Le rapport du Contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, révèle une image sombre : évacués laissés sans suivi, familles brisées, réservistes ruinés. Derrière les chiffres, des voix s’élèvent : une enseignante de Kiryat Shmona, une famille sinistrée à Rishon LeTsion et un musicien mobilisé en milouim témoignent de l’abandon ressenti.
Quand l’arrière s’effondre
Le rapport, publié le 3 septembre, souligne l’absence de préparation de l’État pour gérer les frappes massives sur le front intérieur. Les mêmes erreurs que lors de la seconde guerre du Liban (2006) se répètent : bureaucratie lourde, manque de soutien psychologique, lenteur dans les compensations économiques.
Shmita Edri, enseignante à Kiryat Shmona, raconte avoir pris en charge près de 80 enfants restés dans des abris, sans cadre éducatif. « On ne peut pas acheter la résilience avec des subventions », dit-elle. « On nous a donné un peu d’argent pour tenir, mais pas d’accompagnement social. Beaucoup resteront marqués à vie ».
Des vies pulvérisées par les roquettes
En juin, la maison des parents de Tali Shabtai, à Rishon LeTsion, a été frappée par un missile iranien. Elle, son mari et leurs filles ont survécu de justesse, mais deux voisins ont péri. « Les politiciens sont venus se faire photographier avec ma petite de huit semaines et même avec le chien sauvé des décombres », témoigne-t-elle à Ynet. « Après ça ? Plus rien. Seulement de la paperasse, des fonctionnaires qui nous envoient de bureau en bureau. Mon père, 77 ans, doit reconstruire sa maison seul. Il est perdu ».
Le prix des milouim
Dvir, musicien indépendant et commandant de section en réserve, a dû abandonner son activité en plein pic de concerts. « J’avais 40 dates de Selihot en septembre dernier, toutes annulées quand j’ai été appelé au Liban », explique-t-il. « J’ai perdu des dizaines de milliers de shekels. Et l’État a changé les règles d’indemnisation. Résultat : rien. On est partis défendre le pays, mais on n’a pas senti que le pays se mobilisait pour nous ».
Responsabilités politiques et colère du Contrôleur
Fait rare, le Contrôleur met en cause directement le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le ministre des Finances Bezalel Smotrich et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant. Selon lui, ils ont ignoré les avertissements récurrents depuis 2006.
Réponse immédiate du bureau de Netanyahou : « Les conclusions sont absurdes et hors de propos ». Mais Englman a répliqué : « C’est au Premier ministre de corriger les défaillances. Nous continuerons notre mission malgré les attaques politiques ».
Une fissure profonde dans la société israélienne
Ces récits mettent en lumière un paradoxe : la résilience militaire contraste avec la fragilité de l’appui civil. Si Israël a su montrer au monde qu’aucun citoyen n’est resté sans toit, la crise de confiance envers l’État grandit. Comme l’exprime Tali Shabtai : « On nous dit de dire merci d’être vivants. Mais comment reconstruire une vie sur la gratitude seule ? »
Sources :
- Rapport du Contrôleur de l’État (Matanyahu Englman), 03/09/2025
- Témoignages recueillis par Ynet et Arutz 7
- Contexte sur la seconde guerre du Liban via Wikipédia
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