À l’approche de l’Assemblée générale des Nations unies, où Paris s’apprête à reconnaître officiellement un État palestinien avec plusieurs alliés européens, les relations entre la France et Israël atteignent un point critique. Selon des révélations publiées par Le Figaro, le ministère israélien des Affaires étrangères a informé l’Élysée qu’il envisageait de fermer le consulat général de France à Jérusalem – institution installée depuis 1843 et chargée des relations avec l’Autorité palestinienne.
Une telle décision aurait des conséquences immédiates pour les 25 000 Franco-Israéliens de Jérusalem-Ouest, qui dépendent de cette structure pour leurs démarches administratives. Mais au-delà de l’aspect pratique, l’enjeu est hautement symbolique : fermer le consulat reviendrait à contester la légitimité de l’action diplomatique française à Jérusalem, et donc à sanctionner Paris pour son rôle moteur dans la reconnaissance d’un État palestinien.
Du côté français, le ton reste mesuré, mais la riposte est en préparation. Paris se garde de l’annoncer publiquement pour ne pas aggraver la confrontation avant la tribune new-yorkaise, mais plusieurs scénarios sont déjà évoqués dans les cercles diplomatiques, allant de l’expulsion de diplomates israéliens à des mesures de rétorsion commerciales ou culturelles.
Cette escalade s’inscrit dans une dynamique plus large. Emmanuel Macron, critiqué pour sa complaisance supposée envers Israël au début de la guerre de Gaza, a opéré un tournant radical depuis un an. En première ligne aux côtés de l’Irlande et de la Norvège pour reconnaître la Palestine, il assume désormais un discours frontal, parlant même de « génocide » à Gaza. Une posture qui lui vaut les foudres de Jérusalem et de la droite israélienne, mais qui l’installe en Europe comme la voix la plus offensive sur ce dossier.
À Jérusalem, Benyamin Netanyahou joue la carte de la fermeté. Le Premier ministre, affaibli par les critiques internes sur sa gestion de la guerre et du 7 octobre, cherche à faire de la confrontation avec Paris un levier de légitimité. En se posant en rempart face à une France perçue comme partiale et hostile, il espère renforcer l’unité nationale autour de lui et détourner l’attention des divisions internes.
Ce bras de fer dépasse donc la seule question consulaire. Il cristallise deux visions du conflit : celle d’une France qui veut imposer la reconnaissance de la Palestine comme horizon politique, et celle d’un Israël qui refuse tout scénario menaçant sa sécurité en réinstallant le Hamas ou d’autres groupes terroristes à ses frontières.
À l’ONU, ce duel pourrait se transformer en véritable affrontement diplomatique. La reconnaissance palestinienne, portée par Paris, marquerait une rupture stratégique dans le camp occidental, alors que Washington reste réticent. Israël, de son côté, pourrait répliquer par une série de mesures de rétorsion contre les intérêts français, ouvrant une crise bilatérale d’une intensité inédite depuis l’établissement des relations diplomatiques.
Une certitude s’impose déjà : à l’heure où la guerre à Gaza redessine les équilibres régionaux, la fracture franco-israélienne devient un marqueur fort de la recomposition internationale. Entre Paris et Jérusalem, la confrontation est désormais frontale – et la marge de compromis s’amenuise chaque jour.
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