Lydia Sasson nous a accueillis chez elle pour raconter lâincroyable histoire de sa famille â comment son pĂšre et son oncle ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s en Irak , et comment sa mĂšre sâest rendue Ă Saddam Hussein pour obtenir leur libĂ©ration.Â
« Jâai immigrĂ© seul en IsraĂ«l. Je dĂ©barque et un agent de lâimmigration mâaccepte. Il veut changer mon nom. Bien sĂ»r, je nâĂ©tais pas dâaccord. Puis il me dit : âLydia, tu dois changer de nom.â Jâai commencĂ© Ă pleurer toute ma vie. Jâai laissĂ© ma mĂšre, un pĂšre et une petite soeur en Irak, et tu veux changer mon nom? Câest la seule chose avec laquelle je suis venu. »
« Puis je lui dis en anglais : tu ne peux pas changer mon nom ! Tu ne le changeras pas, câest mon nom. Mes parents me lâont donnĂ©. Tu ne peux pas le changer. Je ne veux pas. Suite Ă mes pleurs et lâhystĂ©rie, il mâa quittĂ©.
« Il y avait une relation personnelle presque Ă©troite entre la mĂšre de Saddam et ma mĂšre. Mon pĂšre qui croyait quâil Ă©tait un patriote convaincu. CâĂ©tait un agent immobilier. Tout le monde Ă©tait son ami. Je me souviens que lorsque mon pĂšre a dĂ©cidĂ© de sâinstaller dans le prestigieux quartier en 1961, ma mĂšre lui a dit : « Meir, tu construis la maison ici ? Construisons lĂ -bas, en Terre dâIsraĂ«l. Il lui dit ânous sommes ici, quâest-ce qui ne va pas avec nous?â
« Notre situation sâest aggravĂ©e lorsquâil y a eu la guerre des Six jours, lorsque les corps des Irakiens sont arrivĂ©s en Irak. Nous sommes passĂ©s des juifs aux sionistes. En 1968, un vendredi dâhiver pluvieux, aprĂšs avoir dĂ©jeunĂ©, le Kuba Wanderer rouge arrive â nous recevons une sonnerie nerveuse Ă la porte. Nous regardons la porte de la maison et vous voyez cinq personnes avec des lunettes noires debout Ă la porte. Ils sont entrĂ©s dans la maison, lâont tirĂ© du lit en pyjama, lâont menottĂ© les mains, couvert ses yeux. Je me souviens leur avoir dit: « OĂč emmenez-vous pĂšre? ». Ils lâont mis dans une voiture et depuis lors, nous nâavons pas eu de nouvelles de papa depuis neuf mois. Nous ne savons pas sâil est vivant ou mort et les pleurs nâont pas cessĂ© avec la pluie qui est tombĂ©e.
« Il a en fait Ă©tĂ© capturĂ© par le soi-disant « al-Estakhbarat », les services de renseignement irakiens. Ma mĂšre est une femme courageuse. Elle mit lâabaya sur elle, se promena avec un demi-dinar et alla dâun poste de police Ă un autre, demandant des nouvelles de notre pĂšre, avec ses photos et aussi des nouvelles de mon oncle, bien sĂ»r, vous pouviez les soudoyer avec lâargent et les cigarettes.
« Entre-temps, en juillet, il y a eu un coup dâĂtat militaire. Une fois, ma mĂšre sâest trouvĂ©e prĂšs du ministĂšre irakien de la DĂ©fense et ils lâont vue pleurer. Lâun des gardiens a envoyĂ© un officier et a demandĂ© Ă ma mĂšre : âMa sĆur, pourquoi pleures-tu ? â. Puis elle lui montre la photo de mon pĂšre et leur dit : âNous ne savons pas sâils sont vivants ou morts. » Il lui dit : âMadame, un seul peut vous aider, il sâappelle Saddam Hussein.â
« Ma mĂšre Ă Muhart prend sa voiture, conduit et demande Ă un homme prĂšs de la maison : « Est-ce la maison de Saddam ? ». Il lui rĂ©pond : « Je suis Saddam ! Et il lui permet dâentrer. Elle lui raconte lâhistoire. Alors il lui dit : âComment sais-tu que ton mari est innocent ?â. Elle lui dit âJe suis sa femme, je sais toutâ. Il lui rĂ©pond avec un sourire : âQuâest-ce quâune femme sait de son mari ?â .
« Puis elle prononce le nom de Meir Sashon, et il lâarrĂȘta. Il lui dit : âIl est parti ?â, âQui est tu ?â. Saddam nâĂ©tait pas Ă la maison.
« Ma mĂšre est arrivĂ©e la semaine suivante, et en fait, elle nâa pas Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă entrer. Mais Saddam se tenait Ă la porte de la maison et a remarquĂ© ce quâil lui a dit : âSâils sont reconnus coupables, ils seront pendus.â . Ma mĂšre est venue Ă la maison ce jour-lĂ , je me souviens de ce jour comme aujourdâhui, câest effrayant. Et quand parfois je rĂȘve et fais des cauchemars, câest ce jour-lĂ qui revient. Mon pĂšre et mon oncle ont Ă©tĂ© jugĂ©s puis condamnĂ©s Ă trois ans de prison. Ils Ă©taient dĂ©jĂ sous la torture depuis un an et huit mois.Â
« Ils ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s Ă la prison dâAquba prĂšs de Diyala et je leur ai  rendu visite. La premiĂšre fois, nous sommes allĂ©s lui rendre visite. Il y a eu des cĂąlins, et il nous a montrĂ© sa jambe qui Ă©tait presque amputĂ©e â et il leur a dit : âSi vous lâamputez , tuez-moi ». Il est sorti de prison en 71. Je pense que grĂące Ă Saddam ils ne lâont pas pendu. Pour eux câest un autre⊠pour nous câest un pĂšre.  » A mon avis, je pense quâil admirait maman pour son courage. Je ne pense pas que beaucoup soient venus vers lui pour lui demander grĂące. »Â
Elle a racontĂ© son immigration en IsraĂ«l et a dĂ©clarĂ© : « Jâai obtenu un passeport parce que jâĂ©tais Ă©tudiante. Au dĂ©but, jâai Ă©tĂ© envoyĂ©e au kibboutz Gebraam, puis jâai Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e au kibboutz Gan Shmuel. Jâai apprĂ©ciĂ© chaque instant lĂ -bas, plus tard, tout en faisant une maĂźtrise Jâai Ă©tudiĂ© la biologie, tout en faisant une maĂźtrise en biochimie. Il y avait une annonce â « Nous recherchons un enseignant pour huit heures au gymnase dâHerzliya. Et jây ai travaillĂ© pendant environ 43 ans. JâespĂšre que les enseignants de mes petits-enfants diront la mĂȘme chose quand ils prendront leur retraite. »Â
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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