Le cas de Sion Assidon, figure juive marocaine connue pour son militantisme virulent contre Israël et pour son rôle de coordinateur du mouvement BDS au Maroc, alimente la polémique. Âgé de 77 ans, il a été retrouvé inconscient il y a deux semaines dans sa maison de Mohammédia, près de Casablanca. Hospitalisé avec des blessures, il est depuis dans le coma. Si le parquet marocain affirme qu’aucune preuve d’agression n’a été découverte, plusieurs organisations pro-palestiniennes réclament une enquête approfondie, soupçonnant une attaque liée à son activisme.
Une enquête officielle qui écarte la piste criminelle
Le procureur de Casablanca a publié une déclaration selon laquelle rien n’indique une agression. Les forces de l’ordre, alertées de sa disparition le 11 août, l’ont découvert effondré sur son canapé. Aucune trace d’effraction n’a été relevée, aucune empreinte suspecte n’a été retrouvée, et les caméras de surveillance montrent Assidon rentrant seul chez lui deux jours plus tôt, vêtu des mêmes habits que lorsqu’il fut découvert. Un ouvrier voisin a même affirmé l’avoir vu la veille tailler des arbres sur un escabeau. Pour la justice marocaine, l’hypothèse d’un accident domestique reste plausible, mais l’enquête se poursuit.
La récupération politique immédiate
Malgré ces précisions, la « Front marocaine de soutien à la Palestine et contre la normalisation » multiplie les communiqués. Pour elle, le caractère « mystérieux » de l’incident et le profil d’Assidon – un militant acharné contre Israël – justifieraient l’idée d’une agression ciblée. Le mouvement exige la « transparence totale » des autorités et évoque une possible tentative d’assassinat « motivée par ses positions courageuses ».
L’affaire a même franchi les frontières. Le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a titré sur « l’activiste de gauche marocain dans le coma après un incident suspect » et l’a dépeint en « soldat de la révolution palestinienne ». Ce ton laudatif illustre combien la figure d’Assidon est instrumentalisée par les réseaux anti-israéliens pour nourrir le récit de la victimisation.
Un parcours singulier
Né à Agadir en 1948 dans une famille juive, Assidon a grandi à Casablanca après le tremblement de terre de 1960, avant d’émigrer en France. Revenu au Maroc en 1967, il participe à la création d’un mouvement marxiste-léniniste et passe plus de 12 ans en prison pour ses activités politiques. Marié à une Palestinienne américaine, père d’un fils, il s’est ensuite imposé comme le visage du BDS au Maroc, militant contre toute normalisation avec Israël et multipliant les déclarations anti-sionistes. Dans un documentaire, il affirmait : « Les Israéliens ne sont jamais de simples citoyens, car tous sont soumis au service militaire et donc complices de crimes de guerre ».
Le malaise des Juifs du Maroc
L’affaire Assidon met en lumière la situation paradoxale des Juifs du royaume. Si le Maroc est l’un des rares pays arabes où une communauté juive a survécu – environ 2 000 personnes aujourd’hui – et où la monarchie encourage la préservation de son patrimoine【https://fr.wikipedia.org/wiki/Juifs_au_Maroc】, certains militants juifs d’extrême gauche, comme Assidon, se sont rapprochés des causes anti-israéliennes pour asseoir leur légitimité locale. Mais ce choix en fait aussi des instruments idéaux de la propagande pro-iranienne et pro-palestinienne.
Israël observe, le régime temporise
Pour Israël et ses alliés, cette affaire illustre une dérive inquiétante : utiliser des Juifs hostiles au sionisme pour donner un vernis de légitimité aux discours anti-israéliens. Comme le souligne Infos-Israel.News, « présenter Assidon comme une victime du sionisme, alors même que l’enquête ne démontre rien, est une manipulation politique ».
De son côté, Rabat temporise. Le royaume, engagé depuis 2020 dans les Accords d’Abraham【https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_d%27Abraham】, cherche à équilibrer sa relation stratégique avec Israël et son opinion publique largement pro-palestinienne. Une affaire trop politisée pourrait fragiliser cette équation délicate.
Conclusion
Qu’il s’agisse d’un accident, d’un malaise ou d’une agression, l’incident autour de Sion Assidon est déjà instrumentalisé par les adversaires d’Israël. L’activiste BDS devient, malgré lui, un symbole utilisé contre l’État hébreu. Mais derrière le vacarme médiatique, une certitude demeure : tant que des figures juives sont contraintes de s’aligner sur la rhétorique anti-israélienne pour exister dans le monde arabe, l’antisémitisme change seulement de masque – et Israël reste sa cible première.
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