C’est un épisode révélateur de la nouvelle donne à Washington. Le Washington Post a révélé que Shahad Quraishi, responsable de presse principal du Département d’État pour les affaires israélo-palestiniennes, a été licencié après avoir proposé une déclaration officielle jugée « trop distante » de la ligne ferme voulue par le président Donald Trump et son secrétaire d’État Marco Rubio.
Le motif du licenciement ? Quraishi avait rédigé un texte précisant que les États-Unis « ne soutiennent pas le transfert forcé des Palestiniens de Gaza ». Une phrase jugée « neutre » en apparence, mais qui a immédiatement été bloquée par la hiérarchie. Car l’équipe Trump a été claire : les messages doivent être sans ambiguïté pro-israéliens. Les nuances ne sont pas tolérées. Quelques jours plus tard, Quraishi était congédié.
Le Département d’État a justifié la décision en rappelant que « les employés fédéraux ne doivent pas placer leurs idéologies personnelles au-dessus de l’agenda du président élu ». En d’autres termes, toute divergence publique est désormais assimilée à une trahison de la ligne officielle.
Ce n’est pas un cas isolé. Le même Quraishi s’était déjà heurté à ses supérieurs à propos du traitement médiatique d’un journaliste d’Al-Jazeera, tué à Gaza et identifié par Israël comme membre actif du Hamas. Quraishi avait suggéré une réaction de condoléances « aux familles des journalistes ». Sa proposition avait été sèchement rejetée par des responsables qui rappelaient qu’« il n’y a pas lieu de pleurer un homme dont les activités sont incertaines ».
La tension est encore montée d’un cran avec David Milstein, conseiller du nouvel ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee. Milstein, connu pour sa proximité assumée avec Jérusalem, plaide activement pour que le Département d’État parle officiellement de « Judée-Samarie » au lieu de « Cisjordanie » – un vocabulaire qui entérine la légitimité historique et biblique du peuple juif sur ces territoires. Là encore, Quraishi s’y est opposé, préférant conserver le langage « classique » utilisé dans les chancelleries européennes.
Résultat : il est désormais perçu comme un obstacle à la stratégie Trump. Et à Washington, l’heure n’est plus aux compromis. Le message est limpide : la Maison-Blanche veut une diplomatie alignée sur Israël, sans place pour les demi-teintes héritées de décennies d’échecs au Proche-Orient.
Cette fermeté tranche avec l’attitude européenne. À Paris, Emmanuel Macron rêve toujours de conférences de paix et s’apprête à reconnaître un État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Une position que Benjamin Netanyahou a qualifiée de « carburant pour l’antisémitisme » en France. Pendant ce temps, à Washington, Trump et Rubio imposent un langage clair : soutien à Israël, tolérance zéro pour le Hamas, et fin des ambiguïtés diplomatiques.
Quraishi, lui, dénonce une « dérive inquiétante » et affirme avoir toujours travaillé « dans le cadre des règles internes ». Mais ses critiques peinent à masquer une évidence : il n’était plus en phase avec la vision trumpiste d’un Moyen-Orient remodelé autour des Accords d’Abraham et de la marginalisation des alliés de Téhéran.
Ironie finale, Quraishi rappelle fièrement qu’il est l’auteur d’un slogan repris un temps par Rubio : « Make Gaza Beautiful Again ». Mais dans le climat actuel, ce type de clin d’œil n’a pas suffi à sauver sa carrière.
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