C’est un simple concert qui s’est transformé en cauchemar logistique et en scandale communautaire. La soirée festive animée par la star israélienne de la pop orientale, Omer Adam, dans le légendaire stade de Ramat Gan, a laissé derrière elle une série de frustrations… mais pas chez ses fans. Ce sont les résidents de la très religieuse ville de Bnei Brak, voisine immédiate du stade, qui en ont fait les frais – au sens littéral du terme.
Dans le quartier connu sous le nom de « מתחם הסופרים » (le complexe des écrivains), les habitants ont vécu, selon leurs propres mots, une forme de confinement inattendu. Plusieurs d’entre eux ont rapporté que les accès à leur quartier avaient été tout bonnement bouclés pendant des heures par la police, à cause de la logistique sécuritaire entourant la prestation d’Omer Adam. « On nous a enfermés dans notre propre quartier comme s’il s’agissait d’un événement militaire ! Pour une simple chanson ? », s’indigne un résident dans une déclaration publiée sur Ynet.
Des images diffusées par Infos-Israel.News montrent des femmes enceintes allongées sur le sol, incapables d’accéder à leur nouveau logement faute de pouvoir faire entrer le camion de déménagement. Des enfants et des bébés sont restés coincés, sans possibilité de sortir ou de faire entrer de l’aide. Une scène d’un autre temps ? Ou la preuve d’un État qui, parfois, oublie ses propres citoyens pour assurer le spectacle ?
La police, mise devant ses responsabilités, a admis l’ampleur du dysfonctionnement. Selon leurs explications, cette confusion serait due au manque d’expérience : « Cela faisait plus de dix ans qu’aucun événement de cette envergure n’avait été organisé dans le stade de Ramat Gan », a-t-on expliqué. En clair : les services n’étaient pas préparés, les procédures inadaptées.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher une levée de boucliers du côté des leaders communautaires de Bnei Brak. « Ce n’est pas une attaque contre la culture ou la musique. Nous ne sommes pas là pour juger Omer Adam ou son public. Ce que nous dénonçons, c’est l’indifférence avec laquelle on a ignoré une population entière », affirme un responsable municipal joint par Alyaexpress-News. « La liberté de circuler est un droit fondamental – même quand Omer Adam chante. »
Certains voient dans cet incident un symbole de la fracture identitaire croissante entre Israël laïque et Israël religieux. D’un côté, un État qui célèbre ses stars et sa culture populaire, de l’autre, une population perçue comme marginale et que l’on relègue volontiers au second plan, surtout lorsqu’il s’agit de grandes manifestations urbaines.
Les réseaux sociaux se sont évidemment enflammés. Sur Twitter, des vidéos ont montré les rues désertes de Bnei Brak, encerclées par des barrières, tandis que de l’autre côté, les fans d’Omer Adam chantaient et dansaient. La juxtaposition de ces deux mondes, séparés par quelques centaines de mètres et par une immense barrière policière, en dit long sur l’état actuel du vivre-ensemble en Israël.
Fait notable : l’événement survient alors que les tensions entre l’État et les communautés ultra-orthodoxes sont à leur comble. Les discussions sur le service militaire obligatoire pour les yeshivistes, les allocations familiales, ou encore la gestion des transports publics le Shabbat sont autant de points de friction. Dans ce contexte, une « erreur logistique » qui paralyse tout un quartier religieux pendant un concert de pop star prend vite des allures de symbole politique.
À noter que l’administration policière a tenté d’éteindre l’incendie. « Des leçons ont été tirées », ont-ils promis dans un communiqué. « À l’avenir, les rues ne seront pas bloquées durant les concerts, sauf en cas d’urgence. » Une promesse… en musique.
Mais la véritable question reste en suspens : pourquoi faut-il que la voix des citoyens ne soit entendue qu’après une crise ? Pourquoi les besoins élémentaires de familles entières doivent-ils être ignorés pour garantir un concert réussi ? Et surtout : comment un État démocratique justifie-t-il d’avoir bloqué la liberté de mouvement de centaines de citoyens, simplement pour ne pas perturber la fête ?
Il est peut-être temps que la sécurité publique en Israël cesse de fonctionner sur le mode de l’improvisation, surtout lorsque des vies quotidiennes sont en jeu. Car entre l’idole pop qui fait vibrer un stade, et une femme enceinte obligée de dormir au sol faute de pouvoir rentrer chez elle, il y a un gouffre que même les plus beaux refrains d’Omer Adam ne peuvent combler.
Pour suivre l’actualité sécuritaire et sociétale en Israël, consultez :
https://infos-israel.news/category/israel/
https://infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/
https://alyaexpress-news.com/
https://rakbeisrael.buzz/
Pour approfondir les tensions entre religieux et laïcs en Israël : https://fr.wikipedia.org/wiki/Société_israélienne
Omer Adam : https://fr.wikipedia.org/wiki/Omer_Adam
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