Le drame s’est produit cette semaine à la base de Sde Teman, loin du tumulte de Gaza, mais au cœur d’un autre champ de bataille : celui de la santé mentale des soldats israéliens. Un combattant de la brigade Golani, sorti temporairement de la bande de Gaza pour une période de repos avec ses camarades, s’est donné la mort après avoir été interrogé par les enquêteurs de la police militaire (מצ »ח).
Ce suicide, le dernier en date d’une série déjà trop longue depuis le début de la guerre contre le Hamas, met en lumière une crise silencieuse qui frappe l’armée israélienne : celle des blessures invisibles.
Le fil des événements : un soldat brisé
Selon les informations confirmées, la police militaire attendait le soldat à sa sortie de la bande de Gaza, au camp de repos de Sde Teman. Il faisait l’objet d’une enquête ouverte environ un mois auparavant – sans lien avec ses actions durant la guerre, et surtout sans rapport avec des violences contre des Palestiniens, contrairement aux rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux.
À l’issue de l’interrogatoire, ses supérieurs ont pris la décision réglementaire de lui confisquer son arme personnelle, mesure de précaution classique. Mais quelques heures plus tard, profitant du sommeil d’un camarade, le soldat a accédé à une autre arme et a mis fin à ses jours.
Il a laissé une lettre d’adieu. L’armée a ouvert une enquête interne, et les résultats seront transmis à la justice militaire.
Un deuil dans l’ombre : pas un « martyr officiel »
Conformément à la nouvelle politique de Tsahal, son nom ne figure pas sur la liste officielle des soldats tombés au combat. En effet, depuis 2024, seuls les soldats morts en mission, dans des accidents militaires, ou à la suite d’attaques ennemies sont considérés comme « tombés au champ d’honneur ».
Or, ce soldat est mort dans l’anonymat administratif, bien que ses blessures – mentales – aient été causées dans un contexte de guerre active. Une injustice symbolique, dénoncée par certains proches et par des associations de vétérans, qui y voient une stigmatisation douloureuse.
La double peine : le suicide et le silence
Ce suicide n’est pas un cas isolé. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 14 soldats se sont suicidés en 2025 selon des données partielles. En 2024, ce chiffre s’élevait déjà à 21. En 2023, ils étaient 7. Le total depuis le début de la guerre dépasse quarante cas connus, sans compter ceux survenus après la démobilisation, ni ceux cachés dans les statistiques.
Selon des sources internes à Tsahal, la majorité de ces suicides sont liés à la guerre, même si l’armée affirme que certains sont dus à des circonstances personnelles antérieures. Pourtant, une chose est sûre : l’exposition à des scènes de guerre, à la mort d’amis proches, comme ce fut le cas du soldat de Golani dont le camarade est mort dans l’explosion d’un blindé Puma, fragilise considérablement les soldats.
Pour suivre les mises à jour et alertes :
https://infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/
Une politique de déni ?
Alors qu’au début de la guerre, Tsahal avait accepté de reconnaître les suicides comme des morts liées au conflit, la politique a changé. Sous la pression de l’état-major et pour éviter d’influencer le moral des troupes, l’armée ne publie plus ces cas dans ses communiqués.
Certains dénoncent un retour en arrière, un tabou que l’on croyait rompu. Mais la machine militaire semble, une fois de plus, préférer l’omerta au traitement transparent.
À lire : https://alyaexpress-news.com/
Les chiffres derrière le drame
D’après l’enquête du quotidien Haaretz, au moins 11 civils se sont également suicidés depuis octobre 2023 en raison de séquelles post-traumatiques liées à leur service militaire – parfois des vétérans de cette guerre, parfois d’opérations précédentes.
Cela signifie que le bilan psychologique du conflit dépasse largement les lignes de front.
Et ces chiffres n’incluent pas les tentatives de suicide, les hospitalisations psychiatriques, ni les soldats suivis discrètement dans des centres de soins militaires.
Le précédent Niv Lobaton : un avertissement ignoré
L’affaire rappelle un drame antérieur : en janvier 2019, le combattant Niv Lobaton, de la brigade Guivati, s’est suicidé après avoir été manipulé par des officiers de מצ »ח pour devenir informateur contre ses camarades. Malgré ses signaux de détresse mentale et ses demandes claires de soutien psychologique, il n’a pas été pris en charge. L’affaire s’est soldée par une condamnation légère de trois mois de travaux militaires pour les officiers fautifs – une peine jugée ridicule par les familles endeuillées.
Lire : https://rakbeisrael.buzz/
Tsahal face à ses responsabilités
Le commandement militaire reconnaît officiellement que la pression psychologique a augmenté avec l’intensité des combats, notamment dans les unités de première ligne comme Golani, Nahal, Paratroopers et les blindés. De nombreux combattants sont envoyés en « repos moral », mais sans accompagnement psychologique systématique.
Certains soldats déclarent que leurs commandants refusent de les envoyer en suivi mental de peur de perdre des effectifs. D’autres affirment qu’on leur dit : « Tiens bon encore une semaine, tu iras après. »
Pour en savoir plus sur la santé mentale en temps de guerre :
https://infos-israel.news/category/israel/
Une armée forte, mais à quel prix ?
Israël est connu pour avoir l’une des armées les plus résilientes du monde. Mais aujourd’hui, la guerre contre le Hamas révèle une faille : l’usure psychologique des soldats, et l’incapacité du système à la traiter correctement.
Si les pertes visibles sont documentées, les victimes invisibles – les suicidés, les traumatisés, les abandonnés – tombent dans les marges.
Le sacrifice suprême, aujourd’hui, peut aussi être silencieux. Un soldat seul, brisé, qui choisit de mourir au lieu de parler.
Conclusion
Le suicide du soldat de Golani ne peut pas être considéré comme un simple fait divers militaire. Il est le symptôme d’un système qui craque sous la pression de la guerre, d’un commandement qui gère les corps mais oublie les âmes.
Tant que Tsahal ne mettra pas les mêmes moyens dans la santé mentale que dans l’armement, les drames continueront. Et chaque silence autour d’un suicide sera un abandon de plus, une tache sur l’uniforme.
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