Hier soir (vendredi), le président français Emmanuel Macron a décidé d’attribuer le poste de Premier ministre à François Bayrou , un homme politique chevronné du camp de centre-droit et partisan du président Macron.
Bayrou, 73 ans, a grandi dans une famille d’agriculteurs du sud de la France et se considère comme un catholique religieux, contrairement à de nombreux hommes politiques en France qui ne s’identifient à aucune religion ou à une autre.
Bayrou, ancien professeur d’histoire dans le système éducatif français, s’est impliqué dans la politique dans la trentaine, d’abord dans un conseil local, puis pour concourir au niveau national.
Formant des partis de centre-droit, il a formé une coalition avec un parti conservateur et a été ministre de l’Éducation sous le président François Mitterrand.
Bayrou, lui-même s’est présenté trois fois au poste de président de la France, sans succès.
En 2017, il a décidé d’apporter son soutien à l’actuel président Emmanuel Macron, a occupé sous ses ordres le poste de ministre de la Justice et a été contraint de démissionner après des accusations de détournement de fonds. Il a été ensuite acquitté.
Aujourd’hui, Bayrou est le chef du parti du centre « MoDem » (Parti démocrate).
La première tâche de Bayrou sera désormais de faire adopter le budget au parlement où le président Macron ne détient pas de majorité et devrait rencontrer les mêmes difficultés que son prédécesseur Michel Barnier. Cependant, Bayrou est considéré comme une personne plus pragmatique qui croit au dialogue avec toutes les parties et il est probable que cela ait contribué à la décision de Macron de mettre l’ancien ministre à la tête du gouvernement.
Qu’en est il de sa position envers Israel ?
Lors d’un interview, le Crif lui a demandé son avis à propos du 7 Octobre , sa réponse a été assez surprenante. Il dit que la Hamas savait que la réplique de l’armée israélienne serait terrible apres le 7 octobre et a quand même mis en pratique ses actions inhumaines pour que la paix ne soit plus un espoir pour Israel.
» La plupart des crimes de guerre sont, dans l’histoire, des dégâts collatéraux des conflits. Le 7 Octobre, le crime de guerre était en fait le véritable but de guerre. Ce que le Hamas a déclenché le 7 octobre 2023 a été conçu et accompli pour être une profanation de l’idée même d’humanité. Il peut arriver dans les guerres, malheureusement, que des bébés soient tués mais il est très rare qu’un tel sacrilège soit le but de la guerre. L’action du Hamas a été menée dans une volonté et une réalité de profanation, sans doute pour que, plus jamais, on ne puisse aller vers un apaisement, à l’image des Accords d’Abraham (reliant Israël et des pays arabes) dans la région. »
« L’horreur du 7 Octobre a été commise pour créer de l’irrémédiable, ceux qui ont fait cela ne pouvaient pas ignorer la dimension de la déflagration que serait la réplique d’Israël ».
Il ajoute que malgré tout, il croit en Israel et qu’il aime ce pays et qu’il ne faut pas tomber dans le piège du Hamas :
» Mais ce que je dis quand je rencontre des dirigeants israéliens, c’est qu’il faut quand même qu’apparaisse une lumière au bout du tunnel. C’est ce qui manque aujourd’hui. D’où les expressions d’alerte, venant de gens qui, comme moi, aiment Israël, aiment l’idéal de coexistence, qui savent très bien la dimension historique inédite de ce qui a été commis le 7 Octobre, mais qui disent qu’une lumière doit apparaître comme un espoir même lointain pour que la guerre débouche un jour sur autre chose que la guerre.
Concernant l’antisémitisme en France et le parti politique comme LFI avec un antisémitisme que masque mal un « antisionisme » radical, sa réponse est moins élaborée et plus utopique et ne donne pas de solution franche à la montée de l’extrême gauche.
» Il y a une condition préalable et impérative : que ceux qui ont la démocratie en commun acceptent de considérer, sur de tels sujets essentiels, qu’ils sont d’une certaine manière ensemble. Au lieu de vivre dans un perpétuel affrontement, d’entretenir une lutte de tous contre tous au nom d’intérêts ou de calculs partisans, personnels, de carrière… Il faut qu’un certain nombre de gens opposés aux extrêmes finissent par considérer que ce qui les unit et unit la République française est et sera plus important que ce qui les sépare. »