Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aaty, a choisi CNN pour envoyer un message clair à Jérusalem : « Le transfert forcé de Palestiniens hors de Gaza est une ligne rouge pour l’Égypte. Nous ne le permettrons pas. » Derrière ces mots fermes, une ambiguïté demeure : Le Caire n’a pas confirmé si un tel scénario remettrait en cause l’accord de paix historique signé avec Israël en 1979. Mais la mise en garde est posée, et elle a résonné dans toutes les capitales.
L’Égypte, qui partage une frontière sensible avec la bande de Gaza via le passage de Rafah, redoute avant tout une déstabilisation de son propre territoire. Comme l’a souligné le ministre, « un tel pas constituerait un risque majeur pour notre sécurité nationale et notre souveraineté ». Autrement dit, pour Le Caire, accepter une implantation massive de réfugiés palestiniens dans le Sinaï équivaudrait à importer le problème, avec le spectre du terrorisme islamiste déjà bien présent dans cette région.
Une posture paradoxale
Le discours égyptien se veut humanitaire : Abdel Aaty a affirmé travailler « par différents canaux » pour alléger la souffrance des Gazaouis. Mais il a précisé avec insistance : « Nous n’accepterons pas de déplacement, nous ne participerons pas à une telle opération et nous ne permettrons pas qu’elle ait lieu. » Une façon de rejeter à la fois le transfert physique et l’idée qu’Israël puisse « mettre fin au projet palestinien » par ce biais.
Pourtant, l’Égypte entretient une coopération sécuritaire quotidienne avec Israël, en particulier contre les trafics d’armes et les infiltrations terroristes. Le double langage est évident : d’un côté, Le Caire se positionne en défenseur de la « cause palestinienne » pour son opinion publique et le monde arabe ; de l’autre, il sait que seule la stabilité israélienne garantit aussi la sienne.
Le Hamas et la diplomatie régionale
Cette sortie médiatique intervient alors que des médias arabes annoncent que le Hamas aurait accepté la dernière proposition de médiation présentée conjointement par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis. Selon la chaîne saoudienne Al-Hadath, une « réunion élargie » doit se tenir au Caire avec toutes les factions palestiniennes pour discuter de la mise en œuvre.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a lui-même rencontré l’émir du Qatar, Mohammed al-Thani, pour coordonner la médiation. Un fait révélateur : Le Caire, malgré ses proclamations « anti-transfert », se place au centre de la diplomatie, cherchant à s’imposer comme l’arbitre incontournable entre Israël, le Hamas et Washington.
Trump entre en scène
Comme souvent, l’ancien président américain Donald Trump a saisi l’occasion pour rappeler son bilan. Sur Truth Social, il a écrit : « Nous verrons le retour des otages quand le Hamas sera détruit. Souvenez-vous : j’ai été le seul à négocier et obtenir la libération de centaines d’otages pour Israël et pour l’Amérique. J’ai été le seul à mettre fin à une guerre de six ans en six mois. J’ai été le seul à détruire les installations nucléaires iraniennes. On joue pour gagner – ou on ne joue pas du tout. » Une déclaration typiquement trumpienne, destinée à rappeler que, contrairement aux diplomates actuels, lui avait réussi là où d’autres ont échoué.
Un « avertissement » plus symbolique que réel
En pratique, l’Égypte n’a aucun intérêt à remettre en cause le traité de paix avec Israël, pilier de sa stabilité régionale et garant des milliards d’aides américaines qu’elle perçoit chaque année. La menace d’un « risque pour la souveraineté » relève davantage de la rhétorique, destinée à calmer les frustrations arabes et à montrer que Le Caire n’est pas complice d’un scénario de transfert massif.
Israël, de son côté, n’a jamais affiché de projet officiel de déportation vers le Sinaï. Tsahal concentre ses efforts sur l’élimination du Hamas et la sécurisation de ses frontières. La véritable inquiétude du Caire est ailleurs : que le chaos gazaoui ne vienne déborder chez lui, créant une poudrière dans le Sinaï.
En définitive, cet « avertissement » ressemble plus à une gesticulation diplomatique qu’à une menace réelle. L’accord de paix Israël-Égypte reste solide, car il sert les deux camps. Et si Le Caire se pose en gardien des Palestiniens, il le fait avant tout pour protéger ses propres frontières.
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