Ce lundi matin à Holon, ce n’est pas la poussière des bâtiments détruits qui a le plus étouffé les habitants, mais le cynisme perçu d’un événement orchestré comme un gala, alors qu’il s’agissait de la destruction de leurs propres foyers. Deux immeubles touchés par un missile iranien durant l’opération « Am K’Lavi » ont été officiellement démolis… lors d’un « événement de commémoration » en présence du ministre de la Défense Israël Katz, suscitant des protestations immédiates.
Des familles encore traumatisées, certaines n’ayant même pas fini de récupérer leurs effets personnels, ont découvert un « podium, des journalistes, des discours, du champagne, du catering » et même une animation digne d’un lancement de start-up immobilière. « C’est grotesque, on se croirait à une inauguration ou un save the date… alors que c’est notre maison qu’on rase », a lancé Noam Shaaltiel, jeune habitante de l’un des immeubles effondrés.
Les tensions sont rapidement montées. Des cris de colère ont fusé à l’encontre du maire de Holon, Shaï Kinan, et du ministre Katz : « Descendez de la scène ! » ont hurlé plusieurs résidents, dénonçant une récupération politique indécente. Pour beaucoup, ce moment douloureux a été transformé en spectacle médiatique et en opportunité de communication gouvernementale.
Dans son discours, Israël Katz a glorifié la riposte israélienne face à l’Iran, qualifiant l’opération « Am K’Lavi » de « moment historique de la défense nationale ». Il a répété ses menaces envers le Hamas : « Si les otages ne sont pas libérés, nous ouvrirons les portes de l’enfer sur Gaza. » Il en a profité pour tancer publiquement la procureure militaire en chef, Yifat Tomer-Yerushalmi, insinuant que les décisions militaires ne devaient pas être dictées par les juristes : « C’est à nous de décider, pas à elle. »
Le maire Kinan, de son côté, a défendu l’événement en affirmant qu’il s’agissait d’un « rituel de résilience et de renouveau ». Il a annoncé qu’une rue du quartier portera désormais le nom de « Derekh Am K’Lavi » (La voie du Lion), en hommage à l’opération. Mais ces déclarations n’ont pas apaisé les familles concernées. « On ne nous a pas invités à un hommage, on nous a conviés à un show. C’est une gifle », a confié Omer Mizrahi, l’un des habitants délogés.
Sur les réseaux sociaux, l’indignation est immédiate. « Qui célèbre la destruction d’un chez-soi avec un buffet ? », écrit un internaute. Un autre ironise : « Qu’ils organisent leur fête au service de traumatologie ! » L’onde de choc dépasse Holon, devenant un symbole de la fracture entre les dirigeants politiques et les citoyens ordinaires.
L’entreprise responsable de la démolition, El-Or Kharad, a indiqué que les gravats des bâtiments seraient recyclés pour la construction d’abris sécurisés dans tout le pays. Un détail technique qui n’a pas suffi à rétablir la dignité de l’instant.
Face à la polémique, la mairie de Holon a publié un communiqué se défendant de toute intention provocatrice : « C’est un moment de reconstruction et d’unité, un hommage aux équipes de secours, à l’armée et à la résilience israélienne. » Pourtant, sur le terrain, le message est passé autrement : un événement de communication politique sur les ruines d’un traumatisme encore ouvert.
Israël Katz, sans se départir de son ton martial, a conclu : « Nous savons nous relever de nos ruines. C’est là notre victoire. »
Mais pour les résidents de Holon, la véritable victoire ne sera pas dans les discours, mais dans le retour concret à la dignité, au logement, et à la mémoire respectée.
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Un toast à la reconstruction… sur les ruines du respect ?
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