Un nouveau visage pourrait bien bouleverser la scène politique israélienne. Drar Amrih, figure émergente de la société arabe israélienne, a annoncé la création d’un parti baptisé « Biahad Natzliah » (« Ensemble nous réussirons »). Son objectif déclaré est clair et ambitieux : combattre la criminalité qui gangrène depuis des années les villes et villages arabes d’Israël.
Dans son discours de lancement, Amrih a dénoncé l’échec des partis traditionnels. « La vieille politique a échoué. Au lieu de paroles et de promesses vides, je propose un véritable partenariat pour le bien du public arabe et israélien dans son ensemble », a-t-il affirmé devant ses partisans. Se présentant comme un homme de terrain plus que comme un idéologue, il a ajouté : « Je ne viens pas pour des sièges ni pour les honneurs, mais pour sauver des vies. »
Ce qui a surpris le plus dans ses propos est sans doute sa disponibilité à siéger dans n’importe quelle coalition, y compris aux côtés de figures aussi clivantes que les ministres Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances). Dans le discours politique arabe en Israël, une telle déclaration relève d’un véritable séisme. « S’ils sont prêts à me donner les outils et les moyens de lutter contre la criminalité, je n’ai aucun problème à m’asseoir avec eux autour de la table du gouvernement. Il ne s’agit pas d’idéologie, mais de vie ou de mort », a-t-il martelé.
La nouvelle formation entend porter un programme social et communautaire large : lutte contre les organisations criminelles, renforcement du système éducatif dans les localités arabes, insertion professionnelle des jeunes, mais aussi développement de programmes de logement adaptés aux nouvelles générations. Une plateforme qui vise à rompre avec les clivages idéologiques pour se concentrer sur les urgences sociales.
L’annonce a immédiatement suscité de vives réactions dans la sphère politique. Au sein des partis arabes traditionnels, certains y voient une tentative de briser le consensus anti-droite, voire une manœuvre de normalisation avec des figures considérées comme hostiles aux Arabes israéliens. Mais d’autres reconnaissent le courage d’une telle initiative, dans un contexte où la criminalité arabe atteint des sommets historiques. Selon les chiffres de la police israélienne, plus de 220 meurtres ont été enregistrés dans la société arabe en 2023, un chiffre qui avait déjà suscité une vague de manifestations et de critiques contre l’État accusé d’inaction (source : Wikipédia).
L’initiative de Drar Amrih reflète un tournant pragmatique. Alors que des leaders arabes avaient appelé par le passé à boycotter systématiquement les gouvernements de droite, lui propose une approche de collaboration conditionnelle : obtenir des moyens concrets pour sauver des vies, quitte à bousculer les tabous. Comme il l’a résumé : « Je ne crains pas de briser les murs. Si nous continuons avec les vieilles méthodes, notre société continuera de s’effondrer sous les balles. »
Du côté de la majorité juive israélienne, certains observateurs accueillent positivement ce discours inédit. Des éditorialistes cités par Infos-Israel.News estiment que ce type de positionnement pourrait ouvrir une nouvelle voie : celle d’un engagement arabe centré sur la sécurité, partagé avec l’ensemble du pays, plutôt que sur les querelles idéologiques. Pour d’autres, il ne s’agit que d’une manœuvre électorale difficile à concrétiser dans la pratique, tant la méfiance mutuelle reste forte.
Cette annonce intervient alors que la société arabe israélienne traverse une crise profonde. Outre la criminalité endémique, les inégalités en matière d’éducation, d’emploi et de logement alimentent une frustration croissante, notamment chez les jeunes. Le programme d’Amrih, en mettant l’accent sur l’intégration économique et sociale, vise précisément à répondre à ces attentes.
Sur le plan international, le geste de tendre la main à des figures nationalistes juives aussi clivantes que Ben Gvir et Smotrich ne passera pas inaperçu. Les chancelleries étrangères, habituées à dénoncer le traitement réservé aux Arabes israéliens, pourraient y voir une ouverture inédite. Mais pour une grande partie de l’opinion arabe locale, cette démarche sera perçue comme une trahison.
En conclusion, l’entrée en politique de Drar Amrih marque peut-être le début d’une recomposition dans la représentation arabe en Israël. En choisissant de mettre la lutte contre la criminalité au-dessus de toute idéologie, il prend le risque de se couper d’une partie de son électorat naturel mais ouvre la possibilité d’un dialogue inédit avec la droite israélienne. Un pari audacieux qui pourrait, s’il réussit, redéfinir le rapport des Arabes israéliens au pouvoir et inscrire une nouvelle page dans l’histoire politique du pays.
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