« אל תפחדו » : le témoignage-choc de Yossi contre Haim Rotter relance les appels à témoigner

Le voile du silence se déchire enfin. Yossi, l’un des premiers à avoir porté plainte en 2016 contre Haim Rotter, chef controversé de l’organisation « HaShomrim » de Bnei Brak, a brisé son anonymat ce matin lors d’un entretien bouleversant sur Kan Reshet Bet. Il appelle les autres victimes présumées à se manifester, assurant que « l’histoire de Rotter est terminée ».

« Si vous m’écoutez et que vous avez été blessés par lui à Bnei Brak – allez à la police. N’ayez pas peur. Il ne contrôle plus rien. Ce chapitre est clos pour lui. Il doit payer pour toutes les âmes qu’il a brisées », a-t-il martelé à l’antenne.

Ce témoignage intervient après l’arrestation récente de Rotter dans une affaire distincte, et relance l’intérêt pour des plaintes anciennes restées sans suite – dont celle de Yossi, classée en 2016 faute de preuves suffisantes, selon le parquet.

Yossi raconte avoir déposé plainte de manière anonyme à l’âge de 28 ans, pour des faits survenus lorsqu’il était élève en yeshiva à Jérusalem, adolescent vulnérable face à un Rotter de 16 ans, décrit comme manipulateur et dominateur.

« Il m’a terrorisé. Il terrorisait tout le monde. C’était un monstre. Même à 15-16 ans, il avait déjà ce pouvoir. Ce n’était pas une question d’attirance personnelle, c’était un système. Il touchait plusieurs garçons, c’était sa norme, son mode opératoire », raconte-t-il.

Pendant longtemps, Yossi a gardé le silence, n’osant pas même en parler à sa propre famille, qui n’a appris l’existence de la plainte qu’il y a quelques jours. « J’avais honte. J’étais seul face à lui. Mais maintenant, je n’ai plus peur de lui. Après 25 ans, je suis libre. »

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Dans son récit poignant, Yossi évoque d’autres élèves qui auraient subi des abus similaires, mais n’ont jamais témoigné par peur de représailles ou d’ostracisme. « En 2016, j’ai essayé de contacter d’anciens camarades de yeshiva, mais ils étaient tous terrifiés. Il avait un tel contrôle psychologique qu’ils ont préféré se taire. »

Aujourd’hui, il les exhorte à faire front commun : « C’est historique qu’il soit en prison. Mais ce n’est qu’un début. Il doit répondre devant la justice, pas comme en 2016, où j’ai eu l’impression qu’on l’aidait plus que moi. »

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La procureure générale, interrogée sur la fermeture du dossier à l’époque, a expliqué qu’« après un examen approfondi des preuves et des compléments d’enquête, il n’y avait pas de base suffisante pour une inculpation ». Mais l’évolution de l’affaire et les nouveaux témoignages pourraient rouvrir le dossier, selon des juristes interrogés par la presse.

La figure de Rotter, longtemps protégée par son réseau à Bnei Brak, s’effondre peu à peu, à mesure que les témoignages s’accumulent. Le modèle d’impunité qu’il représentait dans certains milieux ultra-orthodoxes fermés est aujourd’hui remis en cause.

Ce témoignage brut, douloureux et courageux de Yossi rappelle que le silence est l’allié le plus fidèle des agresseurs. Et que chaque voix qui s’élève, même des années plus tard, peut briser un cycle de peur et d’abus.

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