Sur lâĂźle de Maui Ă HawaĂŻ , une vaste opĂ©ration de recherche se poursuit ce soir (dimanche) pour les victimes de lâincendie massif qui a presque complĂštement dĂ©truit la station balnĂ©aire historique de Haina. JusquâĂ prĂ©sent, le nombre de morts sâĂ©lĂšve Ă 93, et il sâagit dĂ©jĂ de lâincendie le plus meurtrier aux Ătats-Unis en 100 ans , mais les autoritĂ©s prĂ©viennent que ce nombre devrait grimper Ă lâavenir et que jusquâĂ prĂ©sent, la recherche nâa Ă©tĂ© achevĂ©e que dans environ 3% de la zone touchĂ©e.
Au moins 2 200 structures ont Ă©tĂ© dĂ©truites ou endommagĂ©es dans lâincendie, et selon le chef de la police de Maui, John Peltier, la zone de la catastrophe sâĂ©tend sur environ 13 kilomĂštres carrĂ©s. « Aucun de nous ne connaĂźt encore vraiment lâĂ©tendue », a-t-il dĂ©clarĂ© dans un mĂ©dia briefing, se rĂ©fĂ©rant au nombre de morts.Les chiens qui aboient lorsquâils dĂ©tectent une odeur ou un signe de corps aident Ă©galement. Les Ă©quipes qui parcourent les restes de suie des maisons et des voitures les marquent dâun X pour indiquer quâils ont Ă©tĂ© fouillĂ©, et les lettres HR pour indiquer quâun corps a Ă©tĂ© retrouvĂ©.
Le travail dâidentification est Ă©galement assez difficile, et selon le chef de la police jusquâĂ ce matin, seuls deux des corps qui ont Ă©tĂ© localisĂ©s ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Peltier a expliquĂ© que le feu Ă©tait si puissant que mĂȘme les mĂ©taux avaient fondu dans lâincendie et que les corps eux-mĂȘmes « tombaient en morceaux » alors que les Ă©quipes de recherche tentaient de les rĂ©cupĂ©rer. Le gouverneur dâHawaĂŻ, Josh Green, a estimĂ© que cet incendie finirait par devenir la catastrophe naturelle la plus meurtriĂšre de lâhistoire dâHawaĂŻ, actuellement juste derriĂšre le tsunami qui a frappĂ© les Ăźles en 1946, lorsque 150 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es. Le nombre de personnes portĂ©es disparues dans lâincendie se compte maintenant par centaines, mais on pense que certaines dâentre elles sont tout simplement dĂ©connectĂ©es. Les autoritĂ©s ont appelĂ© les proches des disparus Ă effectuer des tests ADN pour aider Ă identifier les corps.
Lâincendie de Maui, rappelons-le, sâest dĂ©clarĂ© mardi dernier sur la deuxiĂšme plus grande Ăźle dâHawaĂŻ et a frappĂ© trĂšs rapidement Lahaina, sous les auspices dâune sĂ©cheresse sĂ©vĂšre et de vents violents provoquĂ©s par un ouragan passĂ© prĂšs de lâĂźle. Dâautres incendies ont fait rage dans la rĂ©gion ce jour-lĂ , mais Lahaina a subi le plus gros des dĂ©gĂąts : câest une station balnĂ©aire avec une histoire ancienne, qui a mĂȘme servi de capitale du Royaume dâHawaĂŻ au 19Ăšme siĂšcle, et environ deux millions de touristes visitent cet endroit chaque annĂ©e. Dans lâincendie, non seulement les maisons des habitants mais aussi les hĂŽtels ont pris feu et les dĂ©gĂąts sont estimĂ©s Ă 5,5 milliards de dollars. Environ 12 000 habitants vivent dans la ville et des milliers ont perdu leur maison.
MĂȘme maintenant, les pompiers de Maui combattent trois autres incendies, et dans lâun dâeux dans la zone montagneuse du centre de lâĂźle, 544 autres bĂątiments auraient Ă©tĂ© endommagĂ©s, mais il nây a eu aucune victime dans ces centres.
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Depuis le week-end, les interrogations se multiplient quant au comportement des autoritĂ©s, et on soupçonne de plus en plus une omission qui a contribuĂ© Ă lâampleur du sinistre : de nombreux rescapĂ©s ont tĂ©moignĂ© nâavoir reçu aucun avertissement avant que les flammes ne commencent Ă se propager dans la commune , et quâils ont compris quâils ne devaient sâenfuir que lorsquâils ont vu lâincendie dans les maisons voisines ou la fuite de leurs voisins. Les autoritĂ©s ont admis plus tard que les systĂšmes dâalarme, qui avaient Ă©tĂ© mis en place Ă HawaĂŻ suite Ă la catastrophe du tsunami de 1946, ne fonctionnaient pas et que les alertes envoyĂ©es aux tĂ©lĂ©phones portables et aux rĂ©seaux locaux de radio et de tĂ©lĂ©vision nâĂ©taient pas assez efficaces en raison des coupures de courant causĂ© par le feu.
