Une fois de plus, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, frappe fort. Dans une déclaration enflammée cette semaine, il a accusé le ministère de l’Intérieur israélien de freiner l’application de la loi sur l’expulsion des familles de terroristes. Plus grave encore à ses yeux : il accuse l’administration de se comporter « comme des conseillers de l’ONU », c’est-à-dire de préférer les principes universalistes aux impératifs sécuritaires d’Israël.

Derrière cette prise de parole explosive se cache un débat essentiel sur la dissuasion, la souveraineté, et les droits de l’État face au terrorisme. Une fois encore, Ben Gvir divise – mais ne laisse personne indifférent.

Une loi votée… mais peu appliquée

Depuis plusieurs années, une série de lois ont été adoptées en Israël pour durcir la lutte contre le terrorisme intérieur. Parmi elles, une mesure particulièrement controversée : l’expulsion des familles de terroristes impliqués dans des attentats.

L’idée est simple : dans de nombreux cas, les familles sont complices, voire encouragent activement les attaques. Expulser ces familles – souvent vers des zones palestiniennes de Judée-Samarie ou de Gaza – permettrait de créer un effet dissuasif fort, selon les partisans de la loi.

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Mais dans les faits, très peu d’expulsions ont été exécutées. Et c’est précisément ce que dénonce Ben Gvir.

« Ils parlent comme à Genève, mais vivent à Jérusalem »

Lors d’une réunion à huis clos, le ministre a fustigé les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, affirmant :

« Ils se comportent comme des juristes suisses. On croirait entendre un comité des Nations Unies, pas une administration israélienne. »

Une pique cinglante, mais révélatrice d’une frustration croissante dans certains cercles de la droite israélienne : l’idée que l’État est paralysé par une forme d’autocensure, de crainte du jugement international, voire de mollesse bureaucratique.

Ben Gvir va plus loin, affirmant que les vies de citoyens israéliens sont mises en danger parce que certains préfèrent “le confort diplomatique à la vérité sécuritaire.”

Dissuasion ou punition collective ?

Les opposants à la loi avancent que l’expulsion des familles pourrait constituer une forme de punition collective, interdite par le droit international. Mais les défenseurs, dont Ben Gvir, rétorquent que chaque cas est évalué individuellement, et que l’on ne parle pas d’un simple lien de parenté, mais de complicité active, de glorification du terrorisme, de soutien logistique.

Dans plusieurs cas récents, les familles ont organisé des cérémonies de “martyre”, distribué des bonbons dans le quartier après un attentat, ou publié sur les réseaux sociaux des appels à suivre l’exemple du terroriste.

Face à cela, Ben Gvir estime qu’Israël a non seulement le droit, mais le devoir moral et sécuritaire d’agir.

Une administration accusée de sabotage

Le cœur de la colère de Ben Gvir réside dans ce qu’il appelle « une résistance administrative larvée ». En clair : les fonctionnaires, sans s’opposer frontalement à la loi, la freinent par des reports, des demandes juridiques supplémentaires, des interprétations restrictives.

Cette stratégie – bien connue dans les rouages de l’État profond – est ce que Ben Gvir nomme « la démocratie administrative » : un État dans l’État qui impose sa vision du droit, indépendamment de la volonté des électeurs et de la Knesset.

Un bras de fer politique en coulisses

Il ne faut pas se tromper : cette polémique cache un véritable bras de fer entre deux visions d’Israël. D’un côté, une droite souverainiste qui veut des mesures fermes, immédiates, et visibles. De l’autre, une technocratie qui préfère la prudence juridique et l’acceptabilité internationale.

La question n’est pas seulement morale ou légale – elle est profondément politique. Qui décide de la politique sécuritaire de l’État ? Les élus ou les juristes ? Le peuple ou les experts ?

Ben Gvir a choisi son camp, et il l’assume sans détour.

Le soutien populaire ne faiblit pas

Malgré les critiques, le discours de Ben Gvir rencontre un écho fort dans l’opinion publique. De nombreux sondages montrent qu’une majorité d’Israéliens soutiennent des mesures plus dures contre les familles complices du terrorisme.

Face à la multiplication des attaques au couteau, aux voitures-béliers, et aux fusillades, les citoyens réclament des réponses claires, fortes, et efficaces. Ils en ont assez des demi-mesures, des hésitations, et des condamnations molles.

Et dans cette colère populaire, Ben Gvir se pose en porte-voix d’un Israël qui n’a plus peur de défendre ses droits.

Un précédent nécessaire ?

Israël a souvent été précurseur dans sa manière de lutter contre le terrorisme. Les mesures qui choquent parfois l’Occident deviennent, quelques années plus tard, des standards internationaux. Ainsi, le ciblage des chefs terroristes, l’usage de drones armés, ou les barrières de sécurité ont d’abord été critiqués… avant d’être imités.

L’expulsion des familles pourrait bien devenir un précédent légal, démontrant que la lutte contre le terrorisme ne peut se faire les mains liées.

Si l’Europe veut critiquer, qu’elle commence par gérer ses propres attentats avec la même rigueur.

Un État fort face à ses ennemis

Pour Ben Gvir, le message est simple :

« Un État fort n’a pas peur d’agir. Un État faible demande la permission. Moi, je veux un Israël fort. »

Cette philosophie, qu’on l’approuve ou non, répond à une attente réelle de sécurité, de justice et de clarté. Et surtout, elle replace Israël dans une logique de souveraineté pleine, sans complexe ni justification éternelle.