Un tremblement de terre discret mais significatif vient d’ébranler la scène politique israélienne : le député Gadi Eizenkot, ancien chef d’état-major de Tsahal, a annoncé son retrait du parti Hamahané Hamamlakhti (le Camp National), dirigé par Benny Gantz. En parallèle, il rendra son mandat à la Knesset, une démarche inhabituelle dans le paysage politique local.


La rupture d’une alliance stratégique

Dans une déclaration sobre mais lourde de sens, Gantz a reconnu que des « écarts idéologiques profonds » s’étaient révélés ces dernières semaines entre lui et Eizenkot, notamment en ce qui concerne « la bonne manière de servir l’État d’Israël ». Bien que les deux hommes partagent un passé militaire commun et une estime mutuelle visible, leur vision du rôle de l’opposition en temps de guerre semble avoir divergé fortement.

« Gadi est d’abord un ami personnel. C’est un homme respectable, qui a servi l’État pendant des décennies. Je suis sûr qu’il continuera à le faire à sa manière », a déclaré Gantz.

Cette rupture semble marquer la fin d’une tentative d’unité politique du centre-droit modéré, dans un contexte où les clivages sécuritaires, stratégiques et identitaires sont plus vifs que jamais.


Une démission, des doutes et des critiques

Eizenkot, considéré comme un pilier moral du parti depuis sa fondation, n’a pas encore précisé s’il compte rejoindre un autre cadre politique. Toutefois, sa décision de ne pas se présenter aux prochaines primaires, organisées dans un cadre que lui-même qualifie d’opaque et non démocratique, en dit long.

Dans une déclaration passée presque inaperçue, Eizenkot avait exprimé un manque de confiance dans le processus électoral interne du parti, ce qui pourrait indiquer un désaccord fondamental sur la gouvernance du Camp National.

De son côté, le député Boaz Bismuth, membre de la coalition gouvernementale, n’a pas hésité à ironiser :

« À force de vouloir démonter la coalition, ils finissent par se désintégrer eux-mêmes. C’est ce qui arrive quand le seul ciment, c’est la haine envers le plus grand parti d’Israël et son dirigeant. »


La suite : recomposition ou disparition du Camp National ?

Cette démission tombe mal pour Benny Gantz. Son parti a récemment annoncé une ouverture à l’adhésion populaire et la tenue de primaires pour élire son président, dans le but affiché de se démocratiser et de s’élargir. Mais ces annonces semblent plutôt avoir créé un malaise interne.

Des sources politiques affirment que ces réformes visaient principalement à retenir Eizenkot dans le parti, en lui offrant des garanties. Visiblement, cela n’a pas suffi.

Le retour du député Eitan Ginzburg à la Knesset en tant que remplaçant d’Eizenkot ne devrait pas avoir un grand impact stratégique, mais il marque le départ d’une figure très respectée, à l’image modérée et à la crédibilité sécuritaire incontestable.


Un symbole plus large d’une opposition fragmentée

L’épisode Eizenkot illustre les tensions croissantes au sein de l’opposition israélienne. Alors que le gouvernement Netanyahou – soutenu activement par Trump – continue sa ligne dure face au Hamas et à l’Iran, l’opposition peine à formuler une alternative cohérente.

Le départ d’Eizenkot, l’un des rares visages capables de rassembler la droite modérée, les centristes et les travaillistes patriotes, affaiblit encore plus la perspective d’un bloc uni en vue des prochaines élections.


Le mystère de l’après-Eizenkot

Reste à savoir ce que fera Gadi Eizenkot à présent. Rejoindra-t-il un autre mouvement ? Créera-t-il une nouvelle formation indépendante à tendance sécuritaire ? Ou décidera-t-il de se retirer complètement de la vie politique pour un temps, préférant agir depuis les coulisses comme conseiller stratégique ou analyste militaire ?

Quoi qu’il en soit, son départ marque la fin d’une illusion d’unité nationale centriste, qui n’aura pas résisté aux pressions du terrain, aux fractures idéologiques internes et à l’urgence sécuritaire omniprésente dans l’agenda israélien actuel.


👉 Suivez l’actualité politique et sécuritaire israélienne en temps réel avec nos partenaires :


.