s’ils Ă©taient des agents du Mossad. La pratique du judaĂŻsme n’Ă©tait pas autorisĂ©e, tant d’IsraĂ©liens et de Juifs de la diaspora entraient dans le pays et essayaient d’enseigner subrepticement un peu d’hĂ©breu ou de judaĂŻsme.
Depuis la chute de l’Union soviĂ©tique et l’Ă©norme exode des Juifs de Russie et des pays voisins, l’Agence juive et d’autres organisations israĂ©liennes ou sionistes peuvent travailler librement. Chaque annĂ©e, des camps d’Ă©tĂ© pour les jeunes juifs sont organisĂ©s, l’immigration en IsraĂ«l et la participation Ă des programmes en IsraĂ«l tels que Birthright Israel et Masa sont encouragĂ©es.
Cependant, le fait que le ministère russe de la Justice exige que l’Agence juive cesse ses activitĂ©s en Russie change la donne.
L’ordre a Ă©tĂ© donnĂ© dans une lettre reçue du ministère russe de la Justice plus tĂ´t cette semaine. Les responsables de l’Agence juive ont confirmĂ© la rĂ©ception de la lettre. Ils ont refusĂ© de commenter la rĂ©ponse possible Ă l’Ă©tude dans les bureaux de l’organisation Ă JĂ©rusalem en consultation avec le ministère des Affaires Ă©trangères et le bureau du Premier ministre.
Selon des estimations rĂ©centes, il y a 150 000 Juifs dans le « noyau de la population juive », dont plus d’un demi-million ont droit Ă la citoyennetĂ© israĂ©lienne en vertu de la loi du retour.
Motifs de la décision
Il y a au moins trois raisons possibles pour l’action de la Russie contre l’Agence juive. Tout d’abord, l’organisation promeut l’immigration des Juifs russes en IsraĂ«l. Deuxièmement, JAFI a Ă©tĂ© Ă l’avant-garde de l’aide aux Juifs d’Ukraine. Et troisièmement, les actions militaires d’IsraĂ«l en Syrie auraient pu inciter le gouvernement russe Ă tenter « d’Ă©duquer » IsraĂ«l en sanctionnant une organisation qui lui est affiliĂ©e.
Quelles sont donc les implications de la fermeture permanente voire temporaire des bureaux en Russie ?
L’impact le plus immĂ©diat sera probablement ressenti par les plus de 100 employĂ©s des bureaux et succursales de l’Agence juive dans toute la Russie. De plus, toutes les activitĂ©s Ă©ducatives qui se dĂ©roulaient jusqu’Ă prĂ©sent, telles que les camps d’Ă©tĂ© juifs et les activitĂ©s Ă©ducatives sur le judaĂŻsme et IsraĂ«l pour les jeunes enfants et les adultes, seront annulĂ©es. Aussi, l’aide aux Russes pour faire leur alyah devra officiellement cesser.
Il y a aussi un manque de vols qui est dû aux sanctions occidentales contre la Russie et au fait que la plupart des compagnies aériennes ne desservent pas la Russie.
Pourquoi attendre ?
La question est : pourquoi le gouvernement israĂ©lien et l’Agence juive ont-ils attendu si longtemps pour envoyer ces Juifs ou descendants de Juifs en IsraĂ«l ? Depuis des mois, les reprĂ©sentants juifs alertent sur le fait qu’ils ont l’impression que le “rideau de fer” se referme en Russie. Cependant, pour une raison Ă©trange, les autoritĂ©s israĂ©liennes n’ont pas envoyĂ© d’avions pour ramener ces Juifs chez eux.
Contrairement aux Juifs ukrainiens, les Juifs russes n’ont littĂ©ralement nulle part oĂą aller. Les pays occidentaux ne veulent pas d’eux et ne les considèrent pas comme des rĂ©fugiĂ©s, et IsraĂ«l peut ĂŞtre isolĂ© d’eux en raison de ces tensions.
L’agence juive gère des Ă©coles du dimanche en Russie, collabore avec des organisations juives locales et organise des cours d’hĂ©breu pour ceux qui souhaitent apprendre l’ancienne langue juive.
Il y a aussi l’Ă©norme effet psychologique sur la communautĂ© juive locale. L’Agence juive est considĂ©rĂ©e comme l’un des reprĂ©sentants d’IsraĂ«l en Russie. C’est un symbole. Il n’y a que des ambassades et des consulats dans deux villes : Moscou et Saint-PĂ©tersbourg, mais l’agence juive a des succursales dans tout le pays.
Si c’est ainsi en Russie, les Juifs lĂ -bas sont susceptibles de cacher leur identitĂ© et d’effacer tous les symboles juifs externes qu’ils pourraient normalement porter ou afficher. Cela pourrait mĂŞme ĂŞtre le dĂ©but d’une nouvelle vague d’antisĂ©mitisme en Russie. Cela pourrait ĂŞtre le message que les Russes tireront des actions de leur gouvernement.
Ă€ propos de l’auteur : Zvika Klein est l’analyste de la communautĂ© juive mondiale du Jerusalem Post. Il est considĂ©rĂ© comme l’un des meilleurs journalistes au monde spĂ©cialisĂ© dans les questions de la diaspora juive. Klein Ă©tait auparavant correspondant des journaux israĂ©liens Makor Rishon et Maariv.
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