Un nouveau sondage du Jewish People Policy Institute (JPPI) révèle une réalité troublante : pour une majorité de Juifs américains, les opérations militaires israéliennes à Gaza ont un impact direct sur la sécurité et la perception des communautés juives en diaspora. 75 % des répondants se disent inquiets qu’Israël devienne un « paria » en Occident. Pis encore, près de la moitié des Juifs américains avouent cacher leur identité religieuse lorsqu’ils se déplacent dans un environnement inconnu.
L’effet miroir de Gaza
Le contraste est frappant : alors que 62 % des Juifs israéliens craignent une marginalisation d’Israël en Occident, ce chiffre grimpe à 75 % aux États-Unis. Une inquiétude renforcée par les récentes campagnes de boycott visant des entreprises israéliennes comme Teva, ou par la multiplication des agressions antisémites en Europe et en Amérique du Nord【https://infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/】.
Dans une lettre adressée il y a quelques semaines à Benyamin Netanyahou, un groupe de leaders juifs américains a averti que « les choix politiques d’Israël ne touchent pas seulement à son image internationale : ils retombent directement sur les communautés juives du monde entier ». Une crainte confirmée par le sondage JPPI, qui montre que 92 % des sondés partagent ce constat, même si leurs conclusions divergent sur la marche à suivre.
Faut-il tenir compte des diasporas ?
Selon l’étude, 47 % des Juifs américains estiment qu’Israël doit prendre en considération l’impact de ses opérations militaires sur les communautés juives à l’étranger. Mais presque autant (45 %) jugent qu’Israël doit viser avant tout la victoire militaire sur le Hamas, sans se laisser influencer par ces pressions extérieures. Le débat traverse les familles et les synagogues : certains réclament un Israël plus attentif aux répercussions diplomatiques, d’autres rappellent que la survie de l’État juif ne peut se négocier.
Identité sous tension
Un chiffre glaçant illustre cette fragilité : 51 % des Juifs américains déclarent masquer parfois ou toujours leur identité juive dans un environnement inconnu. Seule exception : les orthodoxes, majoritairement fiers d’afficher leur appartenance. Comme l’explique RakBeIsrael.buzz, « cette dissimulation révèle un malaise profond : le juif de diaspora devient l’otage des perceptions d’Israël ».
À l’approche des fêtes de Tichri, 53 % des sondés prévoient de participer à des offices religieux plus d’une fois. Mais même dans la pratique rituelle, l’ombre de la guerre pèse sur les consciences.
La question de Gaza au cœur du clivage
Sur le fond, la moitié des Juifs américains (47 %) considèrent qu’Israël n’avait pas d’autre choix que d’envahir Gaza pour neutraliser le Hamas. Mais un tiers (34 %) pense que cette stratégie est une erreur, et 10 % demandent purement et simplement l’arrêt de la guerre – même au prix du maintien du Hamas au pouvoir.
La fracture est nette selon les préférences politiques : 85 % des électeurs juifs pro-Trump soutiennent l’opération, contre seulement 26 % des électeurs juifs favorables à Kamala Harris lors des élections de 2024.
Une victoire en trompe-l’œil ?
Seuls 32 % des Juifs américains estiment qu’Israël est en train de « gagner » la guerre, contre près de la moitié (48 %) des Juifs israéliens interrogés dans un sondage parallèle. La divergence traduit une perception plus pessimiste à l’étranger, où les répercussions médiatiques et diplomatiques sont plus fortes.
Le rappel du JPPI : Israël doit assumer son rôle protecteur
Pour le professeur Yedidia Stern, président du JPPI, le sondage est un signal d’alarme : « La conduite de la guerre a un effet direct sur le sentiment d’insécurité des Juifs de diaspora. Près de la moitié attendent d’Israël qu’il en tienne compte, mais cette voix n’est pas représentée dans les instances décisionnelles ». Stern rappelle que la Loi fondamentale de l’État d’Israël impose de « veiller au bien-être des Juifs en détresse à cause de leur judaïsme ».
Un principe qui, selon lui, devrait se traduire par une instance officielle intégrée aux processus stratégiques, afin que la sécurité des communautés juives de diaspora devienne une variable à part entière des décisions militaires et diplomatiques.
Entre fierté et peur
Le dilemme est là : Israël mène sa guerre existentielle contre le Hamas【https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamas】, mais chaque frappe, chaque décision est scrutée par un monde occidental prompt à juger, et dont l’antisémitisme ressurgit à chaque flambée de violence. Pour les Juifs de diaspora, la question n’est pas théorique : elle se vit dans la rue, dans les écoles, dans les hôpitaux où s’installent désormais les appels au boycott.
La voix des Juifs américains rappelle à Israël une vérité douloureuse : si l’État hébreu combat pour son avenir au Moyen-Orient, c’est toute la diaspora qui encaisse le contrecoup en Occident.
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