Netanyahou change de cap sur les otages : entre pression intérieure et victoire de façade en Iran

Il y a quatre mois, l’accord d’échange d’otages discutĂ© entre IsraĂ«l et le Hamas Ă©tait dĂ©jĂ  sur la table. Aujourd’hui, le gouvernement Netanyahou s’en approche Ă  nouveau, presque Ă  l’identique, mais aprĂšs 41 soldats tuĂ©s et des semaines de tensions. Pourquoi maintenant ? Selon des sources internes aux nĂ©gociations, ce n’est ni le contenu de l’accord qui a changĂ©, ni les exigences du Hamas – mais bien l’opportunisme politique du Premier ministre.

La vĂ©ritĂ© crue, que beaucoup murmurent mais peu osent dire devant les camĂ©ras, est que Netanyahou a craint jusqu’à rĂ©cemment de perdre sa droite dure – Ben Gvir et Smotrich – en acceptant un accord jugĂ© « trop faible ». Mais entre-temps, une carte a changĂ© le jeu : l’opĂ©ration rĂ©ussie d’IsraĂ«l contre les infrastructures nuclĂ©aires iraniennes. Le gouvernement peut maintenant brandir cette opĂ©ration comme une « victoire stratĂ©gique » et justifier une ouverture envers une solution diplomatique avec le Hamas, sans perdre la face.

Cette instrumentalisation politique d’une rĂ©ussite militaire soulĂšve une question douloureuse : les 41 soldats tombĂ©s ces derniers mois, sont-ils morts pour rien ? La rĂ©ponse, Ă©vidente pour tout soldat ou officier, est non. Chaque combattant est tombĂ© dans le cadre de sa mission, au nom de la solidaritĂ©, de l’honneur et du devoir. Mais la dĂ©cision politique de revenir exactement au mĂȘme accord plusieurs mois plus tard, sans gain rĂ©el, jette une ombre terrible sur ces sacrifices.

Dans l’armĂ©e, l’amertume monte. Tsahal continue de traquer des terroristes dans les derniers tunnels de Gaza, tandis que l’appareil politique dĂ©bat de la meilleure mise en scĂšne de la « victoire » pour les mĂ©dias. Pendant ce temps, les familles d’otages continuent d’attendre, dans l’angoisse, une issue qui aurait pu ĂȘtre atteinte bien plus tĂŽt.

Ce tournant dans la posture de Netanyahou survient au moment oĂč les États-Unis – sous la prĂ©sidence de Trump – ont reconnu l’efficacitĂ© tactique de l’opĂ©ration israĂ©lienne en Iran, menĂ©e dans le cadre de la « Guerre des 12 jours ». Ce raid aĂ©rien sans prĂ©cĂ©dent a permis de frapper 155 cibles iraniennes sur 157, dans une dĂ©monstration de puissance qui a Ă©bloui mĂȘme les acadĂ©mies militaires Ă©trangĂšres.

Mais au-delĂ  de la rĂ©ussite technologique israĂ©lienne – drones, missiles synchronisĂ©s, coordination parfaite – se cache une rĂ©alitĂ© politique dĂ©rangeante. Netanyahou tente aujourd’hui de convertir cette rĂ©ussite militaire, portĂ©e par des scientifiques, pilotes et experts issus de la sociĂ©tĂ© civile mobilisĂ©e contre sa rĂ©forme judiciaire, en capital politique personnel. Ce sont ces mĂȘmes IsraĂ©liens, qualifiĂ©s de « gauchistes » par sa coalition, qui ont permis la victoire en Iran et maintenu la rĂ©silience de Tsahal.

C’est ce paradoxe que souligne Thomas Friedman, chroniqueur influent au New York Times, qui dĂ©clarait cette semaine : « Les mĂȘmes IsraĂ©liens qui ont fait triompher leur pays face Ă  l’Iran sont ceux qui manifestaient pendant neuf mois contre la tentative de Netanyahou de transformer IsraĂ«l en pseudo-dĂ©mocratie religieuse. »

Ce que Netanyahou tente maintenant, c’est de s’approprier leur rĂ©ussite pour consolider son pouvoir et gagner les prochaines Ă©lections. Pendant ce temps, des lois absurdes tombent Ă  la Knesset, comme le rejet de l’amendement proposĂ© par le dĂ©putĂ© Yevgeny Soba (IsraĂ«l Beitenou) pour permettre aux pilotes israĂ©liens de voter en pĂ©riode d’opĂ©rations – un droit dont bĂ©nĂ©ficient pourtant les marins Ă©trangers sur sol israĂ©lien.

Ces pilotes, souvent mobilisĂ©s en urgence Ă  l’étranger, sont les mĂȘmes qui ont menĂ© les frappes en Iran, sauvĂ© des civils israĂ©liens pendant le 7 octobre, et opĂšrent dans les cieux syriens ou libanais. Mais Ă  la Knesset, leur droit de vote est bloquĂ© pour une seule raison : « ils votent du mauvais cĂŽté », comme l’a avouĂ© un dĂ©putĂ© de la coalition.

Et pendant que le gouvernement rĂ©compense l’extrĂȘme droite et le secteur ultra-orthodoxe, il coupe les fonds Ă  des programmes cruciaux comme « Chimie en ligne », qui a permis Ă  des milliers d’élĂšves de la pĂ©riphĂ©rie de rejoindre des unitĂ©s d’élite de Tsahal via l’excellence scientifique. À la place, des milliards continuent de couler vers un « enseignement de la tradition » dont la seule fonction semble ĂȘtre de contourner les lois sur le service militaire obligatoire.

Le systĂšme craque : Tsahal vient d’annoncer qu’il devra prolonger d’un an le service des soldats des unitĂ©s combattantes. Faute de renforts, on Ă©puise les meilleurs. Pourtant, une solution Ă©vidente est sur la table depuis toujours : appliquer la loi. Faire respecter le principe d’égalitĂ© dans le service national, qui aujourd’hui ne s’applique qu’à ceux qui le respectent dĂ©jĂ . Les autres, notamment une partie du secteur ultra-orthodoxe, continuent de bĂ©nĂ©ficier de privilĂšges sans contribution Ă©quivalente.

Comme l’a dĂ©montrĂ© Netanyahou lui-mĂȘme en 2003, lorsqu’il Ă©tait ministre des Finances : c’est en coupant les allocations que la participation au marchĂ© du travail des ultra-orthodoxes avait explosĂ©. Il suffit d’un peu de volontĂ© politique pour que cette leçon s’applique aussi au service militaire.

En conclusion, l’opĂ©ration contre l’Iran Ă©tait un chef-d’Ɠuvre, mais ce chef-d’Ɠuvre est collectif. Et ceux qui l’ont menĂ© ne permettront pas que ce soit dĂ©tournĂ© au profit d’un agenda partisan. IsraĂ«l devra choisir entre deux modĂšles : celui d’une dĂ©mocratie forte portĂ©e par ses Ă©lites civiles et militaires, ou celui d’un État repliĂ© sur lui-mĂȘme, gouvernĂ© par le chantage des minoritĂ©s extrĂ©mistes.

👉 Pour suivre les dĂ©bats essentiels sur la sĂ©curitĂ© nationale et le devoir de service :

Et pour approfondir le sujet :
👉 https://fr.wikipedia.org/wiki/Service_militaire_en_IsraĂ«l
👉 https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nuclĂ©aire_de_l%27Iran

Signé par Infos-Israel.News


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