Ahmad al-Sharaa, également connu sous le nom d’Abu Muhammad al-Joulani, le dirigeant de facto de la Syrie, intensifie ses efforts pour présenter une vision d’une nouvelle Syrie aux médias occidentaux.
Dans une interview accordée à la BBC, il a affirmé son ambition de transformer la Syrie en un État modéré et engagé dans le changement après la chute du régime de Bachar al-Assad.
Appel à la levée des sanctions internationales
Al-Sharaa, ancien dissident des groupes Daech et Al-Qaïda, a demandé la levée des sanctions internationales qui pèsent sur la Syrie. Selon lui, ces sanctions visaient le régime précédent et ne devraient plus être imposées au peuple syrien :
« Après tout ce qui s’est passé, ces sanctions doivent être levées. Elles étaient dirigées contre l’ancien régime. Il est injuste de traiter la victime et l’agresseur de la même manière. »
Il a également exhorté à retirer son organisation, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), de la liste des organisations terroristes de l’ONU, de l’Union européenne, des États-Unis et du Royaume-Uni. Al-Sharaa a déclaré que son organisation n’est pas terroriste et que ses actions étaient dirigées uniquement contre le régime d’Assad, sans viser les civils :
« Nous avons été les victimes du régime Assad, pas les auteurs du terrorisme. »
Vision pour une Syrie modérée
Al-Sharaa a réfuté les affirmations selon lesquelles il chercherait à transformer la Syrie en un État religieux extrémiste :
« La Syrie et l’Afghanistan sont des pays totalement différents. Alors qu’en Afghanistan, la société est tribale, la Syrie possède une structure sociale unique. »
Concernant l’éducation, il a souligné que dans la région d’Idlib, contrôlée par HTS, les femmes représentent plus de 60 % des étudiants :
« Nous sommes engagés en faveur de l’égalité dans l’éducation. »
Sur la question de la consommation d’alcool dans la « nouvelle Syrie », il a répondu prudemment, affirmant que cela serait abordé dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle constitution :
« Un comité d’experts juridiques sera formé pour rédiger une constitution qui définira l’avenir du pays. Tout dirigeant ou président devra respecter cette loi. »
Réactions internationales
Les déclarations d’al-Sharaa visent à repositionner la Syrie comme un État modéré et inclusif. Cependant, la communauté internationale reste sceptique, notamment en raison du passé de Hayat Tahrir al-Sham et de ses liens historiques avec des groupes terroristes.
Bien que le ton d’al-Sharaa semble conciliant, la méfiance mondiale demeure quant à la capacité de son organisation à rompre définitivement avec ses anciennes alliances et à diriger la Syrie sur une voie de stabilité et de modération.