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Il n’y aura pas de guerre civile en IsraĂ«l

Les lecteurs de la presse israĂ©lienne grand public voient chaque jour une avalanche d’articles et de publicitĂ©s proclamant que le pays est au bord de la guerre civile, puis accusant les propositions de rĂ©forme judiciaire de la droite de nous y avoir amenĂ©s. Mais nous n’en sommes pas lĂ .

On pourrait faire une pause et souligner que l’allĂ©gation de causalitĂ© est connue pour ĂȘtre fausse parce que les manifestations ont Ă©tĂ© planifiĂ©es avant mĂȘme que les propositions de rĂ©forme judiciaire ne soient publiĂ©es. À cet Ă©gard, les dĂ©fenseurs des manifestants ne sont pas diffĂ©rents du chef de l’OLP, Yasser Arafat, qui a affirmĂ© que la DeuxiĂšme Intifada avait Ă©tĂ© « causĂ©e » par la visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple en septembre 2000. En fait, nous savons que le programme terroriste Ă©tait planifiĂ© Ă  l’avance. La visite de Sharon a simplement Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la justifier, comme si quelque chose pouvait justifier le massacre de civils.

Mais je souhaite attirer l’attention sur un point diffĂ©rent et plus fondamental, Ă  savoir que la gauche et la droite en IsraĂ«l ne jouent pas selon les mĂȘmes rĂšgles.

La gauche, bien conseillĂ©e par des cabinets de relations publiques coĂ»teux, s’est emparĂ©e du drapeau israĂ©lien comme support et a justifiĂ© l’intensitĂ© de son opposition Ă  la rĂ©forme judiciaire par la maxime sĂ©culaire : pour ajouter Ă  leur dĂ©monstration de l’engagement irrĂ©vocable de leur Ă©quipe envers IsraĂ«l. Dans le mĂȘme temps, cependant, les dirigeants de la contestation – un groupe coextensif avec l’élite high-tech, riche, laĂŻque – ont appelĂ© Ă  une sortie ou Ă  une confiance dans  d’autres pays. Ils menacent de partir vers d’autres pays ; dĂ©placer leur argent ou leurs affaires vers d’autres pays; pour y envoyer leurs enfants. Et ils demandent qu’IsraĂ«l soit dĂ©pouillĂ© de la capacitĂ© de se dĂ©fendre Ă  moins que leurs vues sur la politique ne soient adoptĂ©es comme contraignantes pour tous.

Le dernier exemple en date est une dĂ©claration publiĂ©e le 20 juillet par Nadav Argaman, l’ancien chef du Shabak (le FBI israĂ©lien) selon laquelle une loi a Ă©tĂ© adoptĂ©e, interdisant aux tribunaux d’annuler les lois adoptĂ©es par la Knesset simplement au motif qu’une majoritĂ© d’un panel de la cour pense que la loi dĂ©raisonnable, constituera une rupture du contrat solennel entre les soldats et l’Etat. Par consĂ©quent, affirme-t-il, le serment du soldat d’obĂ©ir aux ordres et de dĂ©fendre le pays ne s’applique plus.

Une telle dĂ©claration par un tel homme pourrait faire trembler pour l’avenir d’IsraĂ«l. C’est exactement l’objectif, tout comme le torrent d’articles sur des centaines de soldats de rĂ©serve qui disent qu’ils ne se prĂ©senteront pas au service lorsqu’ils seront appelĂ©s pourrait laisser croire que la plupart des combattants les plus importants choisiront de quitter le pays sans dĂ©fense si leurs revendications ne sont pas rencontrĂ©s.

C’est faux, comme le rĂ©vĂšlent Ă  la fois des Ă©vĂ©nements rĂ©cents, des Ă©vĂ©nements pas si rĂ©cents et des Ă©vĂ©nements d’il y a longtemps. Et le moteur de ces Ă©vĂ©nements est un fait politiquement incorrect auquel il faut faire face : la gauche et la droite ne jouent pas selon les mĂȘmes rĂšgles.

Alors que le sarvanut – refus de servir – de certains soldats a reçu une large diffusion d’une presse sympathique, il est Ă©clipsĂ© par l’insistance Ă  servir par des dizaines et des dizaines de milliers d’autres soldats qui savent mieux quoi faire avec la dĂ©fense du pays de facon objective et proffesionnelle. Des lettres circulant parmi les rĂ©servistes pendant une journĂ©e – une seule journĂ©e – promettant de ne jamais refuser les commandes ont Ă©tĂ© signĂ©es par plus de 60 000 personnes. En 24 heures. Pour autant que je sache, aucune mention de ces lettres n’est apparue dans un journal ou un site Web israĂ©lien Ă  grand tirage.

Mais cet attachement Ă  la structure de commandement et au principe le plus fondamental de la dĂ©mocratie – le contrĂŽle civil de l’armĂ©e – fait partie d’un fait culturel plus large : lorsque le gouvernement israĂ©lien ne fait pas ce que veut la droite, la droite ne menace jamais de se retourner contre son propre pays .

