Un drame d’une intensité insoutenable a frappé ce mardi matin la ville de Rehovot. Un réserviste de Tsahal, âgé de 31 ans, a été retrouvé mort par balle dans son appartement de la rue Moshe Kosover. Ce jour-là devait pourtant être le plus heureux de sa vie : il s’apprêtait à se marier. Ses amis, venus le chercher pour l’accompagner sous la houpa, ont découvert son corps et alerté les secours. Les équipes du Magen David Adom, arrivées en urgence, n’ont pu que constater son décès.
Cette tragédie intervient dans un contexte particulièrement alarmant pour l’armée israélienne. Le mois dernier déjà, un officier réserviste avait été retrouvé sans vie dans le nord du pays. Dans les deux cas, une enquête a été ouverte par la police militaire, avec transmission des conclusions à la procureure militaire pour suivi. Tsahal, dans un communiqué, a exprimé sa “profonde douleur” et affirmé qu’elle continuerait à accompagner les familles endeuillées.
Le drame de Rehovot résonne d’autant plus fort que la question du suicide dans les rangs de l’armée est désormais au cœur du débat public. Selon les chiffres rapportés par des ONG, le nombre d’actes suicidaires parmi les soldats, qu’ils soient du service actif ou de la réserve, connaît une hausse dramatique depuis le début de la guerre contre le Hamas. Les symptômes de stress post-traumatique, la fatigue accumulée et la pression constante des combats sont évoqués comme des facteurs déterminants.
Face à cette urgence, le Jerusalem Institute of Justice a officiellement interpellé le nouveau président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères de la Knesset, le député Boaz Bismuth. Dans une lettre signée par le Dr Guy Akoka, l’ONG demande la convocation immédiate d’une réunion d’urgence sur le sujet. “Nous assistons à une augmentation dramatique et sans précédent du nombre de suicides et de tentatives de suicides parmi les soldats en service régulier ou en réserve, liés à des symptômes de post-trauma et de détresse psychologique extrême. Nous vous demandons, en tant que président nouvellement élu de la commission, d’organiser un débat urgent dès les prochains jours”, écrit l’avocat.
La répétition de ces drames soulève une interrogation lourde : Tsahal est-elle suffisamment préparée pour affronter le défi de la santé mentale de ses soldats ? Israël a toujours placé la résilience de son armée au centre de sa survie nationale, mais la multiplication des suicides constitue une alerte majeure. Au-delà de la douleur individuelle des familles, c’est toute la société israélienne qui se retrouve confrontée à une réalité glaçante : ses protecteurs, envoyés au front, ne trouvent parfois plus la force de continuer.
L’affaire de Rehovot, avec ce jeune réserviste qui devait unir sa vie à celle de sa fiancée, incarne la fracture entre l’héroïsme exigé et le silence des souffrances intérieures. Elle impose de repenser de toute urgence les dispositifs d’accompagnement psychologique, tant pour les soldats en service que pour les réservistes, afin de prévenir d’autres tragédies. Car la guerre ne se joue pas seulement contre le Hamas, mais aussi dans les âmes de ceux qui défendent Israël.
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