Depuis plusieurs semaines, la diplomatie française semble avoir choisi son camp. Emmanuel Macron, président de la République, a publiquement averti Israël : si les opérations militaires à Gaza se poursuivent, la France « prendra des mesures concrètes ». En parallèle, des universités françaises et européennes se joignent à un mouvement de boycott universitaire visant chercheurs, étudiants et programmes liés à l’État hébreu.

Ce qui se joue ici dépasse la seule réaction à une guerre. Il s’agit d’une reconfiguration du positionnement moral de la France face à Israël. Et cette bascule inquiète. Non seulement par son injustice, mais aussi par ses conséquences à long terme sur la relation entre Paris et Jérusalem – une relation jadis stable, aujourd’hui fragile, demain peut-être fracturée.

Une diplomatie française en quête de posture

Les déclarations d’Emmanuel Macron ne sont pas anodines. Elles s’inscrivent dans un climat européen où la reconnaissance d’un État palestinien gagne du terrain, et où la cause anti-israélienne devient un marqueur identitaire pour une partie de la gauche radicale – mais aussi pour certaines franges de l’opinion musulmane, que l’Élysée tente de ménager.

Ce qui choque, ce n’est pas que la France exprime des préoccupations. Israël lui-même débat intensément de la conduite de la guerre. Ce qui choque, c’est le langage employé : des “mesures concrètes” évoquées comme une menace, un avertissement direct, comme si Israël était un État voyou, un régime en marge du droit international.

Rappelons que la France n’a jamais utilisé ce ton envers l’Iran, pourtant fournisseur d’armes au Hamas. Ni envers le Hezbollah. Ni envers la Russie, qu’elle continue de courtiser pour des raisons énergétiques. Pourquoi ce ton brutal réservé à la seule démocratie du Moyen-Orient ?

Israël en guerre légitime, pas en croisade

Israël ne mène pas une guerre d’agression. Il ne cherche pas à conquérir un territoire ou à imposer une idéologie. Il répond à un massacre sans précédent perpétré le 7 octobre 2023. Une attaque barbare, filmée, revendiquée, célébrée dans les rues de Gaza.

Depuis, le Hamas continue de tirer des roquettes, de cacher des combattants sous des hôpitaux, de refuser tout accord de libération d’otages sans condition inacceptable. Et dans ce contexte, c’est Israël qui se retrouve menacé de sanctions.

C’est un renversement moral inquiétant. Comme si l’Europe n’attendait qu’une chose : qu’Israël, fatigué, affaibli, cède face à l’émotion médiatique. Or, un État n’est pas un sujet de talk-show. Un État a le devoir de défendre sa population.

Israël ne demande pas la permission d’exister. Il demande qu’on respecte son droit de se défendre contre une organisation terroriste qui ne veut ni compromis, ni paix, ni coexistence.

Le boycott universitaire : le poison lent de l’idéologie

En parallèle de cette rhétorique politique, le monde universitaire européen – et notamment français – s’embrase. Des conférences annulées, des partenariats suspendus, des chercheurs israéliens écartés. Le prétexte : “solidarité avec la Palestine”.

Mais derrière ce slogan, se cache une réalité plus grave : la mise au ban d’un savoir, d’un peuple, d’une nation entière. Les universités censées incarner la pluralité et le débat deviennent des tribunaux idéologiques. Et Israël, symbole mondial de l’innovation scientifique, en devient la cible.

Ce boycott est d’autant plus absurde que les universités israéliennes sont parmi les plus critiques de leur propre gouvernement. C’est là qu’on débat, qu’on conteste, qu’on défend les droits humains. Les censurer, c’est priver le monde académique de l’une de ses consciences les plus vibrantes.

Mais le boycott n’a jamais été une stratégie de paix. C’est une stratégie d’exclusion. Ceux qui en paient le prix, ce sont les étudiants, les chercheurs, les ponts intellectuels entre les peuples. Ceux qui s’en réjouissent, ce sont les extrémistes, pour qui tout lien avec Israël est une trahison.

La France en rupture avec son histoire diplomatique

Pendant des décennies, la France avait su jouer un rôle d’équilibre. Elle était critique envers Israël, mais sans hostilité. Elle soutenait la création d’un État palestinien, mais pas au détriment du droit d’Israël à vivre en sécurité.

Aujourd’hui, ce fragile équilibre semble rompu. La France ne condamne plus les roquettes. Elle ne mentionne plus les otages. Elle dénonce les frappes israéliennes, mais garde le silence sur les tunnels sous les écoles, les tirs depuis les hôpitaux.

Ce déséquilibre n’est pas une posture morale. C’est une abdication stratégique. Car en affaiblissant Israël, la France affaiblit le seul rempart fiable contre l’islamisme armé dans la région. Elle envoie un signal d’encouragement aux ennemis communs des sociétés libres.

Israël reste digne, mais lucide

Face à cette pression, Israël ne plie pas. Il écoute, il dialogue, mais il ne renonce pas à son devoir de protection. L’État d’Israël a été fondé pour que plus jamais les Juifs ne soient des victimes sans État, sans armée, sans refuge.

Ce n’est pas la première fois que l’Europe se trompe de cible. Mais aujourd’hui, les Israéliens savent à quoi s’en tenir. Ils savent que le soutien international est important, mais que la sécurité ne se délègue pas. Elle se construit. Elle se défend.

Conclusion : la vraie paix ne viendra pas des menaces

Les “mesures concrètes” de Macron n’impressionnent pas Israël. Ce pays a connu des menaces bien plus graves. Ce qui impressionne Israël, ce sont les gestes de courage, de lucidité, de solidarité réelle. Et ces gestes viennent encore, heureusement, de certaines voix en Europe – en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas.

La France ferait mieux d’écouter ces voix, plutôt que de jouer une partition idéologique pour flatter des électorats hostiles à Israël. La vraie paix ne se construit pas sur les sanctions, mais sur la vérité. Et la vérité, c’est qu’Israël se défend, parce qu’il n’a pas le choix.

Ceux qui l’ignorent trahissent non seulement Israël, mais les valeurs qu’ils prétendent incarner.

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