Ce fut le cas lors de l’expulsion de tous les Juifs de la bande de Gaza, Ă  laquelle la droite s’opposait avec passion mais ordonnĂ©e par le gouvernement. Aucun dirigeant politique de droite n’a encouragĂ© les soldats Ă  refuser d’obĂ©ir aux ordres d’exĂ©cuter la directive. Aussi attachĂ©s qu’ils aient Ă©tĂ© aux communautĂ©s juives de Gaza, les dirigeants de la droite Ă©taient bien plus profondĂ©ment attachĂ©s Ă  l’État d’IsraĂ«l. Et ils savaient que le sarvanut – refuser des ordres, mĂȘme des ordres dont ils Ă©taient convaincus qu’ils Ă©taient des violations de principes religieux profonds concernant la saintetĂ© de la Terre d’IsraĂ«l – conduirait Ă  une guerre civile qui pourrait dĂ©truire l’État. Ils n’ont donc pas refusĂ© et n’ont pas encouragĂ© le refus. Les quelques personnalitĂ©s marginales qui ont publiquement envisagĂ© de refuser ont Ă©tĂ© rejetĂ©es comme antipatriotiques. Et ces personnes ont Ă©tĂ© ignorĂ©es.

On peut remonter plus loin. En 1944, le LĂ©hi de droite assassina un responsable britannique en Égypte. Dans une pĂ©riode connue sous le nom de saisson, les forces britanniques ont Ă©tĂ© rejointes dans leurs reprĂ©sailles par le Palmach de David Ben Gourion, qui a rassemblĂ© et torturĂ© leurs adversaires dans l’Irgoun de Menachem Begin.

Les hommes de Begin voulaient riposter contre le Palmach. Mais il a refusĂ© de le permettre parce que Begin savait que des reprĂ©sailles conduiraient Ă  la guerre civile. Ses hommes lui obĂ©irent. Il n’y a donc pas eu de reprĂ©sailles.

La mĂȘme source profonde d’engagement envers l’État juif est ce qui a conduit Begin Ă  ordonner Ă  ses hommes sur l’Altalena de ne pas riposter lorsque les soldats de Ben Gourion ont tirĂ© sur ce navire au milieu d’une lutte pour savoir qui aurait le contrĂŽle des armes Ă  bord, qui avaient Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  armer les Juifs dĂ©fendant l’État naissant contre ceux qui cherchaient Ă  le dĂ©truire. Le mĂȘme principe Ă©tait en jeu et la mĂȘme action a Ă©tĂ© entreprise : riposter menacerait la guerre civile. La droite n’a donc pas ripostĂ©.

C’était donc alors; il en est ainsi aujourd’hui et il en sera ainsi demain. La droite ne ripostera pas sur la gauche.

Contrairement aux manifestations menaçantes, sinon carrĂ©ment violentes, menĂ©es par la gauche, la droite ne cherche pas Ă  perturber le fonctionnement du pays. Ce n’est pas seulement qu’ils n’essaient pas de paralyser l’armĂ©e ou d’utiliser l’armĂ©e pour obliger le reste du pays Ă  faire leur volontĂ©. C’est aussi qu’ils n’essaient pas de fermer le pays. Ils ne ferment pas l’aĂ©roport ou le systĂšme ferroviaire national ; ils ne crient pas sur leurs adversaires politiques dans les restaurants ou ne perturbent pas la vie familiale ou les sabbats de leurs adversaires.

La droite ne fera pas non plus autre chose dont la gauche parle et fait parfois : partir.

Alors qu’ils marchent sur l’air de ŚŚ™ŚŸ ŚœŚ Ś• ŚŚšŚ„ ŚŚ—ŚšŚȘ, la gauche est allĂ©e jusqu’à embrasser une campagne BDS contre leur propre pays. Ils ont appelĂ© Ă  la sortie de l’argent des investissements et Ă  l’émigration de ce qu’ils croient ĂȘtre les citoyens les plus prĂ©cieux d’IsraĂ«l – eux-mĂȘmes – si des lois avec lesquelles ils sont fondamentalement en dĂ©saccord sont adoptĂ©es. Los Angeles, New York, Berlin (vraiment ? Berlin ?) sont les endroits oĂč se rendent ces IsraĂ©liens. Ils ont effectivement d’autres pays. Ou du moins ils pensent qu’ils le font.

La droite ne fait pas cela et, je crois, ne le fera jamais. Quand la droite dit ŚŚ™ŚŸ ŚœŚ Ś• ŚŚšŚ„ ŚŚ—ŚšŚȘ, elle sait que c’est vrai. Ils ne menacent pas de partir sous prĂ©texte que leur politique n’est pas la politique dominante, et ils ne partent pas pour cette raison. AprĂšs tout, la droite a Ă©tĂ© la perdante de la politique pendant les trois premiĂšres dĂ©cennies de l’existence du pays. Mais il n’y a eu aucun mouvement de Jabotinskyites ou de haredim menaçant de se dĂ©placer
 n’importe oĂč. Ils Ă©taient attachĂ©s au pays (et Ă  leurs familles), c’est pourquoi ils sont aujourd’hui majoritaires.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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