C’est une opération sans précédent qui se profile dans la bande de Gaza. Selon des sources sécuritaires israéliennes, Tsahal s’apprête à lancer l’un des plus vastes plans de déplacement de population de son histoire récente : l’évacuation d’environ un million de civils de la ville de Gaza vers le sud de l’enclave, en amont d’une offensive terrestre décisive. L’objectif est double : réduire le risque pour les civils et permettre à l’armée de frapper le Hamas avec une liberté d’action maximale. Mais cette stratégie, baptisée en interne « mécanisme d’évacuation », soulève des défis colossaux, tant sur le plan humanitaire que juridique.
Leçons du passé et erreurs corrigées
Tsahal a déjà expérimenté ce type de manœuvre au cours des premières phases de la guerre. Dès octobre 2023, des tracts avaient été largués sur le nord de Gaza pour inciter les habitants à se déplacer vers la zone de Muwasi, définie comme couloir humanitaire. Mais des erreurs logistiques ont laissé près d’un quart de million de personnes piégées au nord, contraintes de se déplacer sans cesse au gré des combats.
Depuis, l’armée a perfectionné ses méthodes. Les unités responsables de la communication avec la population – notamment l’unité 504 du renseignement militaire – ont multiplié les canaux : tracts, SMS, appels téléphoniques personnalisés et haut-parleurs sur véhicules blindés. À cela s’ajoute la dissuasion psychologique : frappes préventives à l’artillerie ou à l’aviation, conçues non pour tuer mais pour provoquer la panique et accélérer l’évacuation.
Comme le souligne Infos-Israel.News, cette tactique a déjà permis de vider des zones entières comme Khan Younès et Rafah, facilitant l’avancée de Tsahal tout en limitant les pertes civiles.
Une innovation : « l’unité d’évacuation »
C’est un organe méconnu, révélé récemment par la presse israélienne : le « centre de gestion des déplacements de population » au sein du commandement sud. Ce dispositif, conçu dès 2013, centralise renseignement, planification militaire et logistique humanitaire. Il cartographie chaque quartier, chaque clan familial, et adapte ses messages en conséquence.
Le système va jusqu’à utiliser des technologies de reconnaissance faciale dans les couloirs d’évacuation, afin d’identifier d’éventuels terroristes infiltrés parmi les foules ou de retrouver des otages cachés. Une véritable fusion entre guerre psychologique et gestion de flux humains à l’échelle d’une ville entière.
Une équation humanitaire explosive
Mais déplacer un million de personnes ne se résume pas à les pousser vers le sud. Encore faut-il leur offrir un minimum de garanties : abris, nourriture, eau potable et soins médicaux. Israël insiste sur le fait que ces ressources doivent être gérées par l’ONU ou par des ONG internationales, afin de respecter le droit international. Pourtant, sur le terrain, l’organisation humanitaire est déjà saturée.
L’armée a donc dû autoriser l’entrée d’équipements : tentes, générateurs, systèmes de dessalement. Une coopération inédite a été nouée avec les Émirats pour installer un pipeline d’eau depuis l’Égypte et connecter de nouvelles lignes électriques. Comme le note Alyaexpress-News, Israël cherche à prouver qu’il n’abandonne pas la population civile, mais qu’il sépare clairement civils et terroristes.
Les risques stratégiques
L’opération n’est pas sans dangers. En donnant un préavis à la population, Tsahal perd une partie de l’effet de surprise militaire. Le Hamas pourrait transformer Gaza en « ville forteresse », utiliser les civils comme boucliers humains ou ralentir délibérément l’évacuation pour saper le tempo israélien. Certains redoutent que le mouvement terroriste prenne littéralement une ville entière en otage pour freiner l’offensive.
À cela s’ajoutent les critiques internationales. Le droit humanitaire autorise les évacuations temporaires, mais certains juristes hostiles à Israël accusent déjà Jérusalem de planifier un « transfert forcé ». Tsahal, de son côté, insiste sur le caractère temporaire et réversible du déplacement, rappelant que seuls 38 000 Gazaouis ont quitté la bande de manière permanente depuis le début de la guerre, principalement des binationaux ou des cas médicaux.
Humour noir et réalisme militaire
Certains soldats israéliens ironisent : « On ne distribue pas seulement des tracts, on distribue aussi de la peur. » Car au fond, ce qui pousse une population à quitter son foyer, ce n’est pas un SMS mais la certitude que rester peut coûter la vie. Tsahal mise sur cette équation brutale pour briser la résistance passive.
Mais cette approche soulève un dilemme moral profond. Comme l’explique un ancien officier spécialiste de la guerre psychologique : « Personne ne veut quitter sa maison. Pour convaincre, il faut rendre le statu quo intenable : obscurcir les écrans, couper l’électricité, frapper à proximité. C’est la guerre, et la guerre, c’est aussi convaincre par la peur. »
Vers un retour du gouvernement militaire ?
Plusieurs experts militaires vont plus loin : si Tsahal doit gérer directement le logement, la santé et l’éducation des déplacés, Israël se retrouvera de facto face à un retour du gouvernement militaire dans la bande de Gaza. Une hypothèse que les responsables politiques à Jérusalem refusent d’admettre publiquement, mais que beaucoup considèrent comme inévitable.
Conclusion : le test décisif
L’évacuation de la ville de Gaza représente l’épreuve la plus complexe de cette guerre. Pour Israël, il s’agit de concilier impératifs militaires et exigences humanitaires, tout en neutralisant le Hamas. Pour les civils palestiniens, c’est un exode imposé par une guerre dont leur propre leadership les a rendus otages.
Dans tous les cas, l’issue sera scrutée de près par le monde entier. Si Tsahal réussit à évacuer un million de personnes tout en poursuivant son offensive, ce sera un précédent militaire inédit. Mais si l’opération dérape, Israël risque un ouragan diplomatique.
Une certitude demeure : le Hamas a transformé Gaza en piège humain, et Israël n’a d’autre choix que de le désamorcer, même au prix d’une entreprise logistique titanesque.
— Infos-Israel.News
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