Le mouvement islamiste Hamas a annoncé mercredi soir sa disponibilité à conclure une « transaction globale » : la libération de l’ensemble des otages israéliens en échange d’un nombre convenu de prisonniers palestiniens, dans le cadre d’un accord plus large qui mettrait fin à la guerre de Gaza. Jérusalem a immédiatement rejeté cette déclaration, qualifiée de « spin médiatique », réaffirmant que seule l’acceptation des conditions fixées par le cabinet de guerre israélien pourra mettre fin au conflit.
Dans son communiqué, Hamas conditionne l’accord à une série de mesures : retrait total des forces de Tsahal de la bande de Gaza, ouverture complète des points de passage pour l’acheminement des biens et début de la reconstruction du territoire. Le groupe terroriste présente cette offre comme une initiative « réaliste » susceptible de mettre fin à la guerre et d’entamer une nouvelle phase.
Mais côté israélien, la réponse a été immédiate et sans ambiguïté. Le ministre de la Défense Katz a rappelé que « le Hamas continue de duper et de prononcer des mots vides », ajoutant : « Il devra bientôt choisir entre deux options : accepter les conditions d’Israël pour mettre fin à la guerre — libération de tous les otages et désarmement complet — ou voir Gaza devenir une nouvelle Rafah et Beit Hanoun. Tsahal se prépare avec une pleine puissance. »
Quelques minutes plus tard, le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou a publié une déclaration encore plus explicite : « Malheureusement, il s’agit d’un nouveau bluff du Hamas qui n’apporte rien de nouveau. La guerre peut s’arrêter immédiatement si le Hamas accepte les conditions fixées par le cabinet : la libération de tous les otages, le désarmement complet, la démilitarisation de Gaza, une présence sécuritaire israélienne et la mise en place d’une administration civile de substitution qui ne soit ni complice ni promotrice du terrorisme. »
Ces exigences réitèrent la ligne dure adoptée par Israël depuis le 7 octobre 2023, date du massacre perpétré par le Hamas, au cours duquel plus de 1 200 Israéliens ont été assassinés et des centaines enlevés. Pour le gouvernement israélien, tout compromis qui ne garantirait pas l’éradication de la menace terroriste reviendrait à préparer le terrain pour une nouvelle tragédie.
Le contraste entre les annonces du Hamas et les conditions posées par Jérusalem illustre l’impasse stratégique actuelle. Comme le rappelle Wikipédia, l’organisation islamiste a toujours utilisé les négociations autour des prisonniers comme un levier politique majeur. Israël, de son côté, reste convaincu que céder sans contreparties fermes renforcerait la capacité militaire de ses ennemis.
Dans un tel contexte, l’écart entre les discours est immense : le Hamas exige un retrait total et une levée du blocus, tandis qu’Israël impose un désarmement complet et un contrôle sécuritaire durable de Gaza. Loin d’une ouverture, la « proposition » de mercredi soir apparaît davantage comme une bataille de communication, visant à projeter une image de pragmatisme pour le Hamas et à rappeler l’intransigeance sécuritaire pour Israël.
À l’international, cette joute verbale ne passe pas inaperçue. Les médiateurs régionaux, notamment l’Égypte et le Qatar, savent que la marge de manœuvre reste étroite tant que les deux parties campent sur des positions radicalement opposées. Pour Washington et certaines capitales européennes, la libération des otages demeure un objectif prioritaire, mais les perspectives d’un accord global paraissent lointaines.
En Israël, les familles des otages continuent de presser le gouvernement pour qu’il agisse rapidement, oscillant entre l’exigence de fermeté et l’angoisse d’un statu quo meurtrier. Le débat interne reflète une société tiraillée entre l’impératif moral de sauver les captifs et la nécessité stratégique de neutraliser le Hamas.
La conclusion, une fois encore, est implacable : derrière les effets d’annonce, la guerre de Gaza reste prisonnière d’un dilemme insoluble. Sans un changement radical de paradigme, ni la promesse d’un échange massif, ni la menace d’une offensive israélienne accrue ne suffiront à briser l’impasse. Pour Israël, céder sans garanties serait un danger existentiel ; pour le Hamas, renoncer à son arsenal équivaudrait à une reddition. Dans ce face-à-face brutal, la paix reste encore hors de portée.
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