Dans lâombre des allĂ©gations de nĂ©gligence, il a Ă©galement Ă©tĂ© signalĂ© que les autoritĂ©s dâHawaii avaient sous-estimĂ© le danger que reprĂ©sentaient les incendies pour les habitants des Ăźles, et que dans le plan de gestion des urgences publiĂ© lâannĂ©e derniĂšre, ce danger Ă©tait classĂ© comme « faible ». Selon les rapports, les pompiers nâĂ©taient pas non plus prĂ©parĂ©s Ă des incendies gĂ©nĂ©ralisĂ©s : seuls 65 pompiers travaillent Ă Maui Ă un moment donnĂ©, et ils sont Ă©galement tenus de faire face aux incendies sur les Ăźles voisines de Molokai et Lanai.
Le gouverneur : « Câest un ouragan-feu, câest douteux quâil y ait quelque chose Ă faire »
Le gouverneur Green a effectivement ordonnĂ© une enquĂȘte sur la conduite des autoritĂ©s, mais lors de la confĂ©rence de presse de ce matin, il a dĂ©fendu cette conduite. Selon lui, la situation Ă©tait compliquĂ©e par le fait que plusieurs incendies faisaient rage en mĂȘme temps et aussi par la grande vitesse avec laquelle les vents soufflaient, Ă 130 km/h. », a-t-il dit. Ils font que les phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes deviennent plus frĂ©quents et plus meurtriers â le gouverneur a ajoutĂ© : « Les gens demandent pourquoi nous vĂ©rifions ce qui se passe, et câest parce que le monde a changĂ©. Aujourdâhui, une tempĂȘte peut ĂȘtre un ouragan de feu . Câest ce que nous avons vĂ©cu, et câest pourquoi nous examinons cette politique, pour savoir comment protĂ©ger au mieux les gens. »
Tous les habitants nâacceptent pas ces explications, et certains expriment une grande colĂšre. « La montagne derriĂšre nous Ă©tait en feu, et personne ne nous a dit un mot ! », a dĂ©clarĂ© Willa Reid, 63 ans, qui a perdu sa maison dans lâincendie, Ă lâĂ©quipe de lâagence de presse AFP. « Savez-vous quand nous avons dĂ©couvert quâil y avait un incendie ? Quand il Ă©tait devant nous dans la rue. Elle montre sa voiture, oĂč elle dort maintenant avec sa fille, son petit-fils et ses deux chats, et dit : « Câest ma maison maintenant. » Un autre rĂ©sident, Riley Korn, qui a fui sa maison lorsquâil a remarquĂ© lâincendie du toit, a semblĂ© plus indulgent et a soulignĂ© que les forces dâurgence et de sauvetage avaient fait de leur mieux. « Ce nâest pas que les gens nâont rien essayé », a-t-il dit, « le feu est passĂ© de zĂ©ro Ă 100 ».
A sautĂ© dans lâocĂ©an et a Ă©tĂ© sauvĂ© : « Se sent coupable »
Entre-temps, les rĂ©cits de survie des survivants continuent dâĂȘtre largement diffusĂ©s aux Ătats-Unis, nombre dâentre eux tĂ©moignant que, nâayant pas dâautre choix, ils ont dĂ» fuir vers la mer. Il en va de mĂȘme pour les membres de la famille Tomkinson â 13 â Milo, 19 ans, Noah, 19 ans, et leur mĂšre â et la documentation emportĂ©e par le fils aĂźnĂ© ont fait lâobjet de beaucoup dâattention sur les rĂ©seaux : Dans des scĂšnes quasi apocalyptiques, les membres de la famille et dâautres survivants sont vus debout dans une eau profonde qui monte jusquâaux Ă©paules, se couvrant le visage avec des vĂȘtements ou des mains Ă cause de lâĂ©paisse fumĂ©e, et en arriĂšre-plan on voit la ville brĂ»ler.
