Par Dan Ariely – Adaptation en français : Infos-Israel.News
Dans une époque marquée par les conflits, les urgences, et la peur de l’avenir, il reste des histoires qui rappellent que le courage se cache parfois dans les gestes les plus doux – comme celui de savoir dire au revoir avec lucidité.
Ces dernières années, Dan Ariely, chercheur en psychologie comportementale, s’est penché sur une question peu abordée : comment bien mourir ? Il a mené des études auprès de « doulas de fin de vie », ces personnes qui, comme les sages-femmes à la naissance, accompagnent les mourants dans leurs derniers instants. Leurs réponses ont convergé : une bonne mort, c’est une mort sans douleur, sans humiliation du corps, entourée d’amour, et laissant une trace – un héritage.

Et puis, la théorie est devenue réalité.
Alors qu’Ariely assistait à une conférence à Amsterdam, la guerre entre Israël et l’Iran a suspendu les vols. Sa mère, malade, a senti que le moment approchait. Elle lui a demandé de parler, même à distance, si le temps lui manquait pour venir. Ce jour-là, ce n’est pas en chercheur que Dan a écouté, mais en fils. Elle lui a parlé sans détour : la souffrance, la perte du plaisir, l’épuisement de l’âme. Elle voulait que ça s’arrête. Non par désespoir, mais par dignité.
Avec ses sœurs, la décision a été prise de ne pas la faire attendre. Dan a traversé mer et ciel pour la rejoindre. Vingt heures de traversée, et il est arrivé à temps. Ils ont ri, pleuré, se sont remémorés l’essentiel. Et sa mère, jusqu’au bout, a gardé le contrôle sur ce qu’elle pouvait : le sens de son départ.
Elle s’est endormie. Le lendemain matin, elle n’était plus là.
Ce n’était pas une défaite. C’était un acte d’amour.
Elle avait coché les cases de la bonne mort, telles que décrites par les doulas : pas de douleur, pas d’humiliation, la chaleur familiale, et un message transmis. Une leçon. Un exemple.
Dans nos sociétés, la mort est souvent vécue comme un échec – un silence gênant qu’on entoure de machines, de procédures, de déni. Mais certaines personnes nous rappellent qu’il existe une autre voie : celle de la conscience, de l’intention, de l’adieu choisi.
Dan Ariely conclut : « Elle me manque. Mais je suis fier d’elle. Pour sa lucidité, son courage, et sa maîtrise du dernier chapitre de sa vie. »
Peut-être est-il temps de redéfinir notre rapport à la mort. Pas comme une tragédie à fuir, mais comme une dernière page qu’on peut écrire avec amour, dignité et sens. Comme l’a fait Dafna Ariely.
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