La présence militaire égyptienne dans le Sinaï suscite une vive controverse en Israël, qui exige le retrait de cette infrastructure militaire, estimant qu’elle constitue une violation de l’accord de paix entre les deux pays. Des sources militaires israéliennes confirment que le gouvernement fait pression par des canaux diplomatiques et sécuritaires, y compris via Washington, afin d’aboutir à un règlement officiel sur cette question.

Selon des sources officielles et des experts militaires, le déploiement militaire égyptien dans le Sinaï comprend 88 bataillons totalisant 42 000 soldats, ainsi que trois divisions militaires complètes, 1 500 chars et véhicules blindés, en plus de projets visant à développer et élargir les pistes d’un aéroport militaire, à renforcer les réseaux de défense aérienne et les quais portuaires. À titre de comparaison, l’accord de paix signé en 1978 n’autorise que 50 bataillons comprenant 22 000 soldats.

Le général Nasser Salem, ancien directeur du renseignement égyptien, estime que les craintes israéliennes sont injustifiées et visent à atteindre plusieurs objectifs, notamment détourner l’attention de la situation à Gaza et des crises internes en Israël.
De son côté, le professeur Ahmad Fouad Anwar, spécialiste des études hébraïques à l’Université d’Alexandrie, affirme que Tel-Aviv cherche à faire pression sur l’Égypte pour qu’elle accepte d’accueillir des réfugiés palestiniens dans le Sinaï.
L’ancien ambassadeur d’Égypte en Israël, Hazem Khairat, pense pour sa part que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou utilise cette question pour détourner l’attention de ses échecs politiques face aux crises internes et externes.

À l’inverse, Saïd Okasha, expert des affaires israéliennes au Centre d’études Al-Ahram, souligne qu’Israël craint que l’Égypte ne restaure pleinement ses capacités militaires de dissuasion.

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Le Caire affirme que sa présence militaire dans le Sinaï est légale et conforme aux amendements convenus dans l’annexe sécuritaire de l’accord de paix. Le général Nasser Salem souligne qu’Israël n’a pris aucune mesure officielle, comme convoquer l’ambassadeur ou déposer une plainte formelle, ce qui montre que ces accusations sont infondées.
L’ambassadeur Khairat a également souligné que l’armée égyptienne a le droit de protéger sa sécurité nationale, et qu’Israël comprend que l’Égypte n’est pas un pays agressif.

Selon Saïd Okasha, Israël est consciente que l’armée égyptienne est devenue une grande puissance militaire, et que Le Caire ne tolérera aucune menace à sa sécurité nationale. Le professeur Ahmad Fouad Anwar considère qu’Israël exploite ces accusations comme un moyen de pression pour tenter de faire changer la position de l’Égypte, qui rejette le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza.

En ce qui concerne l’accord de paix, l’ambassadeur Khairat affirme que parler d’une menace sur cet accord est illogique, car la stabilité des relations entre l’Égypte et Israël sert les intérêts des deux parties.

Quant aux scénarios possibles, le général Salem estime que l’accord de paix ne sera pas affecté, car les deux parties y restent attachées. Saïd Okasha affirme pour sa part qu’Israël n’engagera pas de confrontation militaire avec l’Égypte, compte tenu de la puissance de l’armée égyptienne.
L’ambassadeur Khairat indique que Washington ne soutiendra aucune escalade israélienne susceptible de menacer la stabilité régionale.
Ahmad Fouad Anwar explique que la présence militaire égyptienne dans le Sinaï continuera de garantir la sécurité nationale de l’Égypte et empêchera toute tentative de déplacement des Palestiniens.

Concernant la possibilité d’un conflit militaire, le général Salem affirme que cela est peu probable, car Israël est consciente des défis auxquels elle fait face, et l’Égypte ne cherche pas l’escalade. Toutefois, elle ne renoncera pas à sa sécurité nationale.
Saïd Okasha pense qu’une escalade militaire coûterait très cher à Israël, tandis qu’Ahmad Fouad Anwar confirme que l’armée égyptienne envoie un message clair : elle est capable de défendre ses intérêts sans entrer dans un conflit ouvert.

Crédit : Arabic Defense – Crédit photo : Porte-parole de l’armée égyptienne