Lors dâune conversation avec CBS, les membres de la famille ont dĂ©clarĂ© quâils Ă©taient restĂ©s dans lâeau pendant cinq heures. Comme dâautres survivants, ils ont dâabord tentĂ© de sâĂ©chapper en voiture, mais ont dĂ» lâabandonner car le seul moyen de sortir de la ville Ă©tait bloquĂ© et ont plutĂŽt couru vers la plage voisine. « CâĂ©tait le dernier recours, car le feu Ă©tait juste de lâautre cĂŽtĂ© de la rue », explique Noah. « Nous avons juste sautĂ© dans lâocĂ©an. Puis, quand nous Ă©tions dans lâeau, avec tout le vent et le feu, les fumĂ©es se dĂ©plaçait droit dans notre direction. »
Noah dit que pendant leur sĂ©jour prolongĂ© dans lâeau, il Ă©tait principalement prĂ©occupĂ© par la sĂ©curitĂ© de sa mĂšre. « Milo Ă©tait aussi inquiet, nous Ă©tions tous les deux plus inquiets pour notre mĂšre que pour nous-mĂȘmes. Je pense quâelle sâest juste figĂ©e, Ă cause de tout ce qui sâest passĂ©. Elle avait froid, elle ne pouvait pas bien respirer. »
NoĂ© a aidĂ© sa mĂšre Ă se tenir debout dans lâeau, et ce nâest que lorsque le feu sâest calmĂ© quâils ont osĂ© sortir de lâeau et retourner sur le rivage. Mais mĂȘme alors, le danger nâest pas passĂ©. La fumĂ©e restait trĂšs Ă©paisse et selon Noah des morceaux de mĂ©tal volaient partout. Ils ont trouvĂ© refuge Ă lâintĂ©rieur dâune des rares voitures qui nâa pas pris feu, mais cela ne les a pas protĂ©gĂ©s de la fumĂ©e : « Je pensais quâon ne sortirait peut-ĂȘtre pas de la voiture, la fumĂ©e ne bougeait pas. CâĂ©tait comme une couverture de fumĂ©e dont on ne pouvait pas sortir. » Plus tard, les secours sont finalement arrivĂ©s â et trois pompiers se sont approchĂ©s de la voiture et les ont secourus : « Ils nous ont dit : âOn va vous sortir dâici, ça ira' ». Noah a dit quâil Ă©tait reconnaissant que lui et sa famille soient en vie, mais a ajoutĂ©: « Je me sens un peu coupable, quâen est-il de toutes les personnes qui nâont pas survĂ©cu? »
Une autre survivante qui sâest enfuie dans lâocĂ©an, Annelise Cochran, a dĂ©clarĂ© au Washington Post quâelle nâavait pas non plus reçu dâavertissement concernant lâincendie : elle a vu de la fumĂ©e au loin, mais ne connaissait pas lâampleur du danger. Elle a dĂ» fuir rapidement lorsquâelle a remarquĂ© les flammes sur le parking prĂšs de chez elle, et comme les membres de la famille Tomkinson, elle a dâabord tentĂ© de sâenfuir en voiture â et sâest retrouvĂ©e coincĂ©e dans les embouteillages. Lorsque le bĂątiment voisin a Ă©galement commencĂ© Ă sâenflammer, elle a abandonnĂ© le vĂ©hicule et a couru dans lâeau.
LĂ , elle a rencontrĂ© deux de ses voisins : une femme dâĂąge moyen et un homme de 86 ans qui avait du mal Ă marcher. Les trois ont essayĂ© de trouver un abri prĂšs du brise-lames, et dâune part ils ont essayĂ© de rester le plus loin possible des jets chauds et de la fumĂ©e, et dâautre part ils ont fait face Ă un froid intense et parfois mĂȘme se sont rapprochĂ©s un peu plus du feu pour se rĂ©chauffer. Cochran dit que lâun des moments les plus difficiles quâelle a vĂ©cus Ă lâĂ©poque a Ă©tĂ© lorsque les voitures prĂšs de la plage ont commencĂ© Ă exploser et Ă rĂ©pandre partout non seulement une chaleur Ă©norme mais aussi des fumĂ©es toxiques.
Les rĂ©sidents se joignent Ă lâaideÂ
La plupart du temps, elle a affrontĂ© le froid intense, et Ă un moment donnĂ©, elle a failli sâĂ©vanouir : « Je ne sais pas si câĂ©tait la fumĂ©e, le froid ou les vapeurs. Mais câest ce que jâai ressenti le plus proche de la mort. » Pour se rĂ©chauffer, elle et son voisin se sont accrochĂ©s, se rĂ©confortant en parlant de leurs familles et se promettant de survivre. Selon elle, le voisin ĂągĂ©, un homme du nom de Freeman, Ă©tait assis sur les rochers un peu plus loin dâeux. Quand elle lâa appelĂ© et lui a demandĂ© comment il allait, il lui a fait signe de la main quâil allait bien. Mais plus tard, elle lâa vu Ă©tendu immobile sur le brise-lames : selon elle, il Ă©tait mort, et elle pense que la cause en Ă©tait ces vapeurs toxiques.
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Ă HawaĂŻ, les rĂ©sidents et dâautres bĂ©nĂ©voles se mobilisent maintenant pour aider les forces dâurgence Ă livrer des fournitures et des dons aux victimes qui ont perdu tous leurs biens, et parmi ceux qui se sont joints pour aider se trouvaient les frĂšres Tomkinson qui ont survĂ©cu Ă lâenfer. Eux et leur pĂšre David, qui au moment de lâincendie se trouvait de lâautre cĂŽtĂ© de lâĂźle, ont chargĂ© des provisions et des rĂ©servoirs de carburant pendant le week-end sur un voilier appartenant Ă lâun des membres de la famille, afin de transporter le matĂ©riel vers lâouest, une partie de lâĂźle, oĂč vit Lehina. « Cela fait partie de la vie sur lâĂźle â vos amis deviennent une famille », explique David. « Nous sommes tous un grand Ohana, une grande famille. Une chose positive ressortira de tout cela : tout le monde sera beaucoup plus proche les uns des autres. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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