Dans une tribune au vitriol, l’ancien général de division Yitzhak Brik, connu pour ses critiques acerbes sur la gestion militaire israélienne, accuse frontalement le porte-parole de Tsahal de mener une campagne de désinformation massive à l’encontre du public israélien. Selon lui, le système de communication militaire ne dit pas la vérité, maquille les chiffres, transforme les défaites en victoires, et surtout, empêche une prise de conscience nationale sur l’état réel de l’armée israélienne.
Brik, figure respectée du monde sécuritaire israélien, ne mâche pas ses mots. Pour lui, la Direction du Porte-Parole de Tsahal est devenue un organe de propagande, détourné de sa mission première – à savoir, « renforcer la confiance du public dans l’armée », pour devenir une machine à illusions. Il parle de « culture du mensonge », de « réalité fabriquée » et de « mythes stratégiques dangereux ».

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Un système verrouillé au sommet
Selon Brik, le problème vient du sommet même de la hiérarchie militaire : des chefs d’état-major qui préfèrent vendre des récits fictifs à la population plutôt que d’affronter les lacunes criantes de l’armée. Il accuse explicitement le chef d’état-major sortant Herzi Halevi, et son successeur Eyal Zamir, d’avoir relayé des chiffres inventés sur les pertes du Hamas ou sur la destruction des tunnels. « Ils rapportent la mort de 2 000 terroristes à Rafah, alors que sur le terrain, nos soldats n’ont pas vu plus de deux ou trois terroristes ».
Brik illustre ses propos par des témoignages concrets de soldats de terrain, comme cette lettre d’un combattant du génie, qui s’interroge :
« Comment avons-nous tué 300 terroristes à Jabaliya, alors que nous n’avons pas vu un seul ennemi à l’œil nu ? ».
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La désillusion après le 7 octobre
Le point de bascule pour Brik, comme pour beaucoup de citoyens israéliens, reste le 7 octobre 2023, jour où les illusions se sont effondrées sous les tirs et les massacres du Hamas. Il accuse directement la propagande militaire d’avoir créé une bulle d’auto-complaisance, qui a conduit à l’impréparation tragique de l’armée. « Le public veut croire que Tsahal est invincible. Mais c’est ce rêve éveillé qui nous a plongés dans le cauchemar de la guerre des “Épées de Fer” »
Selon lui, Tsahal ne contrôle pas 75 % de Gaza, comme l’affirme la communication officielle, mais bien moins : « Il n’y a pas de déploiement massif car il n’y a pas de troupes disponibles », explique-t-il en pointant du doigt la faiblesse de l’engagement en réserve et la fatigue des soldats d’active.
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Le Hamas, pas écrasé mais réorganisé
Contrairement aux déclarations optimistes, Brik affirme que le Hamas est loin d’avoir été vaincu :
- Il disposerait toujours d’environ 40 000 combattants,
- La grande majorité des tunnels stratégiques (80 %) n’a pas été détruite,
- Et les commandos du Hamas continueraient de se battre en guérilla, depuis les sous-sols, mélangés à la population civile.
Il avertit que la guerre actuelle est vouée à l’échec stratégique si elle ne change pas radicalement d’approche :
« Ce n’est pas en détruisant de l’immobilier qu’on détruit une organisation. Tant que les tunnels existent, le Hamas respire. »
La dissonance entre les chefs et les tranchées
Brik décrit une déconnexion dangereuse entre les chefs militaires et les réalités du terrain. Tandis que les colonels paradent à la télévision en parlant de « contrôle total de Gaza », les soldats sur place luttent contre des pièges, des tirs d’embuscade, des explosifs improvisés – et sans savoir contre qui ils se battent.
Il pointe aussi du doigt une « révolte silencieuse » dans les rangs : des soldats qui refusent de continuer à se battre sans objectifs clairs, des unités qui s’effondrent psychologiquement, et une usure telle que « l’armée n’a plus les capacités de défendre ses frontières ».
Dissoudre et reconstruire
Sa conclusion est sans appel :
« Il faut dissoudre la Direction du Porte-Parole de Tsahal, et la reconstruire sur la base d’un seul principe : dire la vérité, même quand elle fait mal. Il faut cesser de maquiller les failles. C’est une question de survie nationale. »
Brik appelle aussi à un accord immédiat pour la libération des otages, sans quoi, dit-il, « il ne restera bientôt plus d’otages vivants dans les tunnels ». Il préconise un retrait ordonné, une reconstruction du corps militaire, la remise à niveau des stocks de chars et d’équipements, et surtout : préparer la prochaine guerre, avec un regard lucide sur la réalité.
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